Edward aux mains d'argent de Tim Burton

Intérêt
Le film de Tim Burton, Edward aux mains d’argent, rassemble à la fois l’essentiel de la thématique du réalisateur et un condensé de son univers. Considéré comme l’un des meilleurs exemples du cinéma de Burton, il est vivement conseillé à qui aime poésie, féerie, fantaisie et émotion.


Table des matières

1. Analyse


Tim Burton propose un conte de fée moderne qui renouvelle avec bonheur le thème traditionnel de « la Belle et de la Bête ». D’abord, parce qu’il crée - avec l’aide de Bo Welsh pour les décors et de Stan Winston pour les maquillages et les trucages - un univers d’une beauté, d’une poésie et d’une originalité qui nous « transporte » dans un « ailleurs » fascinant (à la fois féerique et réaliste) et qui enrichit, ensuite, le propos du film : l’éloge de la différence et de la beauté cachée dans leur lutte contre l’intolérance et la superficialité. Car, différent, Edward l’est doublement : d’une part, parce que son créateur l’a laissé inachevé, avec des ciseaux en guise de mains ; d’autre part, parce que son âme naïve et pure le rend inadapté au monde dans lequel il va devoir vivre.

Précisément, cet ensemble résidentiel de maisons aux couleurs pastel vert, bleu, jaune et rose, gaies et engageantes, dessine son futur lieu de vie et doit, à l’évidence, être perçu comme le condensé symbolique de toute société.

La première partie du film, qui correspond à l’accueil d’Edward, dépeint un monde assorti aux couleurs avenantes des façades. Edward, sans doute parce qu’il apporte nouveauté et fantaisie, devient la coqueluche de la résidence et est considéré comme le jardinier idéal, comme le coiffeur idéal, comme le toiletteur pour chien idéal.

Mais, au-delà des apparences, ces maisons pimpantes peuvent renfermer des sentiments qui le sont moins. Et il suffit qu’Edward se méprenne sur les intentions « possessives » de Joyce, la voisine, pour que ce monde idyllique se lézarde et vole en éclats : les commérages et la nymphomanie, la religion et la méchanceté dessinent alors pour Edward un paysage soudainement inconnu, hostile, dont il est exclu. La compassion manifestée lors de l’accueil fait place à une haine et une vindicte implacables, comme si les façades avenantes n’étaient que trompe-l’œil et ne représentaient qu’un univers factice et mensonger.

Comment ne pas noter l’inversion subtile du propos : l’apparence mielleuse des résidentes dissimule la noirceur de leurs âmes, alors que le physique repoussant d’Edward cache la beauté d’une âme pure. Ceux qui vivent dans le superficiel, à la surface des sentiments, triomphent, quand celui qui aime sincèrement doit s’exiler. La langue des femmes est finalement plus dangereuse que les ciseaux d’Edward !

La morale du conte est claire : Peg, sa famille et Edward sont inadaptés à cet univers de personnages réduits à des obsessions égoïstes qui leur tiennent lieu de raisons de vivre et d’aimer. Edward, exilé dans son refuge – le château qu’il n’aurait jamais dû quitter -, s’affaire désormais à ce pour quoi il est fait : créer la neige et sculpter la glace. Bref, vivre dans la blancheur d’une pureté assortie à son âme, loin des couleurs trompeuses d’un univers humain factice, mensonger, indifférent et cruel.

Une fois de plus, la différence suscite le rejet et l’intolérance. Une fois de plus, la beauté cachée est ignorée. Une fois de plus, l’artiste (et l’enfant –ces deux incompris) est rejeté par la société de son temps. On n’est pas très loin des thèmes de Ed Wood. Il n’est que de souligner par ailleurs le contraste voulu entre les deux cadres du film : l’un, le manoir, romantique par son abandon, sa solitude et le fouillis de sa végétation, symbolise tout l’imaginaire de l’enfance, quand l’autre, l’ensemble résidentiel aux couleurs gaies, aux rues rectilignes et aux jardins parfaitement entretenus, représente le lieu de la vie sociale, de l’âge adulte utilitaire et rationnel.

Le chemin qu’effectue d’abord Edward de l’un à l’autre montre assez que l’enfant doit quitter ses rêves et se frotter à la vie sociale. Mais son retour final au cadre initial du château sonne l’échec de la tentative : plutôt que de se compromettre, il convient de chercher en soi ce qui est le plus authentique. La fin du film peut être perçue comme la véritable consécration d’un Edward devenu une légende éternelle qui survivra à ceux qui l’ont exclu : la création artistique n’a jamais cessé d’impressionner durablement l’histoire des hommes et la postérité de l’artiste lui confère une immortalité qui survit au quotidien superficiel et éphémère.

On notera in fine que le charme et la poésie de ce conte sont associés à une fantaisie et à un humour toujours bienvenus : cette banlieue résidentielle, si simplement avenante à l’entame du film, devient, tout aussi naturellement, cet enfer final. Un Enfer qu’un Dante moderne placerait sans doute dans l’un de ses neuf Cercles !


2. Synopsis


Un inventeur habitant un manoir ténébreux juché sur les hauteurs dominant un lotissement résidentiel a créé un être mi-humain mi-robot, nommé Edward. Au cours d’un violent orage, le chercheur meurt de façon prématurée et laisse sa créature dans un état inachevé : Edward se retrouve avec des ciseaux en guise de mains et est condamné à vivre en solitaire dans l’obscurité.

Recueilli par Peg Boggs, une démarcheuse en produits de beauté, qui le découvre abandonné dans le château, il est adopté par sa bienfaitrice, son mari, son fils et sa fille, Kim, qui habitent la banlieue « Suburbia » située sous le château. Bientôt, la quasi-totalité des résidents est sous le charme de ses talents de jardinier, de toiletteur de toutous et de coiffeur de ces dames, et son avenir s’annonce prometteur puisqu’il ambitionne d’ouvrir un salon de coiffure. « Suburbia » est un paradis pour Edward.

Pourtant, utilisé par Kim et son ami, qui abusent de sa naïveté, Edward participe à un pseudo cambriolage. Mais il est appréhendé par la police, emprisonné et sa réputation est aussitôt salie : tous ceux qui l’admiraient se détournent de lui en qui ils ne voient plus qu’un être malfaisant qu’il faut châtier. Une fois libéré, il s’aperçoit que rien n’est plus comme avant quand, au moment des fêtes de Noël, par un malheureux concours de circonstances, Edward blesse Kim et son frère Kevin. La haine des résidents, à son comble, les pousse à le pourchasser pour lui faire un mauvais sort.

Edward ne doit son salut qu’à une fuite vers le château où il se réfugie, bientôt rejoint par Kim. Mais Jim surgit et, dans la lutte qui s’ensuit, est tué. Pour protéger Edward de la vindicte des résidents, Kim fait croire que Edward a disparu…


3. Fiche technique


  • Titre original : Edward scissorhands.
  • Date : 1990.
  • Réalisation, idée originale et production : Tim BURTON.
  • Scénario : Caroline THOMPSON.
  • Directeur de la photographie : Stefan CZAPSKY (DeLuxe).
  • Musique : Danny ELFMAN.
  • Décors : Bo WELCH.
  • Maquillages spéciaux et prothèses : Stan WINSTON.
  • Production : Denise Di NOVI.
  • Distribution : 20th Century-Fox.
  • Durée : 107 minutes.

Distribution :

  • Edward : Johnny DEPP.
  • Kim Boggs : Winona RYDER.
  • Peg Boggs : Dianne WIEST.
  • Bill Boggs : Alan ARKIN.
  • Kevin Boggs : Robert OLIVIERI.
  • Jim Anthony : Michael HALL
  • Joyce : Kathy BAKER.
  • Helen : Conchata FERRELL.
  • Marge : Caroline AARON.
  • Esmeralda : O-Lan JONES.
  • L’inventeur : Vincent PRICE.
  • L’officier de police Allen : Dick Anthony WILLIAMS.
  • Denny : John McMAHON.


4. Edition DVD zone 2


Image : Format image : Cinémascope - 1.85:1 Le DVD propose une très belle image qui ravit par ses couleurs vives (période heureuse) ou sombres (période d'exclusion) mais bien contrastées et qui propose une définition de qualité.

Son : langues : français (Dolby Digital 2.0), anglais (Dolby Digital 4.0). Les sous-titres proposés : anglais, français, hollandais, grec. Deux versions sonores sont proposées : la VO en 4.0 et la VF en stéreo Dolby surround. Dans les deux cas, la musique de Danny Elfman prend toute son ampleur et ajoute sa beauté à celle de la photo, donnant sa dimension féerique à ce conte fantastique.

Suppléments : cette édition propose deux commentaires audio enrichissants : celui de Tim Burton et celui de Danny Elfman en VOST. Un (trop) court film sur le tournage (4’ en VOst également !). De brèves interviews du réalisateur, du scénariste, du compositeur et des comédiens. Le reste est anecdotique. On regrettera, évidemment, la brièveté des informations proposées, en dehors des commentaires audio, bien sûr.

Jaquette : l’affiche est très réussie, qui évoque le conte de fée de façon stylisée mais très suggestive par ses couleurs et les éléments qui la composent.




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Droits d'auteur © Henri PHILIBERT-CAILLAT


5. Bande annonce




 
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Contenu sous droits d'auteur — Dernière mise-à-jour : 2020-10-04 09:56:42




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