1. Analyse du film
Il faut préciser combien Robert Wise influença toute une génération de cinéastes de talent. Que ce soit George Lucas qui dans sa trilogie de La guerre des étoiles (1977) utilise trois des noms de personnages du film de Wise (Klaatu, Baradu et Niko) ; ou Steven Spielberg dont le E. T. (1982) reprend le discours humaniste ; ou encore John Carpenter qui utilise le même schéma narratif avec Starman (1985), et délivre un message identique.
Le jour où la Terre s’arrêta frappa les esprits, car il utilisait le genre de la science-fiction pour traiter du contexte historique et politique de l’époque. Contexte historique, d’abord, avec la guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS sur fond d’utilisation possible des armes nucléaires. Contexte politique, ensuite, puisque l’Amérique connaît alors la chasse aux sorcières dirigée par le sénateur MacCarthy qui traque tous ceux qui sont soupçonnés d’être communistes ou sympathisants. Or, le film imagine un extra-terrestre, Klaatu, qui atterrit à bord de sa soucoupe et entend convaincre les hommes des dangers de l’utilisation des armes atomiques. Ce message pacifiste est mal perçu par les militaristes en tous genres qui vont s’ingénier à le combattre.
Le premier intérêt du film est de montrer un extra-terrestre au visage absolument impassible, hermétique à toute émotion, voire indifférent (sinon à la fin du film…) - comme s’il incarnait la Raison même, pure et froide, débarrassée de toute affectivité - et de l’opposer aux réactions humaines, souvent irrationnelles, toujours entachées de mouvements passionnels (préjugés, méfiance, agressivité, égoïsme, etc.) qui finissent par altérer le jugement. De ce contraste entre Klaatu et les Terriens naît, chez le spectateur, le sentiment que rien ne sera simple pour que les deux parties puissent au moins communiquer, à défaut d’échanger : le film ménage ainsi un suspens d’une rare intensité, d’autant plus qu’il vise à nous faire nous interroger sur nous-même et à remettre en question notre prétendue capacité à dominer nos passions.
Le réalisateur propose un second intérêt qui est de présenter Klaatu comme une sorte d’ « Elu » de l’Univers dont la venue sur la Terre a pour but d’orienter vers le Bien une Humanité incapable d’Amour, de Raison et de Justice, et, surtout, de Sagesse. Bref, le spectateur ne s’empêcher de faire le rapprochement évident avec le Christ et de se demander – autre ressort du suspens – si le destin de Klaatu sera identique ou si sa mission réussira. Une fois de plus, l’être humain – à présent doté de l’arme nucléaire - jouera-t-il les apprentis sorciers ou sera-t-il assez raisonnable et tolérant pour ne plus avoir à l’utiliser ?
Ces deux thèmes se combinent, enfin, pour faire de Le Jour où la Terre s’arrêta un film de science-fiction peu ordinaire dans la mesure où il alterne – en une combinaison judicieuse – les codes du genre (trucages, même peu nombreux, qui dépaysent et font évader le spectateur vers un futur qui est aussi le présent), et un réalisme cru qui fait froid dans le dos et pousse à la réflexion personnelle : sommes-nous capables de raison ? Si le Christ revenait, serait-il de nouveau crucifié ? L’humanité a-t-elle un avenir ? Si l’on ajoute que la réalisation est à la fois sobre et efficace (à deux reprises dans le film, une succession rapide de plans brefs suffit à montrer l’enchaînement brutal de conséquences dramatiques), on comprend aisément que ce film estimable est à (re)découvrir et à apprécier malgré son grand âge.
2. Synopsis
Un étrange vaisseau spatial entre dans l’atmosphère céleste à une vitesse inimaginable, survole les continents avant de se diriger vers les Etats-Unis et de se poser bientôt à New York, dans Central Park. Cet événement inouï bouleverse la Ville et suscite tout à la fois peur et curiosité. Croyant à une menace, les autorités entendent protéger les citoyens venus par milliers observer l’engin et font appel à l’armée qui prend aussitôt position autour de ce vaisseau venu de l’espace.
Deux extra-terrestres s’extraient de l’engin : l’un, Klaatu, a toutes les apparences d’un être humain ; l’autre, Gort, évoque plutôt un robot d’une taille et d’une corpulence impressionnantes.
Klaatu formule une demande surprenante à ceux qui l’accueillent : qu’on le mette en présence du Responsable de la Terre. Alors qu’il entend remettre un présent au Président des Etats-Unis, son geste est mal interprété et il est blessé par les militaires méfiants. Gort fait alors usage d’un rayon qui anéantit les armes des soldats.
Klaatu, à la grande surprise des médecins, se rétablit très vite. Mais il supporte mal la méfiance que les autorités exercent sur lui. Prenant conscience qu’il n’est pas compris, il déjoue leur surveillance, et décide de devenir un être humain semblable aux autres et de se mêler à eux. Sous le nom de Carpenter, il s’installe donc chez une jeune veuve, Helen Benson, mère d’un petit Bobby.
Klaatu peut ainsi œuvrer plus facilement à la réalisation de son projet ; ce qui le conduit à aborder le Professeur Jacob Barnhardt, un savant de réputation mondiale. Il lui confie alors qu’il est porteur d’un message pour l’humanité. Ce dernier, qui se propose de réunir un aréopage des savants du monde entier, suggère à son interlocuteur de faire une démonstration de ses pouvoirs exceptionnels pour mieux convaincre les responsables de l'écouter.
Se rangeant à cet avis éclairé, Klaatu coupe l’énergie électrique sur terre pendant une demi-heure, tout en protégeant les activités humaines indispensables. Il est pourtant traqué par la police et les militaires comme un malfaiteur et finit par être abattu. Mais, aidé par Helen et guéri par Gort, il se réfugie dans la soucoupe. Devant les savants enfin rassemblés, il peut proclamer son message (les Humains doivent cesser leurs querelles puériles car l’arme atomique est désormais une menace pour la survie de la Terre, voire de l’Univers) et brandir la menace d’un châtiment terrible (la destruction des humains s’ils ne se résolvent à devenir raisonnables).
Une fois sa mission accomplie, Klaatu quitte la Terre dans la soucoupe volante qui s’envole vers l’espace…
3. Fiche technique
- Titre original : The Day the Earth Stood Still
- Année : 1951
- Durée : 1h28
- Réalisateur : Robert Wise
- Scénariste : Edmund H. North
- Auteur : Harry Bates
- Compositeur : Bernard Herrmann
- Directeur de la Photographie : Leo Tover
- Société de distribution : Bis Repetita
- Production : Twentieth Century-Fox Film Corporation
Distribution :
- Klaatu : Michael Rennie
- Helen Benson : Patricia Neal
- Professeur Jacob Barnhardt : Sam Jaffe
- Bobby Benson : Billy Gray
- Mme Barley : Frances Bavier
- Tom Stevens : Hugh Marlowe
- Le colonel : Carleton Young
- Gort : Lock Martin
- Le major-général : Fay Roope
4. Bande annonce
La bande annonce du film Le jour où la Terre s’arrêtera / The Day The Earth Stood Still (1951).
![]() ![]() ![]() | Les droits de ce document sont régis par un contrat Creative Commons
et plus précisement par le contrat Creative Commons Paternité - Partage des Conditions Initiales à l’Identique Licence France 2.0 de Creative Commons, plus connue sous le nom de "CC-BY-SA". |
Droits d'auteur © Henri PHILIBERT-CAILLAT
par catégories
par mots-clés
par dates d'ajout et de modification
Index alphabétique
Partagez vos connaissances !
Pour publier durablement et librement sur Internet, contactez-nous.
AURORAE LIBRI : livres anciens, textes rares & illustrés modernes
VINTAGE-ERA : informatique vintage, retro gaming, jeux de rôles et imprimés des années 1970-2000
Libre Savoir a 17 ans.
Suivez-nous : RSS Twitter
© 2000-2016, AURORÆ Solutions, tous droits réservés. – site animé avec notre logiciel C3IMS.