Jusqu’à la conquête romaine (-58 à -51), ce nom ne recouvre aucune notion d’unité politique ou territoriale, mais plutôt une aire culturelle et peut-être économique à l’intérieur de laquelle de fortes disparités devaient toutefois exister, ainsi que le prouve l’archéologie. A contrario, la Celtique désigne - pour les archéologues - l’ensemble des territoires peuplés par les Celtes au deuxième Âge du fer dépassant le cadre de la seule Gaule.
De même le nom « Gaulois », désignant les habitants de ce territoire, couvre de nombreux peuples et une multitude d'entités ethnoculturelles jusqu'à la conquête romaine.
1. Le territoire
Les territoires de la future Gaule étaient englobés dans un vaste ensemble continental s'étendant de l'Atlantique jusqu'au Danube et nommé « Celtique » par les premiers témoignages écrits dont nous disposons : ceux des Grecs (notamment Aristote, élève d'Isocrate et de Platon, -384 à -332 ).
Le nom « Gaulois » (latin galli) est attesté, quant à lui, pour la première fois sous la plume de Caton l’Ancien vers -168, pour désigner les habitants de la Celtique qui avaient envahi la plaine du Pô, c’est-à-dire les habitants de la Gaule cisalpine. On sait principalement grâce à l’étymologie qu’il s’agissait bien de peuples nord-alpins.
Au milieu du premier siècle avant notre ère, selon Jules César, la Gaule était divisée en trois parties : la Celtique, l'Aquitaine et la Belgique (cf. carte). Il est probable que ce découpage schématique correspondait pour une part à des différences culturelles observables par un étranger (ce que mentionne César et qui est confirmé dans le cas de la Belgique) et d'autre part à des considérations géopolitiques propres au conquérant romain (comme la nécessité de délimiter le territoire à conquérir). Néanmoins, l'absence d'autres sources précises donne encore lieu à de nombreuses conjectures sur la nature exacte de ce découpage.
Si la Gaule proprement dite apparaît sous la plume des Romains, elle trouve aussi sa définition à travers l'histoire de sa conquête par ces derniers.
Schématiquement, la conquête romaine de la Gaule fut réalisée en trois phases :
- la conquête de la Gaule cisalpine, comprenant la plaine cispadane et la transpadane (fin du IIIe siècle avant l’ère chrétienne), bientôt nommée « Gaule en toge » (gallia togata);
- la conquête de la « Gaule en braies » (gallia bracata, ainsi nommée par opposition à la Gaule cisalpine), c’est-à-dire le sud-est de la France et la vallée du Rhône (dernier tiers du IIe siècle avant l’ère chrétienne);
- enfin, la conquête de la « Gaule chevelue » (gallia comata), c’est-à-dire du reste de la France, de la Belgique et des territoires situés entre les Pyrénées et le Rhin (milieu du Ier siècle avant l’ère chrétienne).
La Cisalpine, intégrée à l’Italie sous la République, devint une extension de Rome, tandis que la Narbonnaise constitua la première « province » romaine située hors d’Italie (le nom latin provincia a donné le français actuel « Provence »).
Les noms « Gaule » et « Gaulois » restèrent quant à eux en usage pour désigner les provinces romaines s’étendant sur le reste de ces territoires (France et Belgique actuelles) et leurs habitants de culture gallo-romaine (que l’archéologie et l’historiographie désignent également sous le néologisme Gallo-romains).
En -12, Auguste instaura la première « institution » supra-provinciale de l’Empire avec le « conseil des trois Gaules » (concilium trium Galliarum) réunissant chaque année les représentants des cités de la Lyonnaise, de l’Aquitaine et de la Belgique à Lyon pour célébrer le culte impérial. Il est probable que ce geste ne faisait que confirmer les liens anciens qui existaient entre les habitants de ces territoires. Ce sont ces liens, tissés de proche en proche, qui peuvent expliquer en définitive le caractère unitaire que laisse entrevoir, au-delà des disparités, la description de la Gaule par César près d’un demi-siècle avant.
2. Les habitants
Article détaillé : Gaulois
À l'origine, les Celtes, ou encore leurs prédécesseurs ont pu peupler l'Europe centrale. Vers -500, ils auraient commencé à émigrer vers le nord-ouest pour constituer, deux cents ans plus tard, une partie importante de la population des différentes régions de la Gaule. Enfin, ils auraient commencé d'importantes migrations vers l'Italie et vers l'est de l'Europe à la fin du Ve siècle.
À l'époque de la conquête par Rome de la Gaule chevelue, si les territoires des Celtes s'étaient considérablement réduits, ces derniers conservaient néanmoins des liens entre eux de la Bohême jusqu'à l'île de Bretagne, comme l'indique la présence de témoignages archéologiques danubiens parmi les guerriers de Vercingétorix ou encore, les liens importants entre les peuples belges du nord de la Gaule et ceux de la Tamise.
Ces liens peuvent s'expliquer, dans le cas de la Gaule, par l'existence d'un réseau de « clientèles » qui tenait de proche en proche certaines tribus, certains peuples dans la dépendance d'autres, plus riches ou plus nombreux et disposant éventuellement d'un territoire plus étendu. L'existence de « fédérations » de peuples est attestée dans l'ensemble du domaine celtique : parmi les peuples transpadans de la Gaule cisalpine au IIIe siècle avant notre ère, dans le midi de la Gaule au IIe siècle avant notre ère (les Salyens) ou encore en Gaule chevelue avant la guerre des Gaules (Avernes, Éduens et Séquanes).
Pour expliquer l'aire géographique de la culture matérielle laténienne dans son intégralité, même à l'échelle de la Gaule, ce schéma est toutefois insuffisant et il faut écarter la question du peuplement.
La thèse d'une invasion celtique qui aurait placé sous sa coupe les populations indigènes, telles que les Ligures mentionnés par les premières sources grecques, n'a plus cours aujourd'hui. Il est en effet très difficile d'associer les changements sociaux et techniques qui caractérisent la naissance de la civilisation celtique de La Tène à des changements ethniques.
Aussi, il est bien plus probable que le peuplement de la Gaule fût, pour la majorité, hérité des brassages millénaires des peuples durant la Préhistoire et que la culture laténienne se diffusa progressivement, par apports successifs depuis un berceau ou « complexe » nord-alpin (voir Hallstatt).
Parallèlement, d'autres apports culturels purent se diffuser à partir des régions atlantiques.
Les cultures mégalithiques de la façade atlantique (Irlande, Pays-de-Galles, côte armoricaine), notamment, attestent l’existence de liens culturels et économiques entre ces régions depuis la préhistoire. Comme le relève B. Cunliffe (Les Celtes, Paris, 1996), des mégalithes furent d’ailleurs réemployés durant la période gauloise, comme en témoignent des motifs celtiques présents sur nombre d’entre eux. Enfin, d’autres mégalithes devaient avoir conservé un caractère sacré durant au début de la période chrétienne, comme en témoignent les croix dont ils furent alors surmontés.
Parmi ces apports éventuels à la « civilisation » gauloise, Jules César, dans son commentaire sur la guerre des Gaules mentionne que le druidisme venait de Grande-Bretagne. Rien ne peut confirmer ou infirmer cette affirmation.
En définitive, des nombreux peuples ou fédérations de peuples présents en Gaule à la veille de la conquête romaine, il reste des contours de « frontières », dont l'existence fait cependant débat (les limites des terroirs du haut Moyen Âge, sans doute antérieures à la période celtique pour la plupart) et un « substrat » linguistique longtemps sous-évalué. L'étymologie, enfin, a conservé le nom de populations gauloises, nom qui désigne encore les habitants de régions et de villes françaises actuelles : par exemple, les Allobroges sont les habitants de Grenoble ou les Auvergnats, les habitants de l'Auvergne qui couvre le territoire arverne (nord de la haute-Loire, Puy-de-Dôme et haut-Allier).
Articles complémentaires : Celtes, peuple gaulois
3. La langue
La majorité des habitants de la Gaule protohistorique parlaient certainement le gaulois, décliné en plusieurs dialectes, et devaient se comprendre : Jules César mentionne cependant qu'à son époque les trois parties de la Gaule se distinguaient non seulement par les coutumes et par les mœurs, mais aussi par la « langue ».
Le gaulois est une langue aujourd'hui disparue du groupe celtique de la famille des langues indo-européennes, proche du gallois actuel.
Article détaillé : Gaulois (langue)
4. Continuité et ruptures
Il est aujourd'hui admis que la Gaule « romaine » ne fut romaine que dans certains domaines, certes majeurs.
Les changements apportés par le conquérant ont longtemps éclipsé toute idée d'une permanence de certains traits : d'abord, le syncrétisme religieux romain et l'interdiction du druidisme entraînèrent assurément la disparition d'une religion celtique dont on ne peut que deviner les contours, grâce à l'archéologie, d'une part, et par comparaison avec quelques survivances gallo-romaines, d'autre part.
Les cadres du pouvoir – l'administration romaine –, l'économie, l'art, notamment monumental, et la culture littéraire latine, aussi, s'imposèrent, peut-être d'autant plus facilement que rien de préexistant ne pouvait les concurrencer.
Après la conquête romaine de la Gaule, achevée en -51, la romanisation fut rapide chez les élites. On ignore cependant quelle fut sa progression exacte et sa profondeur en ce qui concerne le peuple. Elle dut en tout cas demeurer inégale, voire limitée dans nombre de domaines ayant trait à la vie quotidienne, comme l'indiquent plusieurs exemples.
Le réemploi du site du sanctuaire celtique de Gournay-sur-Aronde, en Belgique, ou encore les ex-voto des sources de la Seine, montrent comme nombre d’autres lieux sacrés pour les Gaulois de la période de l’indépendance que les lieux de culte romains prolongèrent des usages anciens (voir nemeton).
Lorsqu’une certaine « barbarisation » de l’Empire eut lieu au IIIe siècle, des traits de civilisation qui étaient demeurés en vigueur depuis la période de l’indépendance s’introduisirent à leur tour dans la culture impériale : le manteau gaulois qui donna son surnom à l’Empereur Caracalla n’avait pu être remplacé par le mode de vie du conquérant romain. Dans nombre de domaines ayant trait à l’artisanat, où les Gaulois excellaient, leurs inventions s’imposèrent : c’est le cas, notamment, du tonneau qui s’imposa face à l’amphore plus fragile et de moindre contenance. C’est également le cas de la cotte de mailles pour l’armée.
Un héritage gaulois perdura aussi probablement dans la langue parlée : au Ve siècle, une graphie et une prononciation gauloises du latin, au caractère archaïque, sont attestées chez plusieurs auteurs de poésie ou transcripteurs de farces populaires (sources de l’Histoire de France, éd. Les Belles lettres, Paris).
Certains traits caractéristiques de la Gaule antique perdurèrent après l'Empire romain.
Lorsque la civilisation romaine classique s'effondra, la Gaule ne se « germanisa » que lentement et partiellement. La présence de toponymes germaniques est d'abord attestée sur ses franges, due au repeuplement, souvent à but défensif et organisé assez tôt par Rome, de régions sinistrées par les crises et par les épidémies. De tels établissements durables de colons « barbares » (les lètes) eurent d'ailleurs lieu dans le reste de l'Empire tout au long du Ve siècle.
La date symbolique de la disparition de l'Empire romain d'occident en 476 et celle du baptème du roi des Francs Clovis, vers 486, ne marquèrent pas non plus, à cet égard, de rupture : ces événements eurent lieu à une époque où Francs, Burgondes et Wisigoths avaient fait « souche » et détenaient depuis longtemps déjà le monopole des affaires militaires.
Aussi, les familles de l’aristocratie gallo-romaine continuèrent longtemps à concentrer l’essentiel du véritable pouvoir politique dans les cités épiscopales : les « patrices », comme le marseillais Mauronitus, ou les évêques, comme l’auvergnat Grégoire de Tours, étaient les véritables représentants des populations. Ainsi, la culture nouvelle qui se développa en Gaule après la période impériale fut avant tout chrétienne et à plusieurs égards augustinienne.
Plus généralement, les permanences observables dans le cadre de vie de l'Antiquité tardive jusqu'au VIIe siècle furent nombreuses en Gaule : c'est surtout à partir du milieu du VIIe siècle, temps de crise, que les patronymes germaniques se multiplièrent au sein des élites, indiquant par là que le centre de gravité de l'Europe s'était déplacé vers le nord et que les équilibres du monde antique s'étaient rompus.
En définitive, si la culture latine classique recula, le latin continua à constituer la langue de la culture et surtout, celle exclusive de l'écrit (le premier document écrit en langue vernaculaire étant les serments de Strasbourg, datés de 842).
Aussi, l’usage des noms « Gaule » et « Gaulois » se conserva jusqu’à la fin de la période mérovingienne, du moins à l’écrit. Ce n’est que lentement, durant la période carolingienne, que le nom de « Francie » (Francia, puis francia occidentalis se répandit pour désigner la réalité politique majeure qu’était devenu le royaume des Francs (regnum francorum). Mais ce nom ne désignait qu’incidemment les territoires correspondant à l’ancienne Gaule romaine, désormais rattachés à un ensemble plus vaste.
C'est également la « renaissance carolingienne » qui posa les fondations d'une culture véritablement nouvelle. Cette « renaissance » voulait pourtant, à l'origine, restaurer la culture romaine antique et impériale.
5. Quelques lieux célèbres de la Gaule
Gaule préromaine :
- Massilia (Marseille)
- Alésia (Alise-Sainte-Reine)
- Bibracte (Mont Beuvray)
- Gergovie (Clermont-Ferrand)
Gaule romaine :
- Burdigala (Bordeaux)
- Condate (Rennes)
- Lugdunum (Lyon)
- Lutèce (Paris)
6. Liens
6.1. Liens internes
- Gaule romaine, Gaule cisalpine, Gaule transalpine, Gaule chevelue, Gaule belgique, Gaule aquitaine, Gaule lyonnaise
- Celtes, Gaulois, Peuple gaulois, Religion gauloise, Guerre des Gaules, De Bello Gallico
6.2. Liens externes
- Galliae Antiquae descriptio geographica de Nicolas Sanson (1642) (carte ancienne de la Gaule sur le site Gallica de la B.N.F.)
Important !
Ce document contient des informations provenant à l'origine de l'encyclopédie collaborative Wikipédia. Même s'il a fait l'objet d'une validation rapide et s'il a pu être corrigé depuis, toutes les informations qu'il contient n'ont pu être vérifiées, aussi nous vous recommandons la consultation d'autres sources avant de l'utiliser.
Vous pouvez en consulter la dernière version à l’adresse https://libresavoir.org/index.php?title=Gaule.
Vous avez la permission de copier, distribuer et/ou modifier ce document selon les termes de la « Licence de documentation libre GNU », dans sa version 1.2 ou plus récente publiée par la Free Software Foundation ; sans sections inaltérables, sans texte de première page de couverture et sans texte de dernière page de couverture.
Copyright (c) les auteurs sur Libre Savoir.
Thème:Monde celtique
par catégories
par mots-clés
par dates d'ajout et de modification
Index alphabétique
Partagez vos connaissances !
Pour publier durablement et librement sur Internet, contactez-nous.
AURORAE LIBRI : livres anciens, textes rares & illustrés modernes
VINTAGE-ERA : informatique vintage, retro gaming, jeux de rôles et imprimés des années 1970-2000
Libre Savoir a 17 ans.
Suivez-nous : RSS Twitter
© 2000-2016, AURORÆ Solutions, tous droits réservés. – site animé avec notre logiciel C3IMS.