Frozen River de Courtney Hunt

Intérêt
Primé au Festival de Sundance en 2008, ce premier film de Courtney Hunt mérite bien sa récompense pour l'originalité de son propos et le choix d'un cadre spatio-temporel judicieux.


Table des matières

1. Analyse


Le premier mérite de Courtney Hunt est d'avoir su parfaitement accorder les décors de son film au récit qu'elle propose et de construire habilement son histoire sur la figure de l'opposition pour mieux faire ressortir les contradictions auxquelles sont confrontées ses personnages : d'un côté, une volonté indomptable, celle de Ray ; de l'autre, le flou d'un lieu aux limites imprécises peuplés de personnes insaisissables, qu'il s'agisse du mari fugueur introuvable, d'une Mohawk impénétrable, d'un patron reniant ses promesses, ou encore d'un garçon rebelle mais aimant.

Le cadre du film évoque le Saint-Laurent, entre le nord de l'état de New York et le Québec, pris par la glace en plein hiver. Un hiver incarnant la misère sociale et le mal être des personnages, qu'il s'agisse de Ray mère de deux enfants en situation d'autant plus précaire que son mari, joueur invétéré, vient de s'enfuir avec ses économies destinées à finir de payer ses crédits ; ou de Lila en mal d'un enfant dont elle a été dépossédée par sa propre famille.

L'originalité du film réside pour l'essentiel dans une construction qui confronte le désir d'immobilité dans le bonheur au mouvement désordonné de la vie. D'un côté, la réalisatrice montre Ray, une femme volontaire, magnifique de force et de courage (non sans préjugé, par exemple sur les clandestins pakistanais forcément terroristes), qui agit pour installer dignement sa famille en une lutte symbolisée par l'idée fixe de l'obtention d'un nouveau mobile home  plus vaste, confortable, sûr et mieux adapté à sa famille que l'actuel. D'un autre côté, à l'inverse, la réalisatrice choisit comme décor une géographie de l'incertain représentée par une zone frontière imprécise entre deux pays (Etats-Unis et/ou Canada) ou entre deux territoires (deux pays et/ou l' enclave indienne des Mohawks).

Bref, le film déroule le récit métaphorique d'un combat pour la dignité qui induit la nécessité du mouvement pour franchir les frontières établies par la société , qu'elles soient individuelles, sociales ou ethniques – et, ce faisant, s'affranchir de la légalité en en payant le prix. Frontière individuelle qui paralyse Lila dont la soumission à sa famille lui interdit de vivre avec son fils ; frontière sociale qui relègue Ray dans un emploi subalterne loin des promesses de promotion qui lui ont été faites ; frontière ethnique, enfin, qui empêche les groupes humains de communiquer pour un mieux vivre ensemble.

Dans sa description de la pauvreté - emploi à mi-temps insuffisant pour vivre décemment, ce qui entraîne un recours au crédit ; promesse de promotion jamais tenue ; famille éclatée dont la survie repose sur la seule femme-, le film évoque, de façon pertinente, le mécanisme du prêt, crédit toxique qui piège les plus pauvres en les endettant au-delà de leurs possibilités, de sorte que le moindre imprévu leur fait perdre ce qu'ils ont commencé à payer : la crise de 2007 et le scandale des subprimes est, de la sorte, saisie à sa source. Ainsi en est-il pour Ray qui va perdre l'avance qu'elle a payée pour la livraison du préfabriqué (ou l'achat de son écran plasma) si elle ne règle pas le complément dû lors de la livraison.

Si l'univers spatial du film fait écho au mal être des personnages comme il a été dit, le choix de l'époque à laquelle se déroule le récit est tout aussi judicieux. Ce sont, en effet, au cours des fêtes de Noël que les personnages affrontent leur destin. La fin du film dessine alors, peu ou prou, les contours du conte de fée. Un premier « miracle », comme le nomme Lila, sauve un nourrisson de la mort et ce « signe » la conduit à prendre enfin la décision qui s'impose pour « sauver » son propre enfant ; c'est, ensuite, son choix de se substituer à Ray auprès des deux enfants de cette dernière qui permet la livraison, si longtemps différée, du mobile home grâce à l'argent que lui a valu le passage des clandestins. Ray n'a plus alors qu'à purger sa courte peine de prison pour retrouver une « nouvelle » famille, enfin apaisée, cette fois...

C'est, aussi, le sens du film que de faire briller, au cœur des ténèbres du malheur, une lueur d'espoir par la promesse d'une évolution psychologique des personnages - voire d'une véritable rédemption. Qu'il s'agisse de Lila ou de Ray, ces deux femmes ont su apprendre de leurs mésaventures pour se transformer : Ray n'hésite pas à choisir une illégalité toute provisoire pour améliorer sa situation ; à l'inverse, Lila prend la résolution de porter les lunettes qui lui permettront d'avoir un emploi, d'abandonner le convoyage de clandestins et de vivre enfin avec son fils.

Pour finir, on soulignera combien le suspens – bien que film d’auteur, Frozen River n’oublie pas les règles du thriller - est ménagé par la réalisatrice à tous les niveaux du récit. Cette glace, qui recouvre le fleuve et filmée dans un gris minéral, est comme un sombre miroir sur lequel ricochent les inquiétudes du spectateur : supportera-t-elle le poids de la voiture en route vers l’illégalité ? Ce passage répété de l’automobile aux clandestins devant le poste frontière ne finira-t-il pas par éveiller la suspicion des policiers ? Ray va-t-elle trouver le complément d’argent qui lui évitera de perdre ce qu’elle a déjà versé ? Que vont devenir ses enfants si elle est jetée en prison ?


2. Synopsis détaillé


Le film s’ouvre sur une immense étendue glacée. Le générique défile cependant que la caméra donne à voir un semi remorque s’arrêtant à la frontière séparant le Canada des Etats-Unis. A l’écran un panneau inscrit l’information « Bienvenue à Massena port de la Quatrième côte ». Dans sa voiture arrêtée devant un préfabriqué installé sur un terrain vague enneigé, Ray, une femme d’une cinquantaine d’années en robe de chambre, préoccupée, au visage fatigué, tire sur sa cigarette et essuie ses larmes en constatant que la boîte à gants est vide : l’argent de ses économies, caché dans la boîte à gants, a été volé par son mari qui a quitté le domicile conjugal. La séquence suivante la montre en train de s’habiller dans le préfabriqué pendant qu’un enfant se prépare à partir pour l’école. A l’extérieur, sous le regard d’un adolescent de 15 ans, arrive un camion tractant un mobile home tout neuf destiné à remplacer celui de Ray. Mais le conducteur refuse de le livrer si on ne lui règle pas les 4.372 dollars restant. La femme prétexte un départ imprévu de son mari, Troy, pour expliquer qu’elle ne peut payer tout de suite. Mais le livreur, M. Versailles, est inflexible : si elle ne paye pas d’ici Noël, elle perdra son l’acompte de 15 00 dollars déjà versé, d’autant plus qu’il est déjà venu une première fois pour rien. Ray insiste et, pour le convaincre, affirme qu’elle va devenir gérante de Yankee One Dollar où elle travaille, ce qui lui permettra de s’acquitter de sa dette, et l’implore de laisser le mobile home. Versailles refuse et s’en va avec son chargement, au grand désespoir de l’enfant. L’adolescent reproche à sa mère de mal avoir dissimulé l’argent que son père a volé à sa mère, lui propose de se mettre à travailler et s’étonne qu’elle ne parte pas à la recherche de son mari. Les deux enfants s’en vont à l’école pendant que Ray, restée seule, se maquille en essuyant de nouveau des larmes. [6mn13]

La séquence suivante met en scène Lila, une jeune Mohawk qui se rend dans une salle de jeux, le Bingo Palace, cependant que Ray, en territoire Mohawk veut faire le plein d’essence mais, faute d’argent , elle doit se contenter de mettre pour 7,74 dollars. Elle se renseigne, en vain, pour savoir si on a vu la Dodge verte de son mari et se rend au casino où elle découvre la fameuse Dodge verte et pense que son mari, joueur compulsif, est à l’intérieur de la salle de jeux. L’employé la décourage. Pendant ce temps, Lila sort précipitamment du casino, s’engouffre dans la Dodge verte et démarre sous les yeux de Ray qui se met à la poursuivre aussitôt dans sa propre voiture jusqu’à une caravane où habite Lila. Cette dernière se défend d’avoir volé la Dodge puisqu’il y avait la clef dans le démarreur. Ray menace d’appeler la police mais Lila lui rappelle que seule la police tribale est habilitée à intervenir en territoire Mohawk et entre dans la caravane. Ray s’imagine un instant que son mari y est caché et tire un coup de feu dans la porte. De guerre lasse, Lila jette les clefs. Ray s’emploie à remorquer la Dodge mais la corde casse. Lila lui propose alors d’aller voir un ami qui lui achèterait la Dodge pour 2.000 dollars. Intéressée par la somme, Ray accepte de conduire Lila jusqu’à cet acheteur potentiel. [13mn26] La voiture doit traverser le fleuve gelé avant d’arriver devant l’acheteur qui se révèle être un passeur de clandestins et donne 1200 dollars à Lila pour qu’elle les convoie. Ray accepte, après discussion, de faire passer les clandestins en échange de la moitié de la somme. En chemin, Lila menace Ray du pistolet qu’elle lui a dérobé et confie que son mari est mort. Elle lève les craintes de Ray en lui signalant qu’étant blanche elle ne sera pas inquiétée par la police. Une fois livrés les deux clandestins, Lila reçoit de nouveau 1200 dollars. Sur le chemin du retour une brève bagarre entre les deux femmes tourne à l’avantage de Ray, bien qu’elle soit blessée ; Lila s’enfuie dans la neige. [20mn14] Ray retrouve son fils aîné en train de réparer un chalumeau pour, dit-il, le vendre. Ray lui interdit de le réparer. Il lui apprend que la télé sera saisie si l’échéance n’est pas payée et s’inquiète pour son père. Ray lui explique les derniers événements. [21mn47] De son côté Lila veut acheter une voiture mais le vendeur qui la connaît refuse de lui vendre une voiture avec coffre malgré les 1000 dollars qu’elle lui propose. Puis on la voit rôder près d’une maison et observer une femme s’occupant d’un bébé en laissant l’argent du convoyage au pied de la porte. [22mn57] Ray, chez elle, explique à T.J. qu’il doit manger encore du pop-corn jusqu’à ce qu’elle touche sa paie , donne quelques pièces pour le déjeuner de ses enfants, refuse que T.J. fasse du trafic avec un camarade pour gagner de l’argent et lui rappelle qu’il doit s’occuper de son petit frère. [26mn30]

Peu après,au magasin où elle travaille, elle interroge le gérant sur les promesses qu’il lui a faites, il y a deux ans, concernant un emploi à plein temps ; ce qu’il lui refuse préférant manifestement avantager son autre employée plus jeune. De retour devant le préfabriqué de Lila, Ray entreprend de remorquer sa voiture avec celle de son mari. Puis elle demande sa part du convoyage des clandestins à Lila, qui assure qu’elle a dépensé l’argent. Ray se propose pour un nouveau et dernier convoyage afin, dit-elle, de payer son mobile home. Lila accepte et se confie : elle a un enfant qui lui a été volé par sa belle-mère. Elle charge deux Chinois qui ont payé environ 50.000 dollars pour arriver jusque-là et doivent rembourser en travaillant des années. [32mn10] Pendant ce temps, T.J. Monte une arnaque : faire croire à une vieille femme qu’elle a héritée d’une grosse somme en échange de frais à payer immédiatement. [33mn20] Les deux femmes et leurs clandestins quittent le territoire mohawk et passent devant des policiers en embuscade qui les laissent passer : Lila apprend à Ray qu’elle s’est fait arrêter et qu’elle a dû payer une amende pour éviter trois mois de prison ; qu’elle a eu fait du trafic de cigarettes avec la complicité de certains policiers. Cette fois, Ray refuse de donner l’argent du passage à Lila affirmant qu’elle récupère ainsi sa part . [35mn] Chez Ray, la société de location se présente pour récupérer l’écran plasma qui n’est pas entièrement payé. Heureusement Ray arrive à temps pour payer le solde. A T.J. qui l’interroge sur l’origine de l’argent, Ray prétend avoir été nommée gérante adjointe et va, avec Ricky, le cadet, faire des achats. Le soir, la météo annonce des températures de -25° et de fortes chutes de neige. Ray apprend de T.J. que Ricky voudrait, comme cadeau de Noël, un circuit d’autos et lui certifie qu’ils auront le mobile home. Ricky s’inquiète de l’absence prolongée de son père et reproche à sa mère de l’avoir poussé à partir en raison de ses incessantes demandes d’argent. Ray demande à son fils de préparer l’arbre de Noël pour Ricky le lendemain et annonce qu’elle ira faire des courses. Puis elle compte l’argent qui lui reste après avoir payé l’écran plasma. [40mn30] Lila a perdu son travail car, voyant mal, elle ne pouvait compter l’argent. Bernie lui propose un poste de standardiste au casino. Mais elle n’est pas à l’aise et démissionne de son travail. Ray vient chercher Lila à sa caravane pour un nouveau passage de clandestins afin de pouvoir payer son nouveau mobile home. Elles s’arrêtent pour faire essence et Lila voit dans le magasin son enfant avec sa belle-mère. Ray assiste à la scène à travers la vitrine. Plus tard, les deux femmes doivent convoyer deux Pakistanais. Ray est inquiète et exige que le sac du couple reste dans l’habitacle, craignant qu’il ne renferme une bombe. Aussi, en route, se débarrasse-t-elle du sac en le jetant sur le bas-côté enneigé. Puis elle téléphone à Ricky en insistant pour qu’il aille se coucher faute de quoi le Père Noël ne passera pas. Quant à T.J. Il demande à son copain de l’école d’acheter pour lui le circuit auto, cadeau du Père Noël pour son petit frère. Il prépare le repas de la veillée quand il s’aperçoit que l’eau n’arrive plus : la canalisation a gelé. T.J. essaie de dégeler la conduite d’eau avec un chalumeau. [50mn40] Pendant ce temps les deux femmes débarquent les deux clandestins et apprennent que le sac jeté contenait un nourrisson : elles décident d’aller le rechercher. [52mn]

Le copain de T.J. lui livre le cadeau pour Ricky, mais T.J. s’aperçoit que le chalumeau qu’il a utilisé a mis le feu au préfabriqué ; il a beau l’éteindre, le préfabriqué est endommagé. Il prépare le Noël de son petit frère. Ray et Lila retrouvent le nourrisson, mais Lila pense qu’il est mort. Ray lui demande de le réchauffer lorsqu’elles sont prises en chasse par une voiture de policier qui les fait s’arrêter. Mais il leur signale simplement que le feu arrière ne fonctionne plus. Elles rendent le bébé à la mère pakistanaise et s’en reviennent : Lila pense qu’il s’agit d’un miracle. Sitôt chez elle, elle décide récupérer l’enfant qu’on lui a volé. Un choc contre la caravane lui fait découvrir une boîte dans laquelle elle découvre l’argent qu’elle avait donnée à sa belle-mère pour qu’elle élève son enfant. [61mn40] De son côté, rentrée chez elle, Ray aperçoit le cadeau pour Ricky, discute avec T.J. et vérifie si son mari l’a appelé. Le matin, Ricky s’enthousiasme pour son circuit auto quand un policier vient mettre en garde Ray contre Lila en précisant qu’elle est considérée comme une passeuse. Ray découvre alors le début d’incendie provoqué par T.J.et se dispute avec lui : on apprend qu’elle a tiré un coup de feu sur son mari parce qu’il volait les économies du ménage. La dispute s’achève en embrassade lorsque le fils reconnaît les torts de son père. [67mn] Ray se rend au casino où elle découvre une Lila portant lunettes qui lui déclare vouloir arrêter le trafic. Elle lui propose de l’aider, avec son arme, à récupérer son bébé en échange d’un dernier passage de clandestins. Lila finit par accepter. Ray va trouver Versailles, lui donne l’argent et lui promet le solde lors de la livraison. Versailles accepte. Les deux femmes sont à la recherche d’un voyage, mais il leur faudra sortir de la réserve et se rendre à Montréal pour convoyer deux femmes. Mais le trafiquant ne donne les 1200 dollars qu’après que Ray l’a menacé de son arme. Elle est légèrement blessée par un coup de feu lors de leur fuite. Puis elle sont prises en chasse par une voiture de police et croyant leur échapper, elles se risquent sur la glace qui se brise. En compagnie des deux clandestines, elles s’enfuient à pied et sont récupérées par Jimmy, un ami de Lila. Un conseil se tient au casino et les Mohawk annoncent que la police exige que les deux clandestines et Ray doivent se rendre. Ray demande à Lila de se sacrifier et s’enfuit. Mais elle change d’avis, revient, demande à Lila de s’occuper de ses enfants et décide de se livrer en misant sur une courte peine de prison. [72mn30] Ray est arrêtée et encourt trois mois de prison selon le policier, ce qu’elle annonce à T.J. par téléphone. Lila force la porte de sa belle-mère pour prendre son enfant et emménage dans le mobile homme de Ray avec les deux enfants et le sien. Un policier se présente chez Ray : il veut que T.J. s’excuse d’avoir escroqué une vieille dame : T.J. s’exécute. C’est alors que T.J., après l’avoir réparé, fait tourner le manège pour les deux enfants qu’arrive Versailles : il vient livrer le nouveau mobile homme ! [88mn40]


3. Fiche technique


  • Titre : Frozen River
  • Réalisatrice/scénariste : Courtney Hunt
  • Durée : 97 mn
  • Année : 2009
  • Productrice : Heather Rae
  • Directeur de la photo : Reed Morano
  • Compositeurs : Peter Golub et Shahad Ismaily
  • Chef décorateur : Inbal Weinberg
  • Distributeur : Sony Pictures

Distribution :

  • Melissa Leo : Ray Eddy
  • Misty Upham : Lila Littlewolf
  • Charlie McDermott : Troy « T.J . » Eddy
  • Michael O’Keefe : policier
  • James Reilly : Ricky Eddy
  • Dylan Carusona : Jimmy
  • Jay Klaitz : Guy Versailles
  • Michael Sky : Billy Three Rivers
  • John Canoe : Bernie Littlewol
  • Gargi Shinde : lamère Pakistanaise
  • Rajesh Bose : le père pakistanais




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Droits d'auteur © Henri PHILIBERT-CAILLAT


4. Bande annonce



 
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Contenu sous droits d'auteur — Dernière mise-à-jour : 2013-05-13 09:57:43




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