Victor Horta

Intérêt
Victor Horta (né le 6 janvier 1861 à Gand; ✝ le 9 septembre 1947 à Bruxelles) est un architecte belge, chef de file incontesté de l’Art Nouveau dans son pays : en son temps, le style y fut également appelé style Horta.
Table des matières

1. Biographie

Victor Horta naît à Gand en 1861. Son père, cordonnier, lui transmet le goût du travail minutieux tandis qu'il entretient des rapports plus conflictuels avec sa mère, dont il n'apprécie pas les excès d'autorité. Plutôt que d'entreprendre une carrière en droit, comme le désirent ses parents, Victor semble incapable d'effectuer de longues études : il est régulièrement renvoyé des écoles qui l'accueillent. Rêvant de devenir violoniste – il partage le goût de son père pour la musique – il remet en cause les partis-pris, rêve d'innovations et nage à contre-courant des modes.

Selon ses mémoires, il prend conscience de sa vocation à l'âge de douze ans, alors qu'il aide son oncle, entrepreneur, sur un chantier. Attiré par l'art de bâtir, il s'inscrit en 1873 à la section d'architecture de l'Académie des Beaux-Arts de Gand. En 1878, il part à Paris où il entre chez Jules Debuysson, un architecte décorateur à Montmartre.

Or, à cette époque, la ville est le laboratoire de la modernité : les premiers peintres impressionnistes et pointillistes y exposent leurs oeuvres. Celles-ci vont droit au coeur de Horta qui peut y constater la remarquable corrélation entre l’évolution de la peinture et celle de l’architecture. Les deux arts, en effet, sortent à peine d’une longue phase de classicisme caractérisée par le sempiternel retour des mêmes styles et par l’absence d’innovation. Horta veut être à l’architecture ce que Vincent Van Gogh est à la peinture, l’émancipateur des éternelles règles classiques. Le futur architecte s’émerveille devant les monuments de la ville, mais, surtout, il découvre alors grâce à son maître les nouveaux matériaux que certains décorateurs utilisent : l’acier et le verre. Il réalise aussi à Paris qu’une grande renommée ne s’acquiert qu’en dessinant des bâtiments publics. Sur son séjour dans la capitale française, il écrit dans ses Mémoires : « Mon séjour à Paris, mes promenades, la visite des monuments et des musées avaient ouvertes toutes grandes les portes de mon coeur d’artiste. Aucune école n’aurait pu mieux m’enseigner l’enthousiasme de l’architecture que la vue, la lecture des monuments m’a donné et qui m’est resté pour toujours. »

Lorsque son père décède, le 13 juin 1880, il se hâte de retourner en Belgique et s'installe à Bruxelles, où il épouse une amie d'enfance et s'inscrit à l'Académie Royale des Beaux-Arts, en 1881.

Horta y fait la connaissance de Paul Hankar : partageant les mêmes idées, ils se lient d'amitié, avant que leur destin commun ne fasse d'eux des concurrents. Élève brillant, il attire de plus l'attention de nombreux professeurs, dont Alphonse Balat, l'architecte préféré du roi Léopold II, qu'il rejoint en qualité d'assistant. Dans le bureau de ce dernier, il travaille sur les Serres royales de Laeken où sont combinés les éléments qu'il admire le plus : les jeux de lumière, les surfaces vitrées et les armatures métalliques.

Une fois leur association rompue, Horta entreprend en 1885 la construction de trois maisons mitoyennes, situées rue des Douze Chambres, à Gand. Ayant pour objectif clair et marqué de ne pas se satisfaire de projets mineurs, cependant il refuse pendant huit ans tout autre projet résidentiel. Entré comme professeur à la Faculté polytechnique de l'Université libre de Bruxelles, il participe alors à des concours publics, réalise de petits monuments abritant des statues, des tombeaux et d'autres édifices de taille modeste. Pendant cette période, il développe sa connaissance des techniques, notamment celles des structures métalliques, paufine son goût pour le détail et son attention pour l'harmonie des formes, forgeant ainsi sa propre sensibilité.

Il découvre peu à peu les courbes, le refus des droites verticales : jusqu'à la fin de sa carrière, il s'irrite lorsque les critiques remettent en cause l'utilité de ces lignes en « coup de fouet », nommées dans les années 1900 « lignes Horta ». Pour lui, elles ne sont le résultat d'une réflexion tout à fait posée et non un désir purement artistique : elles amplifient l'impression d'espace, guident le regard, supportent au mieux les constructions : elles ne sont pas simplement « belles » mais utiles. Il est vrai que le regard porté à ses œuvres s'attache avant tout au décor, mais les innovations de ce disciple d'Eugène Viollet-Leduc concernent en premier lieu la structure des édifices, dont le plan est remanié pour répondre à une problématique sociale, économique et culturelle et dont le « vocabulaire » technique (fermes métalliques, tirants articulés, coque à nervures, console en pierre, etc) proclame le droit de l'architecte à innover.

Dans le même temps, il se fait également connaître de la nouvelle bourgeoisie bruxelloise. Les professeurs d’université et les industriels font partie de son cercle de connaissances. Il entre dans le « club » franc-maçon et humaniste Les amis philantropes. Tous les éléments sont alors réunis pour que sa carrière prenne son essor. Son esprit est à la fois mûr et dans l’air du temps : il fréquente les meneurs des changements sociaux de l’époque.

Dès qu’il se dit prêt à entamer la construction de demeures résidentielles, les commandes affluent, donnant lieu à ses premières réalisations dans ce domaine : la Maison Autrique, réalisée pour un ami ingénieur et l’ Hôtel Tassel (1893), pour l’industriel Émile Tassel. Parmi les autres industriels qui font appel à lui, il faut citer Max Hallet et Eugène Solvay. Horta est alors l’un des premiers architectes à faire de « l’Art Nouveau », approximativement en même temps qu’Hector Guimard à Paris : son nom apparaît dans toutes les revues spécialisées d’Europe.

Habiter du Horta devient un signe de statut, d'ouverture et surtout, de richesse. Le rythme effréné auquel il travaille lui permet de satisfaire assez rapidement les demandes de ses clients, sans jamais sacrifier un principe fondamental résidentielle : pouvoir réaliser à la fois l'édifice et son aménagement intérieur, afin que l'harmonie des deux dresse une sorte de portrait unitaire de son occupant.

Bientôt concurrencé sur ce terrain par Henry Van de Velde et par Paul Hankar, Horta veut à nouveau innover et se consacre de plus en plus à la réalisation de projets publics et de grands édifices, tels que de grands-magasins (comme À l’Innovation, 1901) ou, pour citer une de ses œuvres majeures, la Maison du Peuple (1896 - 1898), dont il dessine les plans bénévolement : cette dernière intègre de multiples fonctions économiques, éducatives et de solidarité, siège de syndicats et de la bourse du travail ; aussi symbolise-t-elle aux yeux de Horta les idéaux de progrés attachés à l’Art Nouveau.

Après 1903, Horta s'assagit et son style devient plus académique. Lorsque l'Art Nouveau passe de mode, il se reconvertit avec succès en participant à des projets néo-classiques.

Pendant la Première Guerre Mondiale, en 1916 – 1918, il passe deux ans d’exil aux États-Unis, où il découvre encore de nouveaux matériaux de construction, faute de pouvoir rentrer en Belgique. Au lendemain de la guerre, il s’attache à élaborer les plans du Palais des beaux arts à Bruxelles (Bozar), qui est alors partie intégrante d’un vaste projet urbanistique concernant tout le Mont des Arts (les premiers plans datent de 1919), mais il n’obtient les crédits et le terrain (8000 m²) qu’en 1922, non sans avoir dû faire plusieurs concessions, en particulier sur la hauteur de l’édifice, réduite, et sur la présence de magasins. Le Palais n’ouvre ses portes qu’en 1928 : il offre une esthétique plus cubiste, pour laquelle, signe des temps, l’architecte délaisse la ligne courbe au profit de formes plutôt géométriques.

Les signes de cette évolution – l’influence des arts décoratifs – sont déjà visibles à travers deux autres projets qu’il réalise à cette époque : le Musée des Beaux-Arts de Tournai (1903-1928) et l’hôpital Brugmann à Bruxelles (1912 - 1924). En 1912, Horta réorganise les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant d’en devenir le directeur pour trois ans en 1913. En 1925, il est l’architecte du pavillon d’honneur de la Belgique à l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes à Paris. La même année, il devient le directeur de la classe des Beaux-Arts à l’Académie Royale de Belgique.

Après la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux édifices qu’il a dessinés sont altérés ou détruits, victimes des spéculations immobilières : les plus célèbres d’entre eux son l’hôtel Aubecq, détruit en 1950 et sa Maison du Peuple, rasée en 1965 malgré l’opposition unanime des architectes réunis au Congrès International de Venise ; mais le saccage commence du vivant de l’architecte : Ainsi, entre 1939 et 1945, Horta rédige ses Mémoires, où il écrit, amer : « L’essentiel de ma production a disparu ; si j’étais religieux, je dirais : Dieu m’a tout donné, il m’a tout repris » : cette dernière année, il fait détruire une partie de ses archives.

Victor Horta meurt, le 8 septembre 1947, dans une ville qu'il a durablement marquée mais qui, désormais, semble le vouer à l'oubli. Toutefois, ses admirateurs – parmi lesquels, son ancien assistant, Jean Delhaye – tentent de préserver son héritage. On doit notamment à ce dernier la sauvegarde de la précédente demeure de l'architecte (conçue en 1898 et vendue par lui en 1919, située aux 23-25, rue Américaine, à Saint-Gilles) : celle-ci, épargnée par la « Bruxellisation », devient le Musée Horta en 1969.

2. Œuvres

Note : cette liste est incomplète. Référez-vous aux liens proposés pour obtenir la liste complète des réalisations de l’architecte.

  • Le pavillon des Passions humaines (1899), parc du Cinquantenaire, abritant un bas-relief de Jef Lambeaux ;
  • L'Hôtel Tassel, rue Paul-Emilie Janson, Bruxelles, Belgique, (1892 - 1893);
  • L'Hôtel Solvay, 224 avenue Louise, Bruxelles, Belgique, (1895 - 1900);il
  • L'Hôtel van Eetvelde, Bruxelles, Belgique, (1895 - 1897);
  • le Jardin d'enfants, Bruxelles, Belgique, (1897 - 1899);
  • les Ateliers Horta, Bruxelles, Belgique, (1898 - 1902);
  • L'Hôtel Aubecq, Bruxelles, Belgique, (1899 - 1903, disparu);
  • À l'innovation, Bruxelles, Belgique, (1901 -1903; incendié en 1967);
  • L'Hôtel Winssinger, Bruxelles, Belgique;
  • L'Hôtel Frison, Bruxelles, Belgique;
  • L'habitation et l'atelier de Fernand Dubois, Bruxelles, Belgique, (1901-1903);
  • La Maison du Peuple, Bruxelles, Belgique, 1896 - 1899 (détruite en 1963),
  • Le Palais des Beaux-Arts (BOZAR), Bruxelles, Belgique, 1922 - 1928 ;
  • Le Musée des Beaux-Arts, Tournai, Belgique, 1903 - 1920.
  • La Gare Centrale, Bruxelles, Belgique.

2.1. Musées

La notoriété de l'architecte fait que deux de ses créations les plus connues de Bruxelles qui ont été conservées sont désormais des musées :

  • Le musée Horta se situe dans l’ancienne maison personnelle et l’atelier de l’architecte, ouverts au public. (Site officiel)
  • La maison Autrique : une des premières créations de Victor Horta (1893), réalisée pour son ami Eugène Autrique, ingénieur chez Solvay, est également ouverte au public, avec mises en scènes intérieures. (Site officiel)

3. Liens


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