1. ANALYSE
Récompensé par le Prix spécial du jury au festival policier de Cognac en 1999, Sam Raimi propose un film qui n’est pas sans rappeler le Fargo [1] (1996) des frères Coen. On retrouve, en effet, le même décor enneigé, les mêmes personnages simples de l’Amérique profonde.
Sam Raimi insiste sur la blancheur immaculée des paysages enneigés du Wisconsin pour mieux faire ressortir que l’effet de la chute de l’avion - la tentation brutale par l’argent – sur cette innocence virginale des êtres va faire fondre la neige de l’apparence et révéler la noirceur des désirs humains, comme une pierre jetée dans l’eau calme vient la troubler durablement et propager ses ondes néfastes. En effet, Hank, malgré son bonheur conjugal et son caractère posé, ne sait pas s’opposer à l’appât du gain qui saisit son entourage et ne prend pas la bonne décision : rendre l’argent aux autorités.
Dès lors, Sam Raimi orchestre une véritable descente aux enfers au cours de laquelle chaque événement trace un rond supplémentaire dans l’eau de plus en plus trouble du quotidien de ses personnages, jusqu’à les conduire à ne plus rien maîtriser et à devenir les jouets d’un enchaînement tragique où chacun va révéler qui sa sottise, qui son égoïsme, qui sa cupidité, qui son mal-être.
La scène finale, d’une simplicité bouleversante, ponctue un film sans cesse émouvant.
Si Fargo [2] installait dès l’abord des êtres malhonnêtes et s’attachait à les suivre dans leurs turpitudes, « Un Plan simple » propose un schéma plus riche, et le traitement du sujet est foncièrement différent. Sam Raimi commence par présenter des « gens comme les autres » plus ou moins bien intégrés dans la vie, (quoi de commun, toutefois, entre Hank et Jacob en dehors de leur affection fraternelle ?), plutôt sympathiques, avant de les soumettre à la tentation et d’observer enfin l’engrenage fatal qui, après les avoir piégés, va progressivement les transformer.
Ce film aux scènes épurées, aux personnages peu bavards, mais sensibles et humains, aux paysages beaux et désolés à la fois, est porté par une musique de Danny Elfman toujours discrète mais d’une présence si mélancolique qu’elle exprime, à elle seule, solitude, désarroi et misère de vies qui s’enterrent dans le silence de la neige.
Un film, enfin, qui montre une vraie compassion pour les personnages qu'il choisit de faire vivre, notamment en ce qui concerne les deux frères, remarquablement interprétés par Billy Bob Thorton et Bill Paxton.
2. SYNOPSIS
Dans la vie simple qu’ils mènent au quotidien à Delano, bourgade paisible du Minnesota, dans une nature enneigée, Hank Mitchell, son frère Jacob, un simple d’esprit sans emploi et son ami Lou Chambers, chômeur lui aussi et alcoolique, ne s’attendaient pas à pareil événement à quelques jours de Noël. Alors qu’ils reviennent du cimetière, un renard déboule sur la route et le camion s’embourbe. Lou veut poursuivre le renard qui les entraîne dans la forêt où ils découvrent un avion de tourisme qui s’est écrasé au sol. Le pilote est mort sur le coup, mais dans l’épave se trouve un sac contenant quatre millions de dollars. Hank veut aussitôt prévenir la police, mais Lou n’est pas d’accord. Ce don du ciel qui bouleverse leur vie va modifier leurs rapports jusque-là amicaux et confiants. Que faire de cet argent : le rendre ou se l’approprier ? Hank, homme responsable et pondéré dont la femme Sarah attend un heureux événement, penche pour la première solution, mais Jacob et Lou, sans argent, insistent, de façon déraisonnable, pour garder le pactole. Hank, le plus sage, essaie de gérer la situation en se proposant de conserver l’argent jusqu’au printemps et, si personne ne l’a réclamé à ce moment-là, de le partager. Attendre, dans un premier temps, pour ne pas éveiller les soupçons sur tout changement inhabituel dans leur mode de vie. Jacob et Lou acceptent.
Sur le chemin du retour, ils croisent le shérif Jenkins et Hank ne peut empêcher Jacob de signaler qu’ils ont entendu un avion s’écraser. Lorsqu’ils se séparent, Hank fait promettre aux deux autres de garder le secret et de ne parler de l’argent à personne, même pas à leurs femmes. Pourtant, Hank révèle le secret à sa femme Sarah qui lui conseille d’en garder une partie et de remettre le reste dans l’avion de façon à égarer les soupçons. Hank accepte. Le lendemain, Hank et Jacob retournent à l’avion pour remettre une partie de l’argent dans l’épave. Sous le coup de la panique, de peur d’être repéré, Jacob blesse Dwight Stephanson que Hank est obligé d’achever. Jacob veut alors aller se dénoncer pour soulager sa conscience.
Ce plan simple n’est décidément pas facile à suivre. En effet, Sarah – qui a accouché - apprend que cet argent est le fruit d’un enlèvement (et non du commerce de la drogue, comme elle le croyait initialement) et appartient donc à des gangsters. D’autre part, un agent du FBI, Neil Baxter – dont Sarah pense qu’il l’un des gangsters - enquête sur l’accident d’avion. Surtout, des tensions, puis des dissensions entre les quatre personnages se font jour dans la mesure où Lou insiste pour partager l’argent sans plus attendre. Méfiance, chantages et révélations sordides sur les uns et les autres conduisent inexorablement à la déségrégation du groupe qui se déchire et s’entretue. Hank finit par apprendre de la bouche du shérif que l’argent a été marqué et qu’il est donc inutilisable. Malgré les objections de Sarah, il se décide à le brûler.
3. FICHE TECHNIQUE
- Année : 1999.
- Titre original : A simple plan.
- Réalisation : Sam Raimi.
- Scénario : Scott B Smith, d’après son roman.
- Directeur de la photographie : Alar Kivilo.
- Musique : Danny Elfman.
- Production : James Jacks, Adam Schroeder.
- Distribution : UFD.
- Durée : 121 minutes.
Distribution :
- Hank : Bill Paxton.
- Sarah : Bridget Fonda.
- Jacob : Billy Bob Thornton.
- Lou : Brent Briscoe.
- Tom Butler : Jack Walsh.
- Le Shérif Carl Jenkins : Chelcie Ross.
- Nancy Chambers : Becky Ann Baker.
- Neil Baxter : Gary Cole.
- L’agent Renkins : Bob Davis.
- L’agent Freemont : Peter Syvertsen.
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