1. « Noblesse » romaine et traditions germaniques
Selon une pratique communément répandue, plusieurs Francs avaient reçu au temps de l'Empire romain des dignités ou des charges publiques au titre de récompenses individuelles pour leurs services rendus à Rome. Outre le prestige qui était attaché à ces dernières, ils en avaient tiré un pouvoir important : parmi ces hommes, il faut citer le « maître de la milice », Arbogast, et les « consuls » Sylvianus, Richomer, ou encore Mérobaude.
Lorsque le pouvoir impérial s’effondra en Occident, la tradition guerrière germanique, bien vivante et enrichie d’éléments romains, ne masqua pas, mais fusionna plutôt avec la conception de « noblesse » issue de l’Antiquité. Cette dernière était fondée quant à elle sur la détention de charges publiques ; ses membres étaient principalement de riches propriétaires terriens dont les villae entretenaient le style de vie oisif (l’otium).
Il est notable qu'au Ve siècle, le « roi » des Francs saliens Childéric, de la lignée mérovingienne, fut enterré avec à la fois le manteau de pourpre, symbole des hauts fonctionnaires romains, et un anneau sigillaire qui le représentait avec les cheveux longs. Le port des cheveux longs, en effet, comme l'usage de l'épée (pour celle-ci, probablement en raison de son coût de fabrication) étaient l'apanage des guerriers nobles chez les Francs. Par la suite les rois mérovingiens furent d'ailleurs surnommés les « rois chevelus ».
Le caractère militaire premier de la noblesse franque perdura : cette dernière continua à détenir le pouvoir militaire et à se réunir en vue de la guerre dans le cadre du service armé (l’ost). Cela explique aussi en partie la grande mobilité de l’aristocratie franque, tant avec la dynastie mérovingienne qu’avec les premiers Carolingiens.
2. La période mérovingienne
Après le baptême de Clovis, en 496, l'alliance des Francs et de l'aristocratie gallo-romaine eut pour résultat soit le renforcement, soit la constitution de grands domaines terriens. Ces derniers furent augmentés au gré des conquêtes et bientôt détenus par quelques familles de chacun des royaumes francs.
Ces familles « nobles » contribuèrent notamment, grâce à de nombreuses fondations, à l'essor du christianisme dans la Gaule mérovingienne, aussi elles se singularisèrent par le très grand nombre de saints issus de leurs lignages : cette caractéristique perdura surtout à travers les dynasties princières durant la période carolingienne.
En parallèle, le recul de la notion d'État et l'assimilation du royaume à un bien patrimonial contribuèrent par le biais des récompenses à asseoir l'emprise des plus puissants aristocrates francs sur l'administration mérovingienne : l'office de « maire du palais », en principe conféré par le roi, tendit ainsi à devenir héréditaire.
3. Les « Grands » du royaume
Les maires du palais austrasien, notamment, après avoir participé activement aux querelles entre leur royaume et celui de la Neustrie, prirent l'ascendant sur leur souverain dès le VIIe siècle.
D'une manière générale, les charges attribuées à l'aristocratie par les rois francs se traduisaient, sous le règne des Mérovingiens, par des dotations en terres, ces dernières étant à la fois la raison dernière et le résultat des conquêtes franques, puis de la « dilatation du royaume » des Francs.
Ce phénomène s'accentua avec la conquête de la Frise occidentale par l'Austrasie : les Frisons se révoltèrent à plusieurs reprises à cause de la pression fiscale et des injustices.
Une autre conséquence de l'agrandissement du royaume fut que les nobles francs réunirent des terres fort éloignées les unes des autres, autre cause de leur mobilité déjà évoquée plus haut. Durant le règne de Charlemagne, en particulier, les plus puissants lignages francs étendirent leur pouvoir loin du centre de gravité « historique » de leur puissance : ainsi, les Robertiens passèrent de Belgique aux pays de la Loire et de la Seine (comté de Paris, comté d'Anjou, etc.). Les Widonides passèrent quant à eux de la marche de Bretagne au duché de Spolète, etc.
Ces nobles, bientôt désignés sous le nom de « Grands » du royaume, se partagèrent dans les faits les quelques deux-cent cinquante comtés de l'empire franc, les duchés et marquisats, ainsi que les abbatiats laïcs, concédés en échange de leurs services personnels au souverain.
Pour autant les rois carolingiens, eux-mêmes issus de cette aristocratie à travers le lignage austrasien des Pépinides et parvenus au pouvoir par un « coup d'état », ne cessèrent de lutter contre des rebelles à leur autorité.
Aussi tentèrent-ils en permanence, dès avec Charlemagne, de limiter le pouvoir grandissant de la noblesse : l’instauration par ce dernier d’un système de contrôle et d’information fondé sur des hommes de confiance, les « envoyés » du roi ou missi dominici, tout comme le recours par deux fois au serment de fidélité généralisé à tout le royaume, furent des tentatives de faire respecter le pouvoir royal à la fin du VIIIe siècle.
Après 800, la « noblesse d'Empire » constituée se trouva au cœur de l'unité carolingienne : ce sont à la fois la forme des patrimoines que l'aristocratie franque se constitua et la mobilité de cette aristocratie qui contribuèrent mieux que tout autre facteur, à la constitution de puissantes dynasties aux dimensions de l'Europe.
Aussi, quand pour d'autres causes le pouvoir royal s'affaiblit, dès le IXe siècle, cet affaiblissement profita surtout aux nobles de l'Empire. Les aristocrates francs devinrent les véritables détenteurs du pouvoir temporel.
4. L'avènement des dynasties princières
Avec le capitulaire de Quierzy, promulgué par Charles le Chauve en 877, les honores prirent un caractère héréditaire évident, participant à une évolution plus lente qui allait conduire à la mise en place de la féodalité : de même, les dotations en terres, à l’origine révocables, évoluèrent pour se transformer lentement en fiefs.
Sous les derniers Carolingiens, enfin, plusieurs lignages francs donnèrent à leur tour des rois (comme les Robertiens, les Widonides ou les Unrochides).
Certains de ces princes prirent même le titre d'empereur. Pourtant, à quelques exceptions près, ils n'eurent plus qu'une légitimité régionale et durent céder une grande partie de leur puissance pour compenser l'absence des cadres du pouvoir carolingien : ce fut par exemple le cas de Bérenger Ier en Italie qui, pour lutter contre les Hongrois, dut autoriser certaines cités à ériger des murailles sans contrepartie.
Enfin, les royaumes dont ils héritèrent furent sans envergure : à la fin du Xe siècle, le domaine royal français se trouva inférieur en taille à de nombreux duchés.
5. Lignages francs
- Arnulfiens
- Bosonides
- Bouchardides
- Étichonides
- Maison de Flandre
- Girardides
- Herbertiens
- Hugobertides
- Unrochides
- Ingelgeriens
- Nibelungides
- Pépinides, ancêtres des Carolingiens, simple lignage sous les Mérovingiens.
- Ramnulfides
- Robertiens, ancêtres des Capétiens
- Rorgonides
- Thibaldiens
- Welfs
- Widonides aussi appelés Guy-Garnier-Lambert.
- Wigéricides ou maison d'Ardennes
6. Voir aussi
6.1. Bibliographie
Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle), Publications de la Sorbonne, Paris, 1995.
6.2. Articles connexes
Listes des saints issus des familles princières franques
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