1. Analyse
A la fin des années 60, le cinéma américain entame une mue décisive. D’une part, aux figures emblématiques du séducteur, homme grand et viril, comme John Wayne, Gary Cooper, Cary Grant, ou encore James Stewart, succèdent de nouveaux venus qui, par leur physique banal, ressemblent à M. Tout le monde , tels Dustin Hoffman, Al Pacino, Jack Nicholson ou encore De Niro. D’autre part, les thèmes abordés dans les films se caractérisent par une remise en question des certitudes de l’American Way of life : on songe, par exemple, à Little big Man [1] (Arthur Penn, 1970) sur les guerres contre les Indiens, à M.A.S.H. (Robert Altman, 1970) sur la guerre du Vietnam, à Délivrance [2] (John Boorman, 1972) sur le retour à la nature, ou encore à Vol au-dessus d’un nid de coucou [3] (Forman, 1975) sur l’oppression que fait peser la société sur les déviants.
Une « éducation sentimentale » douloureuse
De son côté, Le Lauréat de Mike Nichols traite de la question essentielle qui se pose à tout jeune homme à l’orée de la vie : quel est le sens de l’existence et que faire de la sienne ? (1) Mais il le fait, de la plus agréable et distrayante des façons, sous la forme d’une comédie juvénile à la fois grave et, surtout, humoristique traitant de la découverte du sexe opposé par un jeune homme encore naïf et sans expérience.
En toute cohérence, Mike Nichols, avant de suggérer une éventuelle réponse à cette interrogation fondamentale, commence son film par une évocation désopilante de ce que la vie ne doit pas être, c'est-à-dire une soumission à l'ordre établi des adultes incarné en premier lieu par les parents et leurs proches amis. Le film porte, dès l'entame, un regard rafraîchissant sur le fossé infranchissable qui sépare la jeunesse du monde des adultes : véracité, spontanéité, pureté, innocence et naïveté, d'un côté ; rouerie, calcul, hypocrisie, expérience et conventions, de l'autre. Le personnage de Benjamin incarne la difficulté d'entrer dans ce second univers sans perdre les qualités du premier. Le film décrit, chronologiquement, les trois étapes du cheminement erratique de Benjamin sur la voie de l'éducation sexuelle puis sentimentale : d'abord indécis et mal à l'aise face à cet avenir d'adulte et au sens à donner à sa vie ; puis tenté d'imiter ce qui lui est proposé, à savoir une caricature des relations entre un homme et une femme réduites au sexe ; enfin, décidé à conquérir un futur qui puisse lui convenir en faisant de l'amour le but de son existence.
Cette structure commence par faire du film une sorte de huis clos immobile qui se transforme en un mouvement circulaire en forme de valse hésitation avant qu'il ne devienne mouvement et allant irrésistibles au cours de la dernière demi heure.
L’entame du film brosse, en effet, le portrait d’un Benjamin désorienté et préoccupé par le changement qui doit s’opérer dans sa vie et qu’il ne semble pas prêt à opérer. Il est alors filmé dans le décor de son domicile entouré, voire étouffé, par ses parents et amis de la famille qui le considèrent comme un enfant à flatter et à influencer. Mike Nichols rend cette incapacité à décider en réduisant l’espace dans lequel Benjamin est et subit, plutôt qu’il n’agit : il le filme tantôt dans l’univers clos de sa chambre, tantôt immergé sous l’eau de la piscine, tantôt encore entouré de près par les gros plans de visages. De plus, il illustre symboliquement les séquences par la chanson The Sound of Silence (2) Cette première partie couvre les dix premières minutes.
Ce quasi immobilisme des premières séquences cède la place à un début de mouvement limité à trois lieux devenus centres d'intérêt pour un Benjamin qui doit faire face à l'intrusion de la vie, forcé qu'il est de sortir de sa solitude et d'affronter la vie réelle qu'incarne une Mme Robinson en maîtresse initiatrice. Désormais, sa vie se partage entre le domicile de ses parents, celui des Robinson et, point névralgique, l'Hôtel Taft. Ces va-et-vient traduisent avec bonheur la valse hésitation d'un jeune homme désorienté en ce qu'il est tiraillé entre les valeurs morales qui lui ont été inculquées et l'épreuve de la tentation sexuelle/l'apprentissage sexuel nuancé 'un manque d'expérience qui, tout à la fois et de façon contradictoire, l'intimide et le pousse en avant. Cette partie occupe environ quarante cinq minutes qui font assister à la mue décisive de Benjamin.
Enfin vient la rencontre avec cette Elaine – à plusieurs reprises évoquée – à peu près à la moitié du film (56ème mn).
Le conflit des générations
Les parents et leurs amis, dans le film, sont, à l'évidence, plus ridicules que méchants et Mike Nichols les caricature joyeusement : tour à tour trop aimants, trop directifs ou trop suspicieux, ils sont dans l'exagération constante et l'on sait peu de choses d'eux.
Le cas de Mme Robinson est, en revanche, différent. Benjamin, dans son désir de communiquer avec elle, las de se contenter des relations sexuelles, parvient à cerner le personnage qui apparaît alors comme la victime d'une époque – celle d'avant la libération féminine par la pilule et l'avortement. Se retrouvant enceinte, elle a dû se marier sans amour avec son partenaire-procréateur, M. Robinson, renoncer à ses études et gâcher sa vie - comme le découvre Benjamin, elle ne s'intéresse pas à l'Art, alors qu'elle était étudiante en Beaux-Arts ! Ainsi a-t-elle manqué sa vie dans la mesure où elle ne l'a point choisie, mais subie.
Benjamin est donc son exact contre-exemple puisqu’il est soucieux de choisir un avenir qui lui convienne. Leur « couple » est ainsi symbolique et explique, lorsqu’elle le voit avec Elaine, la haine, que voue à Benjamin Mme Robinson, sans doute à la fois inquiète pour sa fille et jalouse d’être rejetée. Cette difficulté de communiquer entre les générations et l’oppression par les parents - nonobstant leur désir de vouloir le bien de leur enfant - se retrouvent lors de l’épisode du logeur de Benjamin à Berkeley (3). Soupçonneux, il incarne l’Américain moyen des années 1970 face à la contestation menée par les étudiants contre la guerre du Vietnam et, plus généralement, contre les injustices de leur société. Toujours aux aguets, il ne cesse de surveiller Benjamin, de le menacer d’appeler la police et de vouloir le renvoyer. La religion qui fait partie de l’institution sociale est, elle aussi, malmenée lorsque Benjamin s’empare du crucifix comme d’une arme pour tenir à distance la famille à l’issue du mariage et entraver leur sortie de l’église.
Une « fin heureuse » ?
On notera, d'abord, que la dernière demi-heure, véritable point d'orgue du film, met en scène une sorte de valse-hésitation d'Elaine dans son rapport avec Benjamin jusqu'à ce qu'elle prenne sa décision en lui laissant un mot de rupture. Dès lors, le réalisateur met l'accent sur l'urgence et la hâte pour éviter l'événement tragique – aux yeux de Benjamin – qui amènerait au mariage d'Elaine avec son ami Carl Smith : c'est en premier lieu la précipitation qui pousse Benjamin à ce parcours en forme d'aller-retour nocturne de Berkeley au domicile des Robinson et inversement ; puis la panne d'essence qui l'oblige à parcourir les derniers kilomètres jusqu'à l'église ; après quoi la vision du mariage consommé entraîne la fuite mouvementée des deux amoureux ; c'est, enfin, sous les regards médusés des passagers, leur installation insolite dans un bus qui devient leur voiture de mariage.
Cette accélération terminale peut être perçue – dans le droit fil du propos du film - comme le rejet de tout ce qui ne relève pas du sentiment et de l'émotion vrais, qu'il s'agisse des parents d'Elaine et des invités, mais, plus généralement, des conventions sociales, y compris de ce que représente la cérémonie religieuse du mariage. On notera que Benjamin « arrache » Elaine à sa famille, à son mari et aux invités et leur « enlève ».La croix sacrée qu'empoigne aussitôt Benjamin devient dans ses mains une arme qui les protège, Elaine et lui, de personnes déconsidérées – Mme et M. Robinson et Carl Smith sont filmés à travers leurs seules grimaces et gesticulations muettes. Mieux, cette croix lui sert à bloquer la porte et permet leur fuite ! Loin de filmer une séquence seulement sacrilège, le réalisateur tient sans doute à mettre ainsi en image l'idée selon laquelle la religion retrouve son sens originel d'institution au service de l'amour et de la vérité, loin de toute hypocrisie.
Pourtant, assis à l'arrière du bus, Benjamin et Elaine, d'abord amusés de leur propre audace, arborent finalement un visage grave et, après un bref regard interrogateur d'Elaine vers Benjamin, ne se regardent plus. La séquence finale – toute en lucidité - filme l'arrière du bus, et les deux jeunes gens vus de l'extérieur et de dos, ce qui est une façon de les rendre anonymes. Le propos est clair : le plus facile est fait et, désormais, Elaine et Benjamin, dans une intimité qui échappe au spectateur, sont en route vers un chemin de vie qu'ils ont à inventer. Le plus difficile commence pour eux... Il s'agit donc d'une « fin heureuse », certes, mais à nuancer...
Une mise en scène inventive
La réalisation de Mike Nichols ne se contente pas de mettre des images sur son récit, mais excelle à suggérer – visuellement - le propos qui est le sien. Les exemples sont multiples et jalonnent le film. Qu'il s'agisse de la composition des plans, de leur enchaînement ou de celui des séquences, rien n'est filmé de façon banale mais toujours d'une manière inventive. En voici un florilège illustré et commenté des meilleurs exemples.
Des plans signifiants :
1 - Quand il se réfugie dans sa chambre, porte refermée il est filmé à côté de la cible de son jeu de fléchettes : une manière visuelle de dire combien il se sent la cible/aussitôt après il se dirige vers le fenêtre et voit, en contre plongée, les invités au bord de la piscine comme à travers la vitre comme s’il regardait un aquarium et il se place ensuite à côté de l’aquarium et il est filmé et vu à travers l’aquarium. Cf. le hublot lorsqu’il s’approche de la piscine avant d’y descendre : les parents et invités sont comme des caricatures et l’on entend la respiration et l’on voit des bulles d’air – comme si Ben étouffait tel un poisson enfermé dans l’aquarium, scruté par les autres et privé de l’oxygène de l’intimité et de la liberté.
2 - Chez les Robinson, Ben est filmé en plongée et Mme Robinson montrée en contre plongée, une façon de « dire » combien il est inexpérimenté face à l'expérience de Mme Robinson qui se joue de lui.
3 - Ben est montré, flottant sur son matelas pneumatique, entouré par ses parents qui nagentr ses parents qui nagent autour de lui à tour de rôle en un ballet circulaire propre à traduire l'oppressante sollicitude dont il est l'objet de leur part : en l'occurrence, ils le harcèlent pour qu'il donne rendez-vous à Elaine.
4 - Ben est chassé par Elaine qui vient d’apprendre la vérité. Dans le couloir, il croise Mme Robinson. Un travelling arrière la montre en entier, ruisselante, habillée de noir, se tenant dans un renfoncement du mur, telle une araignée, veuve noire du Malheur...
5 - Après la rupture avec Elaine, Ben est, de nouveau, filmé devant l'aquarium ou observant son père nettoyant la piscine à travers la vitre : le retour de l'aquarium et regard à travers la fenêtre signifient que Benjamin, la parenthèse Mme Robinson refermée et l'espoir Elaine anéanti, est de nouveau dans l'incertitude du lendemain.
6 – Benjamin, au zoo, voit Elaine s'en aller avec son ami. Il regarde alors les singes et voit successivement un couple de singes se bercer tendrement (ce qu'il souhaiterait vivre) puis un autre solitaire dans un coin de la cage (ce qu'il vit en fait).
7 - Lors du mariage d'Elaine, Benjamin est filmé les bras dressés – comme s'il était crucifié – quand il crie le nom d'Elaine qui vient de se marier. La caméra va du visage en gros plan d'Elaine à Benjamin en position de crucifié. Dès qu'Elaine lui répond en criant à son tour son prénom, ce dernier perd aussitôt sa position christique : comme si Benjamin le Christ venait de ressusciter !
Des enchaînements révélateurs :
1 - La piscine sous l'eau = étouffement/en surimpression la voix qui appelle Mme Robinson=échappatoire qui démontre que l'aventure à venir n'est rien d'autre qu'une façon de se libérer de l'atmosphère étouffante des parents pour voir autre chose. La preuve elle n'est jamais appelée que Mme Robinson (preuve d'un respect peu compatible avec les relations intimes qui sont les leurs)
2 - Lorsque M. Robinson conseille à Ben de se laisser aller et de prendre la vie comme elle « vient », s'inscrit aussitôt, ironiquement, dans la profondeur du champ la silhouette de sa femme qui « vient » vers eux ! Immédiatement après, il lui conseille d'appeler sa fille Elaine qui revient samedi. L'humour
3 - Ben est filmé allongé sur le matelas pneumatique dans la piscine, le quitte, entre dans sa maison et s'allonge sur son lit qui est, en fait, celui de l'hôtel, aussitôt rejoint par Mme Robinson. Un autre exemple de ce procédé : Ben s'extrait d'un sous l'eau pour se hisser sur le matelas pneumatique et son mouvement s'achève sur le corps de Mme Robinson allongée sur le lit de la chambre.
4 - Lors de la période où il vit entre la piscine et la chambre d'hôtel le film montre un Benjamin dévêtu mais les gros plans de son visage montrent assez son absence et sa tristesse, une façon toute cinématographique pour « dire » que cette joie du corps ne satisfait pas un Benjamin préoccupé par un autre idéal de vie qui satisferait également son coeur et son esprit ! De même, lorsqu'il demande à Mme Robinson de parler, elle refuse et éteint la lumière : l'obscurité qui suit symbolise parfaitement ce silence de l'esprit et la noirceur de son hypocrisie face aux parents de Ben. Et les nombreuses questions de Ben pour établir un véritable échange (sur ses goûts, sur son mari, sur son passé) qui suit est filmé dans un noir bien représentatif de l'incommunicabilité qui règne entre eux.
5 - Entrée et sortie du tunnel se succèdent lors de son trajet haletant vers San Barbara et sonnent comme la mise en images des états d'âme de Benjamin : l'entrée noire du tunnel comme son désespoir et la sortie lumineuse comme un espoir, malgré tout.
Un jeu des comédiens adapté au sens du film :
Mike Nicchols n'hésite pas à filmer ses comédiens comme s'il s'agissait de simples marionnettes : c'est ainsi qu'il leur fait exagérer leur jeu en montrant, par une succession de gros plan, les mimiques et les gestes des invités du mariage d'Elaine au lieu de les laisser s'exprimer par des paroles. Le réalisateur les rend tous encore plus caricaturaux en ce sens qu'ils sont représentés comme des fantoches dont les mots sont dérisoires et inutiles
Une utilisation des chansons qui n’est pas un simple accompagnement musical :
Paroles et musique, voire rythme, offrent une illustration sonore destinée à offrir un complément sonore signifiant aux images.
NOTES :
(1) Cf. Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe [4]
(2) On notera que la chanson The Sound of Silence de Simon et Garfunkel est parfaitement adaptée au propos du film. En effet, son tempo traduit précisément et fidèlement ces deux étapes de la vie de Benjamin : d’abord, son indécision (la musique se fait alors éthérée : les paroles chuchotées évoquent explicitement le silence et le son est comme suspendu et discrètement souligné d’un arpège), puis son entrée tonitruante dans la vie lorsqu’il cède, malgré lui, à la tentation incarnée par Mme Robinson, avant de trouver enthousiasme et sincérité auprès d’Elaine (la musique se fait alors entraînante et devient rythmée comme en écho à une joie de vivre enfin trouvée.) Plus généralement, le texte de la chanson dénonce le silence qui isole, rend malade (« le silence est un cancer »), celui dans lequel est enfermé Benjamin, jeune homme contraint de se cloîtrer pour se protéger d’un environnement adulte, conventionnel et oppressant, et suggère que la vie est ailleurs. Elaine incarnera-t-elle cette échappée vers le bonheur ?...
La chanson, par ailleurs, multiplie les négations («restless/without/never/no one/do not») qui transcrivent la difficulté de communiquer et d’échanger, tout en insistant sur les mots clés que sont «darkness/silence/alone », synonymes d’un isolement et d’un enfermement dus à une incapacité (« You do not know ») à savoir entendre ou interpréter le silence (le mot « silence » est d’ailleurs mis en évidence par sa place privilégiée à la fin de chaque strophe).
En voici les paroles originales et une traduction de Liou.
The Sound of Silence / Le Son du Silence
- « Hello darkness, my old friend, / « Salut le noir, mon vieil ami
- I’vecome to talk with you again come / Me voici encore à discuter avec toi
- Because a vision softly creeping / Car une vision qui me pénètre doucement
- Left its seeds while I was sleepin / A semé ses graines durant mon sommeil
- And the vision that was planted in my brain, still remains / Et cette vision implanté dans mon cerveau demeure encore
- Within the sound of silence / Au cœur du son du silence
- In restless dreams I walked alone /Dans des rêves agités, j’arpentais solitaire
- Narrox streets of cobbleston / D’étroites rues pavées
- Neath the halo of a street lamp / Sous le halo d’un réverbère
- I turned my collar to the cold and damp / Je relevais mon col contre le froid et l’humidité
- When my eyes were stabbled by the flash of a neon light / Lorsque mes yeux furent éblouis par l’éclair d’un néon
- That split the night and touched tne sound of silence / Qui déchira la nuit et atteignit le son du silence.
- And in the naked light I saw / Et dans cette lumière pure je vis
- Ten thousand people maybe more / Dix mille personnes, plus peut-être
- People talking without speaking / Des gens qui discutaient sans parler
- People hearing without listening / Des gens qui entendaient sans écouter,
- People writing songs / Des gens qui écrivaient des chansons
- that no voices never share / Qu’aucune voix n’a jamais partagées,
- And no onedared disturb the sound of silence / Et personne n’osait déranger le son du silence.
- Fools, said I, you do not know / Pauvres fous, leur dis-je,
- Silence, like a cancer, grows / Vous ne savez pas que le silence, tel un cancer, croît.
- Hear my words that I might teach you / Entendez mes paroles, que je puisse vous apprendre,
- Take my arms that I might reach you /Prenez mes bras que je puisse vous atteindre.
- But my words, like silent, raindrops fell / Mais mes paroles tombèrent, telles des gouttes de pluie silencieuses,
- And echoed in the wells of silence / Et résonnèrent dans les puits du silence.
- And the people bowed and prayed / Et les gens s’inclinaient et priaient
- To the neon god they made / Autour du dieu néon qu’ils avaient créé
- And the sign flashed out its warning /Et le signe délivra son avertissement
- In the words that it was forming / Avec les mots de lumière qu’il avait formés
- And the sign said : the words of the prophets / Et le signe dit : les mots des prophètes
- Are written on the subway walls / Sont écrits sur les murs des souterrains
- And tenement halls, / Et des halls d’immeubles,
- And whispered in the sounds of silence. » / Et murmurés dans les sons du silence.»
(3) C’est à Berkeley, à proximité de San Francisco, fin 1964, que le mouvement contestataire étudiant réussit, après une série de manifestations, à obtenir une liberté d’expression accrue dans l’Université sous l’impulsion du Free Speech Movement. Le FSM ralliera à lui jusqu’à 100.000 étudiants contre la guerre du Vietnam en 1968.
2. Synopsis détaillé
Le visage sans joie d’un jeune homme en gros plan s’inscrit sur l’écran tandis qu’une voix annonce un prochain atterrissage à Los Angeles. Un travelling arrière montre que le jeune homme est assis dans un fauteuil d’avion. Puis le générique défile sur les images du buste du jeune homme toujours aussi peu expressif avançant sur le tapis roulant du débarquement que suit latéralement la caméra avec, comme fond sonore, la chanson The Sound of silence de Simon et Garfunkel. Le plan d’une valise lui succède, empoignée par le jeune homme que la caméra perd dans la foule de l’aéroport avant de le retrouver de face, arborant un sourire et esquissant un geste de salut tandis qu’il marche vers la porte de sortie. [3mn07] Les dernières notes et paroles de la chanson s’égrènent sur le plan fixe du visage morose du jeune homme centré, cette fois, sur un aquarium placé juste derrière lui. Après un silence prolongé de la bande son, une voix lui demande ce qu’il fait : c’est son père, Bob, qui demande à son fils, Ben, de songer aux invités qui l’attendent au rez de chaussée.
Ben demande à être seul et explique qu’il est préoccupé par son avenir qu’il aimerait différent de celui des autres. Sa mère intervient, l’aide à passer sa veste et le pousse à descendre prétextant l’impatience d’invités venus spécialement de très loin pour lui. Ben paraît devant les amis réunis pour fêter le lauréat. Il est aussitôt entouré, félicité et on lui promet maints succès féminins avec son Alfa Romeo rouge, cadeau pour l’obtention de son diplôme. Ben feint un prétexte pour s’isoler. Mais il est aussitôt harcelé par des invités qui le questionnent sur le prix de son auto, sur son avenir, qui lui passent la main dans les cheveux comme s’il était toujours un enfant ou qui le conseillent sur la voie à prendre. Il parvient malgré tout à leur échapper en se précipitant dans l’escalier qui conduit à sa chambre au moment où l’on se met à lire son livret scolaire et les louanges le concernant qui y sont mentionnées. [6mn52] Il se réfugie dans sa chambre et regarde d’en haut les invités au bord de la piscine, puis s’assied sur le divan à côté de l’aquarium. Mais sa tranquillité est de courte durée : la porte s’ouvre bientôt sur une Mme Robinson prétendument à la recherche des toilettes. Benjamin a beau lui indiquer le chemin, elle se dirige vers son lit sur lequel elle s’assied et l’interroge brièvement sur sa vie privée avant de sortir, puis de revenir aussitôt pour lui demander de la raccompagner à son domicile. Ben lui donne les clés pour qu’elle utilise sa voiture. De dépit, elle les lance dans l’aquarium ; Ben s’exécute alors. [9mn08]
Arrivé devant la maison, Ben doit aller lui ouvrir la portière, puis l’accompagner chez elle et lui tenir compagnie jusqu’au retour de son mari sous prétexte qu’elle a peur. Ben ne peut que s’exécuter. Elle lui met un verre de force dans les mains et confie à un Ben de plus en plus ébahi qu’elle est névrosée et alcoolique. Elle interdit à Ben de s’en aller, lui fait des avances et se moque de lui quand il lui dit qu’il ne veut pas être draguée, lui signifiant qu’il se trompe. Confus, Ben ne résiste pas quand Mme Robinson lui propose de voir la photo de sa fille Elaine dans la chambre de celle-ci. Elle se déshabille, use d’un prétexte pour faire revenir Ben qui s’enfuyait, épouvanté, et lui propose de coucher avec elle ce soir ou un autre. Un bruit de moteur se fait entendre ; Ben descend précipitamment et accueille le mari. Après les banalités d’usage, M. Robinson tient à donner des conseils et lui annonce le retour de sa fille Elaine les jours suivants. Ben finit par s’échapper. [21mn12] Mais il ne peut échapper au spectacle prévu par ses parents pour fêter ses 21 ans : déguisé en plongeur de grand fond, il doit descendre dans la piscine sous les yeux des invités. Suivant les conseils de M . Robinson qui l’invite à prendre du bon temps, Benjamin se laisse aller et... invite Mme Robinson à le rejoindre à l’Hôtel Taft. Elle le pousse à réserver une chambre. L’inexpérience et les maladresses de Benjamin amusent Mme Robinson et intriguent le réceptionniste. [33mn08] Dans la chambre avec Mme Robinson se montre toujours aussi maladroit (Il l’embrasse alors qu’elle n’a pas expiré la fumée de sa cigarette, puis il lui propose d’aller voir un film alors qu’elle vient de se déshabiller) mais, piqué au vif par la remarque de Mme Robinson qui lui demande si c’est la première fois et s’il a peur de ne pas être à la hauteur, il se décide enfin. [38mn10] Dès lors, Benjamin se laisse aller au moment présent : farniente dans la piscine et rendez-vous avec Mme Robinson constituent un quotidien mécanique qui ne semble pourtant pas le satisfaire. [43mn10] Mais son père s’inquiète de son avenir et sa mère de ses sorties nocturnes. Il aimerait parler avec Mme Robinson qui n’en a aucune envie révélant qu’elle est blasée. Il arrive pourtant à la faire se confier quelque peu et promet qu’il ne s’approchera jamais de sa fille Elaine. [55Mn10]
Pourtant, pour éviter que ses parents n’invitent les Robinson, Benjamin se résigne à donner rendez-vous à Elaine pour passer une soirée avec elle sous le regard noir de reproches de Mme Robinson. Ben a beau se montrer désagréable, voire grossier, avec Elaine pour respecter la parole donnée à Mme Robinson (il conduit trop vite ; invite Elaine dans un club de strip-tease qui, se sentant humiliée, se met à pleurer avant de s’enfuir et de demander à rentrer chez elle). Ben finit par l’embrasser et les deux jeunes gens sympathisent en se confiant, mangent frites et hamburgers dans la voiture avant de prolonger leur soirée. Elaine propose le bar du Taft Hôtel, lieu du rendez-vous de Ben avec Mme Robinson. Tous les employés saluent Ben en l’appelant M. Gladstone, pseudonyme qu’il a utilisé, au grand étonnement d’Elaine. Ils quittent l’Hôtel et Ben déclare à Elaine combien il apprécie sa présence et lui confie que sa vie était une gâchis jusqu’à ce qu’il la rencontre. Pressé de questions, il admet une liaison – terminée – avec une femme mariée. Il ramène Elaine et lui fixe rendez-vous pour le lendemain. Mais, sous une pluie battante, c’est Mme Robinson qui entre dans la voiture et menace de tout révéler à sa fille s’il ne jure pas de cesser de la voir. Ben sort de la voiture et se précipite vers la maison, poursuivie par Mme Robinson. Elaine comprend alors et chasse Benjamin. [1h10mn30] Désoeuvré, Ben s’ennuie ou rôde autour de la maison des Robinson pour entrevoir Elaine qui s’en va poursuivre ses études à Berkeley. Il finit par annoncer ex abrupto son mariage avec Elaine à ses parents ravis mais surpris qu’il n’en ait averti ni l’intéressée ni ses parents. Et prend aussitôt la route pour rejoindre Elaine. Le voici déjà sur le Golden Gate, puis à l’Université de Berkeley même où , assis sur le rebord du bassin, il guette la sortie d’Elaine sans l’aborder. Il loue une chambre à un propriétaire soupçonneux envers les agitateurs. Et finit par aborder Elaine dans le bus. Il lui indique qu’il prend des cours en auditeur libre, l’accompagne à son rendez-vous au zoo et la voit, effondré, partir en compagnie de Carl Smith, un ami intime. [1h21mn18]
Dans sa chambre, Benjamin se rase quand une Elaine survoltée surgit brusquement et exige des explications sur sa présence. Il apprend que Mme Robinson a menti en affirmant à sa fille que Benjamin l’avait violée. Ce dernier rétablit la vérité, ce qui fait hurler Elaine. Le logeur intervient et exige le départ de Benjamin qui fait aussitôt ses valises. Mais Elaine lui demande de rester, s’en va pour revenir peu après. Ben lui demande de l’épouser et, désorientée, lui promet d’y réfléchir. Mais, le lendemain, elle hésite toujours. Il a beau la voir et la revoir, jour après jour, elle hésite, évoque Carl Smith à qui elle a promis de l’épouser, mais continue de lui montrer des preuves qu’elle tient à lui. Aussi lui achète-t-il des cadeaux quand il découvre le père d’Hélène dans sa chambre venu lui demander des comptes sur ce qui s’est passé, lui annoncer que sa femme et lui vont divorcer et l’insulte copieusement. Le logeur a tout entendu et menace d’appeler la police. Benjamin se rue chez Elaine pour apprendre qu’elle a quitté l’université et lui a laissé un mot précisant qu’elle renonce au mariage avec lui. [1H34mn10]
De nuit, Benjamin fait le trajet qui le conduit chez les Robinson, s’introduit dans la maison, surprend Mme Robinson qui appelle la police et lui annonce le mariage d’Elaine. Benjamin refait aussitôt le trajet en sens inverse, toujours de nuit, arrive à San Francisco, se renseigne sur le lieu du mariage et file vers Santa Barbara où il finit par trouver l’adresse de l’église où a lieu la cérémonie, tombe en panne d’essence, finit le trajet en courant comme un fou, trouve fermée la porte de l’église, y pénètre par l’escalier de secours, pour assister du balcon à la fin du mariage. Il se met à hurler et malgré la vitre, Elaine entend et le rejoint ; ils se défont des Robinson et de Carl Smith pour s’enfuir, ensemble, sauter dans un bus et éclater de rire devant la mine surprise des passagers. Puis leurs visages deviennent graves avant le fondu au noir final sur l’image du bus vu de l’arrière emportant les deux jeunes gens. [1H45mn37]
3. Fiche technique
- Titre original : The Graduate
- Réalisation : Mike Nichols
- Année : 1967
- Durée : 1h45mn
- Scénario : Buck Henry et C. Willingham, d’après le roman de Charles Webb
- Photographie : Robert Surtees
- Musique : Simon et Garfunkel (P.F. Simon et D. Grusin)
- Montage : Steve O’Steen
- Producteur : Lawrence Turman
Distribution :
- Dustin Hoffman : Benjamin Braddock
- Anne Bancroft : Mme Robinson
- Katherine Ross : Elaine Robinson
- Murray Hamilton : M. Robinson
- Williams Daniels : M. Bradock
- Elizabeth Wilson : Mme Bradock
- Brian Avery : Carl Smith
- Walter Brooke : M. Maguire
- Buck henry : le réceptionniste
- Richard Dreyfuss : le voisin
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4. Bandes annonces (film et chanson)
FILM
CHANSON The Sound of silence (paroles et musique)
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