1. Analyse
Un titre significatif
D’abord, il y a ce titre de film (North by Northwest/nord-nord ouest), peu banal, comme une injonction pressante ou indiscutable, qui indique une orientation géographique et précise clairement que ce film sera un film sur le déplacement et le mouvement. Une évidence que renforcent les deux flèches placées sur les mots du titre dès le générique : l’une dans le prolongement du « N » de North indique la verticale cependant que l’autre sert de barre au « t » final de west et est orientée vers la gauche du mot ; elles indiquent avec précision la direction à suivre et le voyage - quasi rectiligne - à venir. Ce titre révèle aussi à travers la double acception du mot sens (signification et/ou direction), celui de l’enjeu pour le héros, c’est-à-dire tout à la fois signification et direction de vie. En effet, d’une part, il précise à Roger Thornhill, à son corps défendant, la bonne voie à suivre comme s’il avait perdu le Nord, comme s’il s’était égaré en chemin ; d’autre part, en corollaire, il lui fait savoir que sa vie n’est pas satisfaisante et qu’il faut, désormais, en changer le sens.
Un générique symbolique
Puis le générique profondément original - qui a, sans doute, inspiré, depuis, celui du Panic room de David Fincher - donne à voir des rues qui se reflètent - troubles formes aléatoires - sur la façade vitrée du bâtiment de l’O.N.U. à New York et nous rappelle - selon une constante de mise en abyme chez Hitchcock - que cette façade d’immeuble (ou écran) n’est qu’un reflet déformé de la vie (ou film) en une sorte d’illusion en tout point conforme à la re-présentation cinématographique. Il annonce ainsi une seconde mise en abyme à venir : Thornhill sera lui aussi le jouet des illusions, lui dont l’identité, semblable aux images du générique, va se troubler puis s’effacer sous l’effet d’un simple hasard. On peut d’ailleurs noter que le passage du générique au film, qui se fait par un effet de surimpression transcrivant les reflets déformés sur les vitres dans leur réalité, insiste sur la densité et l’ordonnancement urbain de la fourmilière humaine : ici, une entrée d’immeuble vomit des citadins en rangs serrés ; là, des files d’employés canalisés suivent le même escalier ; ici et là, tous, regroupés et pressés, se hâtent vers les mêmes bus ou se disputent les mêmes taxis. Un insistant tableau des vies modernes dont le travail rythme inlassablement une journée monocorde et sculpte tant de visages montrés, de façon insistante et répétitive, pareillement fermés et absents, semble-t-il, à eux-mêmes. En une seule séquence de deux minutes, rythmée par une musique de rupture et dissonante qui martèle le mal-être, Hitchcock donne au spectateur la sensation d’étouffer devant ces dizaines de vies robotisées reproduites à l’identique et qui paraissent, en dépit de ce mouvement et de cette agitation, tourner à vide et se répéter mécaniquement. D’ailleurs, plus avant dans le film, à la 36ème minute, lorsque le réalisateur saisit Thornhill en fuite après le meurtre à l’O.N.U. il reprend, en un plan saisissant, le thème du début de film. Un regard caméra fixe, quasi aérien, filme, en plongée, le personnage central comme verticalement écrasé par la masse démesurément haute d’une façade d’immeuble, rapetissé et devenu lilliputien à l’égal d’une fourmi. Outre que le réalisateur traduit ainsi visuellement le poids de la culpabilité qui pèse sur Thornhill, il évoque en parallèle le thème, récurrent dans les années 1950, de l’homme moderne coupé de ses racines naturelles, égaré dans un univers citadin déshumanisé, par trop prévisible, voire aseptisé et peu propice à son épanouissement.Et, précisément, Thornhill, par son enlèvement même, va être extrait de la Ville moderne, écrasante et tentaculaire (puisque le générique et la séquence d’introduction représentent New York, la Ville par excellence,), pour être replacé - et ressourcé - dans la Nature même au cours de séquences au bord de l’océan (tentative d’assassinat en voiture), le long d’un fleuve - sans doute l’Hudson - (trajet en train pour fuir New York), dans la campagne (mitraillage de l’avion dans un champ de maïs) et au cœur de la montagne (poursuite finale sur les flancs du Mont Rushmore).
Mais ce retour à la Nature n'a de sens que parce qu'il est retour sur soi. Cette vie trépidante des grandes villes que mène cet agent publicitaire de Manhattan, plein d'assurance, tel que nous l'est montré Roger Thornhill, le conduit dans une impasse : deux fois divorcé, célibataire, il vit toujours dans le giron de sa mère, se complaît à boire dans les bars, entre hommes, tyrannise sa secrétaire et se conduit comme un goujat en s'emparant cyniquement du taxi déjà retenu par un autre.
N’est-ce pas précisément le sens de ses initiales « R.O.T.. » -Roger 0 (« zéro ou rien ») Thornhill ainsi qu’il le précise à Eve, mais qui peut aussi se traduire par « (to) rot/pourrir » - qui figurent sur sa boîte d’allumettes, comme nous le découvrons dans le train avec Eve ? D’où sans doute la signification profonde du plan de la 5ème minute du film qui le montre de face avançant irrésistiblement vers la caméra — le travelling arrière donne même l’impression que son charisme la fait reculer — lorsqu’une main se pose sur son épaule et l’ arrête, ou, plus exactement, arrête, très symboliquement, ce personnage et le cours superficiel de sa vie. Du reste, c'est ainsi que l'on interprètera le quiproquo (Thornhill pris pour Kaplan pris pour Thornhill) comme la transcription symbolique dans le récit même du thème de cette crise d'identité et de la nécessité de changer sa vie. Le hasard fait bien les choses...
La nature ou l’espace d’une métamorphose
Bref, le titre, puis le générique, permettent de centrer l'enjeu du film sur ce thème de la métamorphose à venir d'un Thornhill devenu, pour les uns, le redoutable et bien réel Kaplan (point de vue des espions de Vandamm), et, pour les autres, le parfait simulacre d'un leurre (point de vue de la C.I.A. du professeur). On retrouve ainsi le schéma familier dans les films de Hitchcock, celui de l'innocent considéré comme un coupable et qui doit se justifier de ne point l'être : or, Thornhill ne peut convaincre personne (y compris sa propre mère) de sa bonne foi et se retrouve seul contre tous, qu'il s'agisse des autorités légales qui le traquent ou des espions qui le poursuivent. Alors qu'il régnait sur ses collaborateurs et ses clients dans sa sphère professionnelle, Thornhill n'est plus désormais qu'un Candide invoquant sa bonne foi, une voix clamant une innocence perdue dans le désert et le désordre d'un univers cynique sans foi ni loi qui bafoue tous ses repères.
Cette identité perdue - ou plutôt qui lui a été volée -, Thornhill aura à la reconquérir dans le mouvement qui l’emporte à travers l’espace des Etats-Unis, de même qu’il aura à sortir de l’extrême solitude dans laquelle sa situation l’a conduit en faisant confiance à autrui et, surtout, non sans mal, à se montrer généreux et altruiste. Ce citadin bien ordinairement égocentrique se trouve ainsi entraîné dans un mouvement qui va lui permettre de se métamorphoser : l’agent publicitaire célibataire, sédentaire et casanier de New York qui règne sur les mots et qui vit avec sa mère plonge malgré lui dans une vie inversée où il voyage d’aventures en aventures, perd toute certitude, agit et met son existence en danger, et où il rencontre Eve - la Femme (biblique ?) par excellence - Kendall. C’est à son contact - très symboliquement située au cœur du film (à la 55ème minute d’un film qui en compte 130) - qu’il amorce et achève sa mue : de la compétition urbaine à la mise en danger dans la nature, il quitte le quotidien routinier et se confronte aux périls pour se trouver et se construire selon une thématique que Spielberg reprendra pour le David Mann de son Duel. Mais le camion qui, après l’avoir mis en danger, redonne vie au personnage de David Mann (Duel), est, ici, la figure féminine par excellence sous les traits attirants d’une Eve Kendall fascinante de duplicité.
On pourrait même voir ce voyage effréné, quasiment en ligne droite à travers l’espace américain (New York-Chicago-Prairie Stop/route 41-Chicago/Hôtel Ambassador/Salle des Ventes-Rapid City dans le Dakota du Sud-Mont Rushmore), comme une véritable Carte du Tendre, dès lors que la rencontre avec Eve Kendall scelle définitivement le destin du personnage. De même que Thornhill est Kaplan pour tous, sauf pour la C.I.A. ; de même, Eve est la complice de Vandamm (après la scène de séduction dans le train, elle envoie aussitôt un billet à Vandamm), sauf, encore une fois, pour la C.I.A. La même ambiguïté définit les deux personnages aux yeux des autres et de leur rencontre ne peut naître que la vérité pour tous, y compris pour le spectateur.
C’est en effet la relation mouvementée entre Thornhill et Eve qui donne au scénario sa profonde unité et apporte au film sa touche d’émotion. On notera que les trois situations qui les mettent en présence - en accord profond avec l’enjeu du film : le mouvement - ont pour cadre trois lieux différents : le train qui les fait se rencontrer entre New York et Chicago ; la chambre de l’Hôtel Ambassador et la Salle des Ventes de Chicago qui cristallisent leur différend ; Rapid City et le mont Rushmore qui scellent leur union. La rencontre (55ème minute) se fait sur le mode de la séduction réciproque, même si l’on apprend peu après qu’Eve est en mission pour le compte de Vandamm et qu’elle apparaît donc comme une aventurière aux yeux du spectateur.
Le retour de Thornhill (75ème minute), forcément imprévu pour Eve qui l’a envoyé à la mort, est l’occasion pour Hitchcock de nous offrir l’une des plus belles litotes amoureuses de cinéma. Alors que Thornhill s’introduit dans la chambre et pense la démasquer, Eve, sans un mot, bouleversée par la soudaine apparition de celui qu’elle croyait mort, court se jeter dans ses bras au point que Thornhill, désarçonné par ce mouvement spontané qui jette à bas ses certitudes, reste les bras ouverts. La mise en scène est simple mais efficace : filmés en un champ/contre-champ qui signifie leur différend, les deux personnages sont ensuite rapprochés par le travelling latéral de la courte course d’Eve vers Thornhill, avant d’être unis dans le plan qui fait brièvement communier les deux corps.Mais non les esprits.
Car la suspicion née du rôle joué par Eve doit préalablement être levée. La liaison contrariée entre les deux personnages est désormais liée à l'énigme de Kaplan et résoudre l'une revient à comprendre l'autre.
C'est au cours de la séquence suivante de la vente aux enchères que la confrontation entre les deux personnages, par Vandamme interposé, atteint son climax. Thornhill affronte Eve dont il met en doute la moralité, l'humilie par ses sous-entendus sexuels et la fait sortir de ses gonds, cependant que Vandamm découvre qu'Eve lui dissimule des faits. La mise en scène est judicieusement organisée : Eve est assise entre les deux hommes qui sont debout, serrés contre elle, et s'affrontent verbalement. Sa position assise, de même que la main de Vandamm posée sur son épaule en un signe absolu de possession, dénote la situation d'infériorité de toute femme que se disputent deux hommes ; à sa passivité de victime des deux mâles s'ajoute l'humiliation qu'elle subit du fait des allusions sexuelles machistes quant à sa moralité. La scène prend une dimension universelle en ce qu'elle ne condense que trop bien le rôle de victime qui est souvent celui de toute femme, jouet de la rivalité entre hommes.C’est après le pseudo meurtre de Thornhill (102ème minute) que se place enfin l’explication entre les deux personnages si attendue par le spectateur. Eve s’y révèle à un Thornhill qui lui demande :
- Thornhill : « - Pourquoi as-tu eu si peu de chance dans la vie ?:
- Eve : - A cause d’hommes comme toi.
- Thornhill : - Qu’ont-ils de mauvais les hommes comme moi ?
- Eve : - Ils ne croient pas au mariage.
- Thornhill : - Mais je me suis marié deux fois.
- Eve : - C’est bien ce que je disais. ».
De son côté, Thornhill répond à Eve qui lui demande pourquoi ses femmes ont divorcé : « Elles me trouvaient trop casanier. » Désormais, les deux personnages ont surmonté leurs différences et se sont trouvés au moment même où leur vie est en danger.
Bref, à travers cet espace géographique à parcourir, le héros accomplit, métaphoriquement, un itinéraire personnel. Tel un moderne Ulysse (Thornhill n’associe-t-il pas lui-même Eve Kendall à Circé lors de leur première rencontre : « Que faites-vous à part jouer les Circé ? » lui demande-t-il ?!), à travers cette Odyssée qui le confronte à tous les dangers (ennemis qui en veulent à sa vie, femme qui charme et trompe, épreuves successives dont il faut triompher), il se dirige vers son Ithaque (« Si nous en réchappons, rentrons ensemble à New York. C’est une proposition de mariage, fait-il miroiter à Eve sur le mont Rushmore»). Si Ulysse retrouve dans ses foyers une Pénélope fidèle, Thornhill, de son côté, va au-devant du danger et conquiert une Eve aventurière mais sentimentale qui est possédée par Vandamm et ignominieusement utilisée par la C.I.A. ; ce qu’il reproche avec véhémence au Professeur :
- Thornhill : « Vos méthodes me déplaisent, Professeur.
- Le Professeur : - C’est la guerre, même si c’est une guerre froide.
- Thornhill : - Plutôt que d’éliminer des Vandamm en obligeant des femmes à coucher avec eux et à se sacrifier, vous devriez la perdre cette guerre froide ! ».
Révolté par les deux camps, il prend l’initiative de désobéir aux consignes du "Professeur", et élimine, précisément comme Ulysse pour Pénélope, les prétendants d’Eve (l’espion Vandamm et la cynique C.I.A.) et la libère du double esclavage qui était le sien. Alors qu’il était jusqu’alors le jouet des événements depuis son enlèvement, il reprend en main son destin et retrouve une identité en devenant in extremis le héros du film, en tant que protecteur de la femme aimée et défenseur des valeurs morales contre le cynisme des autorités.
A l’issue du film, preuve est ainsi faite que l’espace du voyage (1) à travers les Etats-Unis transcrit bien un mouvement intérieur : à l’homme ordinaire, superficiel et inachevé du début s’est substitué in fine un personnage généreux, intrépide et comblé. Devant résoudre l’énigme Kaplan et se retrouver, Thornhill a ainsi fait voler en éclats le jeu social des apparences et a découvert la vérité d’Eve et sa vérité en Eve. Tous deux sont enfin disculpés au regard des autres, mais surtout à leurs propres yeux, et il reste à Hitchcock à nous ravir des trois derniers et malicieux plans : le mouvement de Thornhill qui tire Eve de l’abîme du Mont Rushmore (plan 1) s’achève dans la couchette (plan 2) du train qui les emporte dans le tunnel (plan 3) en un puissant « symbole phallique », selon les termes mêmes du réalisateur.Ce film offre un véritable florilège du talent de Hitchcock. On admire les scènes de bravoure que sont le meurtre au siège des Nations-Unies, l'attaque de l'avion dans le champ de maïs, la vente aux enchères ou encore la poursuite sur le Mont Rushmore, et, notamment, la merveilleuse ellipse finale qui nous déplace, dans le même mouvement, de la situation périlleuse sur le Mont à l'intimité de la couchette du train ! On insiste aussi sur l'élégance et l'humour dans lesquels baignent le film : dialogues fréquemment à double sens et situations cocasses baignent dans un humour et une ironie qui, à aucun moment, ne nuisent au suspens soutenu de la poursuite, mais ménagent en permanence de bienvenus moments de détente. On songe, notamment, au double déshabillage, non d'Eva Marie Saint comme l'attend le spectateur, mais de Cary Grant comme n'osait l'espérer la spectatrice de l'époque !!! Quel malicieux contre-pied, qui se retrouve dans le plan qui filme Hitchcock en personne venant buter sur la porte fermée du car qui démarre sous son nez, le laissant fort marri sur le bord du trottoir !
On terminera par un ultime pied de nez (!!!) qu’adresse Hitchcock au spectateur. Ce Thornhill présenté à l’entame du film comme un cynique et revendiquant sa malhonnêteté face à Eve dans le train (Cf. ses initiales ROT) s’avoue au final être un «Sentimental» dans le dernier mot du film adressé à Eve. Donnerait-il ainsi raison à Vandamm qui lui reprochait lors de la vente aux enchères d’être « un mauvais comédien » qui a commencé par jouer les innocents, puis le fugitif avant de se montrer amant jaloux ?
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage », poétisait Du Bellay. Heureux comme Thornhill, bien sûr, mais aussi et surtout comme nous les spectateurs ravis de voyager dans ce beau film fait d’aventures, d’émotions et d’humour, en compagnie de deux acteurs à la beauté, au charme et à l’élégance si rares.
NOTE :
(1) Pour en revenir à la symbolique des noms dans les films de Hitchcock, on pourrait considérer que le voyage se trouve inscrit dans le nom même du personnage, Thornhill : Thorn étant l’anagramme de North, direction suivie par le héros et hill désignant le but du voyage, la colline du Mont Rushmore, lieu de sa métamorphose et de son accomplissement.
2. Synopsis détaillé
Le publiciste Roger Thornhill sort d’un immeuble d’affaires en compagnie de Maggie, sa secrétaire, à laquelle il dicte ses directives qu’il pimente de remarques générales plutôt cyniques sur son métier et les gens. Il salue le garçon d’ascenseur, mais n’écoute pas sa réponse. Il charge son assistante d’envoyer une lettre à une certaine Gretchen, mais utilise une formule passe-partout. Il prétexte un malaise de Maggie pour passer devant un homme qui s’apprête à monter dans un taxi et lui prendre la place. Au reproche qu’elle lui fait d’avoir menti, il lui assène un « Nous autres les publicistes, nous ne mentons jamais, nous exagérons la vérité. Vous devriez le savoir. » Puis il lui demande de prévenir sa mère qu’ils iront au restaurant et au théâtre le soir même. Il descend devant le Plazza hôtel où l’attend un rendez-vous avec trois hommes d’affaires. Mais il est préoccupé car il pense que sa secrétaire ne pourra joindre sa mère et décide de lui envoyer un télégramme. Il lève donc le bras pour appeler le chasseur au moment même où l’on appelle un certain George Kaplan. Deux hommes en retrait, sans percevoir la coïncidence, le prennent pour ce George Kaplan et, lorsqu’il se lève, l’interceptent et le forcent à les accompagner jusqu’à une voiture. [6mn25]
Conduit dans une belle demeure appartenant à un certain Townsend, il est interrogé sur ses activités par un certain Vandamm. Il a beau nier être le George Kaplan dont on lui évoque les nombreux voyages et changements d’identité, et invoquer sa bonne foi, Vandamm se refuse à le croire et lui fait comprendre que son silence équivaut à un arrêt de mort. On le force alors à boire de l’alcool et, lorsqu’il est ivre mort, ses ravisseurs l’installent dans une auto qu’ils entendent précipiter dans l’océan. Mais, émergeant des brumes de l’ivresse, Thornhill s’empare in extremis du volant. Après avoir failli provoquer plusieurs accidents, il est pris en chasse par la police qui finit par l’arrêter. [20m32] Le juge qui l’entend ne croit pas à son histoire – pas plus que sa mère -, mais organise une visite dans la maison où il a été séquestré. La maîtresse des lieux, à l’évidence une complice de Vandamm, confirme sa présence la veille au soir, insiste sur son fort penchant pour l’alcool durant la soirée : bref, les apparences sont contre lui et il doit payer l’amende fixée par le juge. [25mn42]
En compagnie de sa mère, il se rend alors à l’hôtel où était censé se trouver le nommé Kaplan d’après ses ravisseurs, demande la chambre 796 qu’il occupe et s’aperçoit que le personnel l’appelle Kaplan, ce dernier n’ayant jamais été vu par quiconque. Bientôt le téléphone sonne : ce sont ses ravisseurs qui ont beau jeu de lui démontrer qu’il est bien George Kaplan puisqu’il se trouve dans la chambre de ce dernier. Apprenant que l’appel a été donné depuis le hall de l’hôtel, Thornhill presse sa mère de quitter les lieux. Mais les ravisseurs se trouvent déjà dans l’ascenseur. Alertée par des signes de son fils, Mme Thornhill se tourne vers eux en leur demandant s’ils veulent toujours tuer son fils. Dans la confusion qui s’ensuit, Thornill en profite pour s’extraire du piège de l’ascenseur et prendre un taxi : il décide de se rendre au siège des Nations-Unies. Mais il est poursuivi par ses ravisseurs. [33mn28] Plus que jamais désireux de prouver son innocence, il demande à voir le diplomate Townsend chez qui il a été séquestré et découvre que ce n’est pas cette personne qui l’a menacé, avant que ce dernier ne s’affaisse dans ses bras, assassiné par les sbires de Vandamm. Pour tous les témoins de la scène, il est sans le moindre doute l’assassin. [37ème mn]
Au siège de la CIA, de hauts fonctionnaires s’interrogent sur ces événements : ils découvrent que l’agent fictif George Kaplan, qu’ils avaient créé virtuellement pour inquiéter l’espion international Vandamm, se trouve brusquement doté d’une réalité. Leur chef, « le Professeur » décide donc de ne pas intervenir pour profiter de cette situation inédite, quels que soient les risques encourus désormais par Thornhill. [39mn47]
Ce dernier, désormais aux abois puisqu’il est poursuivi par toutes les polices, téléphone, de la gare, à sa mère pour la rassurer : il va essayer de retrouver Kaplan à Chicago pour prouver son innocence et quitter New York en train. Mais le guichetier le reconnaît d’après la photo publiée dans les journaux et alerte la police. Poursuivi, Thornhill s’engouffre dans un train. Mais les policiers surgissent. Une femme qu’il croise dans le couloir le voit se cacher et, comprenant la situation difficile dans laquelle se trouve le fuyard, leur ment en indiquant qu’il est descendu du train. Il la remercie et se retrouve à sa table au moment du repas. Ils font connaissance et elle se montre peu farouche, voire aguicheuse. Elle se nomme Eve Kendall et sait qui il est. Elle l’invite à se dissimuler dans sa couchette lorsque des inspecteurs montent à bord du train et viennent l’interroger. [52ème mn] Entre deux tendres effusions, Eve propose à un Thornhill aux anges de rester caché dans sa chambre d’hôtel pendant qu’elle ira à la recherche de Kaplan. Ainsi ne sera-t-il pas repéré par la police. Pourtant, pendant la nuit, elle a envoyé un message énigmatique (« Que dois-je faire de lui ce matin ? ») à… Vandamm présent dans le train en compagnie de Leonard, son homme de main ! [57ème mn] Le matin, à 9h10, elle paie un porteur de bagages pour qu’il laisse son uniforme à Thornhill qui l’accompagne ainsi déguisé, déjouant les contrôles policiers. Puis elle téléphone non à Kaplan, mais à Leonard qui la conseille sur la marche à suivre. Lorsque Thornhill réapparaît après avoir troqué les vêtements du bagagiste contre les siens, elle lui donne les prétendues instructions du pseudo Kaplan : il doit prendre le car pour Indianapolis qui quitte Chicago à 14 heures et descendre à Prairie stop, route 41, à 1h30 de la ville, où il sera attendu à 15h30. Très émus, ils se séparent. [63ème mn]
Après une longue attente dans un paysage immensément plat et quasiment désertique, seulement troublé par le passage de deux véhicules et l’arrivée puis le départ d’un passager déposé par une auto à l’arrêt de bus, Thornhill voit brusquement un avion qui déverse des pesticides sur des récoltes piquer sur lui et le mitrailler à deux reprises. Il court alors se dissimuler dans un champ de maïs voisin jusqu’à ce que, apercevant un camion citerne s’approcher, il en sorte en faisant de grands signes pour que le véhicule s’arrête et puisse le prendre à son bord. L’avion amorce alors un demi tour et pique de nouveau sur Thornhill face au camion obligé de freiner en urgence. Pour l’éviter, Thornhill se renverse, et, à moitié engagé sous le camion et allongé sur le macadam, se retourne pour voir l’avion descendre de plus en plus bas, partir en vrille et venir percuter contre le camion citerne qui explose aussitôt. Des automobilistes s’arrêtent et Thornhill en profite pour s’emparer d’un véhicule et faire demi tour vers Chicago. [73ème mn]
Il se rend alors à l’Hôtel Ambassador où est censé être descendu Kaplan et découvre la duplicité d’Eve qui lui a transmis un prétendu message du susnommé peu après 9 h, alors que, selon le chasseur, Kaplan a quitté l’Hôtel dès 7 h10 pour Rapid City dans le Dakota du sud. Puis il voit Eve traverser le hall et la rejoint inopinément dans sa chambre. Cette dernière semble vivement émue de le revoir vivant mais reprend aussitôt ses esprits devant la froideur de Thornhill et poursuit son double jeu. Thornhill persifle et montre son amertume. Un coup de téléphone interrompt leur jeu. Son correspondant fixe un rendez-vous à Eve qui le note sur un papier qu’elle glisse dans son sac. Brusquement, elle demande à Thornhill de s’en aller et de l’oublier. Décontenancé, Thornhill insiste pour obtenir un sursis en guise de dîner d’adieu ; ce qu’elle finit par accepter. Il feint de prendre une douche en attendant que son costume envoyé au service de nettoyage soit prêt. Eve en profite pour quitter la chambre en catimini. Thornhill aux aguets crayonne la feuille du bloc-notes qui a servi d’appui à Eve pour écrire le message qu’elle a reçu et peut ainsi lire en surimpressionlit le lieu du rendez-vous : il s’agit d’une Galerie d’art. [82ème mn]
Il s’y rend et découvre dans la salle Eve en compagnie de Vandamm qui participe à une vente aux enchères. Comprenant qu’elle est sa maîtresse, ulcéré, il apostrophe Vandamm et Eve, au bord des larmes, à qui il exprime son mépris. Dans la salle se trouve aussi « le Professeur » qui suit la scène avec intérêt. Mais Vandamm a donné des ordres à ses hommes de main pour qu’ils s’emparent de celui qu’ils prennent toujours pour Kaplan. Thornhill trouve la parade : il attire l’attention sur lui en surenchérissant de façon absurde sur les offres et perturbe la vente jusqu’à ce que deux policiers viennent l’interpeller. Dans la voiture qui l’emmène, il révèle son identité et les policiers qui en réfèrent à leurs supérieurs reçoivent par radio l’ordre de le conduire à l’aéroport. [92ème mn]
« Le Professeur » les rejoint et donne à Thornhill les explications sur les événements qui lui sont arrivés : il a pris, sans le savoir, la place d’un George Kaplan imaginé par la CIA pour détourner l’attention de l’Organisation dirigée par un Vandamm chargé de faire sortir des Etats-Unis des microfilms au profit d’une puissance étrangère. Ce dernier s’apprête, depuis sa maison sur le Mont Rushmore, à organiser sa fuite à l’étranger. Devant le refus de Thornhill de l’accompagner, « Le Professeur » ajoute que Eve Kendall est leur agent et qu’elle a été mise en danger par son esclandre lors des enchères. Bouleversé, Thornhill accepte alors de monter dans l’avion en compagnie du « Professeur » pour se rendre au Mont Rushmore. [96mn30]
Thornhill – qui se présente sous l’identité de George Kaplan -, donne rendez-vous à Vandamm et lui propose un marché : il protègera sa fuite en échange d’Eve dont il souhaite se venger en la livrant aux autorités. Sur ces entrefaites, Eve apparaît et une violente altercation l’oppose à Thornhill-Kaplan au point que, pour se débarrasser de lui, elle sort un pistolet de son sac et fait feu à deux reprises avant de prendre la fuite. Leonard s’assure de la mort de Thornhill qui est emmené à l’hôpital. [102ème mn]
Mais ce n’est qu’un stratagème utilisé par la CIA pour tromper les espions et leur faire croire que Thornhill-Kaplan est mort ; ainsi Eve pourra-t-elle accompagner les espions dans leur fuite et récupérer les microfilms volés. Thornhill et Eve se rencontrent sous l’égide du professeur et se réconcilient. Mais Thornhill apprend que Eve doit accompagner Vandamm dans sa fuite pour pouvoir récupérer les microfilms. Conscient du danger qu’elle court, il veut s’y opposer, mais il est mis hors d’état de nuire et placé sous surveillance par « le Professeur » pendant que Eve rejoint Vandamm. Thornhill parvient à s’enfuir et rejoint par ses propres moyens la villa de Vandamm. [110ème mn]
Il escalade la façade de la maison, se poste au bord d’une fenêtre et cherche vainement à prévenir Eve. Mais il surprend une conversation entre Vandamm et Leonard qui démontre à son chef que Eve a menti et a tiré sur Thornhill avec un pistolet à blanc. Vandamm décide d’emmener Eve et de l’éliminer au-dessus de l’océan. Désormais, Thornhill doit prévenir Eve de ne pas accompagner Vandamm. Il parvient à entreer dans la villa et à lui envoyer un message en lui lançant une boîte d’allumette - allusion à leur rencontre dans le train - à ses initiales R.O.T. Elle monte à l’étage où il se trouve et apprend de sa bouche qu’elle est démasquée. Mais elle doit suivre Vandamm qui s’impatiente. De son côté, Thornhill est retardé par une complice des espions qui l’a surpris et le met en joue. Il finit par l’éliminer et sort de la maison au moment où Vandamm, Leonard et Eve sont sur le point de monter dans l’avion. Eve arrache alors à Vandamm la statuette contenant les microfilms et monte dans l’auto dont s’est emparé Thornhill. Mais le portail est fermé et ils sont tous deux contraints de s’enfuir à pied à travers les bois, poursuivis par les espions qui font feu sur eux. Ils se retrouvent au sommet du Mont Rushmore et entament une périlleuse descente. Rejoint par l’un des hommes de main, Thornhill se défait de lui ; puis il se porte au secours d’Eve qui est poussée dans le vide par Leonard mais parvient à s’agripper à un rocher, avant d’être saisie par la main de Thornhill. Toutefois, Leonard triomphe : du pied, il écrase la main de son ennemi pour qu’il lâche prise. Un coup de feu retentit et Leonard tombe dans le vide : les hommes du « « Professeur » sont intervenus à temps. Eve et Roger sont sauvés et on les retrouve mariés… enlacés sur la couchette d’un train qui s’engouffre à vive allure dans un tunnel... [130ème mn]
3. Fiche technique
- Date :1959.
- Titre original : North by Northwest.
- Réalisation et production : Alfred HITCHCOCK.
- Scénario : Ernest LEHMAN.
- Directeur de la photographie : Robert BURKS.
- Montage : George TOMASINI.
- Son : Franklin MILTON.
- Musique : Bernard HERRMANN.
- Générique : Saul BASS.
- Extérieurs : New York (Long Island), Chicago, Rapid City (Mont Rushmore), Dakota du Sud (National Memorial).
- Distribution : Metro-Goldwyn-Mayer.
- Durée : 136 minutes.
Distribution :
- Roger Thornhill : Cary GRANT.
- Eve Kendall : Eva Marie SAINT.
- Philipp Vandamm : James MASON.
- "Le Professeur" : Leo G CARROLL.
- Clara Thornhill : Jessie Royce LANDIS.
- Leonard : Martin LANDAU.
- Lester Townsend : Philip OBER.
- La fausse Mrs Townsend : Josephine HUTCHINSON.
- Valerian : Adam WILLIAMS.
- Le commissaire-priseur : Les TREMAYNE.
- Victor Larrabee : Edward PLATT.
- Licht : Robert ELLENSTEIN.
- Le docteur Cross : Philip COOLIDGE.
- Le capitaine Junket : Edward BINNS.
4. Édition DVD zone 2
- Image : L’image a été restaurée et le résultat final est d’une grande qualité : contours précis, chaudes couleurs parfaitement saturées et beaux contrastes lors de la séquence finale. On doit mentionner un léger recadrage du format originel (1.78 au lieu de 1.66).
- Son : langues et formats : anglais (Dolby Digital 5.1), français (PCM Mono). Sous-titres : anglais, espagnol, français, allemand, arabe, hollandais, italien, espagnol. Le remixage en Dolby Digital 5.1 reste des plus discrets et ne se fait vraiment remarquer que lors de la collision entre l’avion et le camion.
- Suppléments : trois des sujets proposés sont intéressants. D’abord, Chez Hitchcock : le tournage de La Mort aux trousses (durée : 38 mn). Le sujet est présenté par Eva Marie Saint, toujours belle malgré les années écoulées. On y voit Patricia Hitchcock, Ernest Lehman, Eva Marie Saint elle-même et Martin Landau livrer leurs souvenirs du tournage ; cela contribue à enrichir le film et à nous le rendre plus proche. Ensuite, le Commentaire audio du scénariste Ernest Lehman qui livre des informations, bien sûr, toujours intéressantes , même si elles sont parfois simplement anecdotiques. Enfin, la bande-sonore avec la musique de Bernard Herrmann qui, ainsi isolée, permet d’apprécier plus encore la célèbre musique. En compléments, le DVD propose un spot TV, une galerie d’images mortes, deux bandes annonces et une filmographie.
5. Bande annonce
La bande annonce originale du film (1959).
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