2.1. Histoire
2.2. Transcription / translittération
2.3. Liste des graphèmes
2.4. Difficultés d'interprétation
1. Attestations
Cet alphabet a été principalement utilisé au VIe siècle de notre ère dans deux manuscrits postérieurs à Wulfila (qui a vécu à la fin du IVe siècle), le Codex Ambrosianus et le Codex Argenteus. D’autres documents l’attestent, profanes et sacrés, et les derniers textes sont datés du IXe siècle (à une époque où la langue n’était vraisemblablement plus parlée). L’alphabet gotique n’a pas été la seule écriture possible de cette langue : on trouve aussi quelques inscriptions en runes germaniques.
On trouvera plus de détails dans l'article principal.
2. Lettres
2.1. Histoire
L’alphabet gotique est principalement une adaptation de l’alphabet grec (dans sa graphie onciale) assorti de trois caractères de l’onciale latine ainsi que cinq empruntés aux runes germaniques (d’après une interprétation courante). Chaque lettre possède une valeur numérale par imitation de la numération grecque et deux d’entre elles n’ont pas d’autre fonction. L’article Numération gotique décrit le fonctionnement de cette numération. Ernst Ebbinghaus (cf. bibliographie) repère deux moutures de l’alphabet (type en S et type en Σ), selon la forme de la lettre pour s et l’utilisation de la suspension nasale (pratique consistant à remplacer les consonnes nasales finales par un signe abréviatif).
2.2. Transcription / translittération
On le translittère dans les ouvrages scientifiques et didactiques au moyen d’une partie de la transcription des germanistes (c’est-à-dire ici l’alphabet latin augmenté de deux signes spéciaux, parmi lesquels la ligature, ƕ (h+v) et la lettre thorn, þ, empruntée au vieil anglais ; la notation de Wulfila étant souvent ambiguë (un même digramme ai pouvant, par exemple, noter [ai], [ɛ] ou [ɛ̄]), la transcription a recours à des diacritiques pour lever les difficultés de lecture.
On consultera Phonologie du gotique pour des précisions sur la prononciation de la langue.
2.3. Liste des graphèmes
On a représenté ici le type en S de l’alphabet.
Notes :
- les lignes sont dans l’ordre suivant : gotique, translitt(ération), val(eur) num(érale) et étymon ;
- l'étymon indiqué donne la lettre grecque (dans sa graphie onciale) à l'origine de la lettre gotique. Celles qui sont héritées des runes germaniques sont sur un fond bleu, celles qui sont empruntées au latin sur un fond mauve.
2.4. Difficultés d'interprétation
Les étymons proposés ne sont que des conjectures représentant l'interprétation courante de l'origine des lettres gotiques : en effet, plusieurs possibililtés existent quant à l'origine de certaines, comme , qui pourrait aussi provenir des runes, d'autant plus que ces mêmes runes sont en partie bâties sur l'alphabet latin.
L’origine de la lettre soulève des problèmes d’interprétation. On peut la faire remonter au koppa grec dans sa graphie onciale,
, ce qui n’est pas sans soulever un paradoxe : le signe numéral
provenant clairement du koppa oncial, on voit mal comment deux tracés différents auraient pu naître d’un seul et même étymon. La solution la plus efficace semble être de faire dériver la lettre du stigma dans sa graphie onciale
(actuellement Ϛ), (qui a remplacé le digamma), dont le tracé est très proche du koppa oncial et qui expliquerait la similitude frappante entre la lettre
et le signe
. Les deux auraient évolué en suivant les mêmes simplifications (consulter l’article sur la numération gotique pour plus de détails sur le signe pour 90). Dans ce cas, Wulfila n’a pas utilisé la lettre en respectant une quelconque valeur phonétique puisque le Ϛ note /st/ (et remplace un ancien digamma valant /w/) mais s’est servi d’un emplacement disponible dans l’alphabet grec numéral (stigma étant une ligature abréviative et non une lettre) lui permettant d’ajouter une lettre pleine dont la prononciation était inconnue du grec byzantin tout en conservant sa valeur numérale. La lettre latine Q onciale pourrait aussi être à l’origine de cette lettre, mais cette hypothèse est bien moins probante.
D’autre part, les signes pour 90 () et 900 (
) sont bien issus du grec : ce sont les avatars des lettres archaïques grecques koppa et sampi conservées dans la numération grecque, lettres qui, ayant perdu leur statut de caractères littéraux, se sont déformés pendant l’époque byzantine, au point que de Ϙ l’on est arrivé la forme actuelle Ϟ en passant par
, qui donne
et que de
l’on est arrivé à Ϡ, via une graphie
(en fait, le passage d’une graphie à l’autre est plus complexe) qui explique la lettre gotique
.
Certains spécialistes, dont Ernst Hebbinghaus (cf. bibliographie), considèrent qu’on peut faire dériver toutes les lettres de l’onciale grecque. Si cette hypothèse peut se vérifier pour , que l’on fait dériver traditionnellement de la rune ᚦ mais qu’on pourrait interpréter comme l’adaptation de
(dérivation possible phonétiquement puisque en grec byzantin θ se prononçait [θ], comme
), c’est moins évident avec d’autres lettres. Par exemple,
peut difficilement remonter au oméga grec, tracé à l’époque
et non Ω (graphie qui, pour le coup, pourrait être satisfaisante. D’autres difficultés sont soulevées avec
, qu’il semblerait bien plus simple de faire remonter à un F latin qu’à la rune ᚠ ou au grec
.
3. Autres signes
L’alphabet gotique est unicaméral (il ne fait pas la différence entre capitales et minuscules) et s’écrit en scriptio continua, c’est-à-dire que tous les mots sont attachés, sans espace entre eux.
On place dans les manuscrits un tréma sur le i quand la lettre est à l’initiale du mot, à l’initiale d’une syllabe après voyelle (pour la distinguer d’une diphtongue, vraie ou fausse et indiquer que le i n’appartient pas à la syllabe précédente) : ïk (« je », cf. allemand ich), gaïddja (ga-iddja ; « je suis passé », prétérit de ga-gaggan).
La ligne suscrite indique des abréviations : gþ̅ représente guþ (« Dieu », cf. anglais God).
Quant aux ponctuations, les manuscrits utilisent le point médian « · » et le deux-points « : » comme indicateurs de pauses. Parfois, l'espace joue ce rôle. Lorsque les lettres sont utilisées comme symboles numéraux, elles sont entourées de points médians ou bien surlignées et/ou soulignées.
L’alphabet gotique est maintenant inclus dans le plan multilingue supplémentaire d’Unicode, des emplacements U+10330 à U+1034F.
D'autre part, quelques inscriptions seraient rédigées au moyen des runes germaniques.
4. Exemple de texte en gotique
Voici, à titre d'exemple, les versets 1 et 2 du chapitre 18 de l'Évangile selon Jean en Gotique :
La translittération suivante, dans laquelle on a ajouté la ponctuation, peut mal s'afficher sur votre navigateur si les caractères requis ne sont pas installés sur votre système :
- Þata qiþands Iesus usiddja miþ
- siponjam seinaim ufar rinnon þo
- Kaidron, þarei was aurtigards, in
- þanei galaiþ Iesus jah siponjos is
- wissuh þan jah Iudas sa galewjands ina
- þana stad, þatei ufta gaïddja Iesus jainar
- miþ siponjam seinaim.
La traduction en est :
- « Quand Jésus eut dit cela, il sortit avec ses disciples sur les bords du Kédron, là où il y avait un jardin dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le trahissait, connaissait ce lieu parce que Jésus et ses disciples s'y réunissaient souvent. »
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