S1mOne d'Andrew Niccol

Intérêt
Le film Bienvenue à Gattaca (1997), premier film de Andrew Niccol, avait beaucoup plu pour la double originalité de son propos et de sa réalisation. Son second film, S1mOne, n’a pas suscité le même engouement. Pourtant, ce film sur Hollywood et l’intrusion récente du virtuel dans le cinéma frappe par son humour et la pertinence de son propos.


Table des matières

1. Analyse


Après un premier film, Bienvenue à Gattaca, unanimement apprécié et la signature du scénario de The Truman show, c’est peu dire que l’on attendait avec impatience le nouveau film de Andrew Niccol qui apparaît comme une comédie mordante sur le milieu du cinéma.

Filiation obligée, on retrouve d’emblée le thème de l’anticipation de Bienvenue à Gattaca - l’utilisation d’acteurs virtuels au lieu de comédiens en chair et en os - et celui de la manipulation - opinion publique dupée par les dirigeants d’Hollywood - dénoncée par The Truman show.

Pourtant, dans un premier temps, le film surprend et on a du mal à se mettre au diapason de personnages qui nous restent plutôt indifférents, et l'impression d'assister à une démonstration filmée s'impose devant la tournure des événements. Mais cette première impression ne dure heureusement pas et, très vite, force est de constater que le film propose une intéressante - même si elle n'a rien d'original - réflexion générale sur le cinéma d'Hollywood, montré comme une entreprise globale centré sur la recherche de recettes à succès, qui associe studios, producteurs, réalisateurs, journalistes et, au bout de la chaîne, spectateurs. Le film devient alors crédible et intéressant. En effet, que demandons-nous au cinéma sinon de satisfaire nos désirs d’évasion, de réflexion ou d’émotions en nous plongeant dans l’illusion d’une réalité virtuelle ? Aussi Niccol organise-t-il un film qui apparaît comme entièrement factice et qui ne sollicite pas notre adhésion mais fait plutôt appel à notre intelligence et à notre participation. Bref, pour mieux susciter notre réflexion et nous détacher de la simple fascination que procure l’image, Andrew Niccol met en place une véritable stratégie de la distanciation. Ainsi utilise-t-il des couleurs volontairement monochromes et désaturées ; il choisit de même des décors de studio le plus souvent - symboliquement mais étrangement - déserts ou vides de toute activité et de tout personnel ; il propose des situations, des dialogues et des sentiments convenus ou complètement décalés ; il multiplie ouvertement les invraisemblances (par exemple, Simone au volant d’une voiture conduite en fait par Viktor caché sous le tableau de bord !!!) ; il va même jusqu’à interrompre la scène sans lui donner la suite que l’on attend pourtant. Autrement dit, dans un univers hollywoodien caractérisé par l’absurde, il met en scène (d’une façon moins délirante que dans Bowfinger de Frank Oz) des situations absurdes ! Il crée ainsi une atmosphère irréelle (d’où notre difficulté à nous sentir concerné par le film lors des premières minutes) : selon Niccol, semble-t-il, puisque le cinéma est artifice, le film qui le démontre doit être, lui aussi, artificiel. Bref, le propos du film devient le film lui-même.

Il va sans dire que, comme dans tout bon film hollywoodien, la fin, qui succède à un rebondissement inattendu, est heureuse. en apparence ! Car « Viktor » (prénom qui signifie ici très ironiquement « vainqueur ») est désormais l'esclave de sa créature et la propre victime de sa manipulation. Dernier clin d'œil au spectateur d'un film très caustique !


2. Synopsis


Un réalisateur, Viktor Taransky (Al Pacino), excédé par les caprices de sa vedette, accepte les sollicitations d'un informaticien de génie qui lui propose de « fabriquer » une actrice virtuelle, Simone (= SIM(ulation)ONE) et de la faire passer pour une authentique comédienne de chair et de sang. Trompant alors tous les professionnels du cinéma et le public, il devient un réalisateur à succès et déclenche une véritable « Simonemania » quasi universelle.


3. Fiche technique


  • Réalisation : Andrew Niccol.
  • Titre original : SimOne.
  • Année : 2001.
  • Scénario : Andrew Niccol.
  • Directeur de la photographie : Edward Lachman.
  • Musique : Carter Burwell.
  • Production : New Line Cinema.
  • Distribution : Metropolitan Filmexport.
  • Durée : 115 minutes.

Distribution :

  • Viktor Taransky : Al Pacino.
  • Elaine Christian : Catherine Keener.
  • Lainey Christian : Evan Rachel Wood.
  • Nicola Anders : Winona Ryder.
  • Hal Sinclair : Jay Mohr.
  • Hank Aleno : Elias Koteas.
  • Max Sayer : Pruitt Taylor Vince.
  • Milton : Jason Schwartzman.
  • Frank Brand : Stanley Anderson.
  • Simone : Rachel Roberts.


4. Édition DVD zone 2


Image : Format :Cinémascope - 2.35:1. Plein écran - 1.33:1 Des couleurs très souvent inattendues et monochromes dans les tons sépia, gris, bleu ou vert, et qui alternent avec des images aux couleurs plus attendues. L'ensemble vise à créer un univers factice. L'image est par ailleurs lisse et parfaitement définie.

Son : langues et formats sonores : français (Dolby Digital 5.1 EX), anglais (Dolby Digital 5.1 EX). Sous-titres : français. Les pistes sonores en DD 5.1 mettent en relief la belle musique de Carter Burvell (compositeur de Fargo [1] des frères Cohen) et d’autres airs plus célèbres (Adagio de Barber) par une présence parfaitement enveloppante.

Jaquette : une jaquette intéressante - et joliment colorée d’un fond bleu - en ce qu’elle est fidèle au propos du film : elle oppose une S1mOne démesurée, qui occupe la moitié de l’affiche, dominant de toute sa gloire son créateur (Al Pacino) rapetissé et cantonné dans le coin droit. Une façon visuellement amusante de signifier que la créature a échappé à son créateur !




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Droits d'auteur © Henri PHILIBERT-CAILLAT


5. Bande annonce




 
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Contenu sous droits d'auteur — Dernière mise-à-jour : 2015-02-04 16:58:22




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