Donation de Constantin

Intérêt
La fausse donation de Constantin (latin : Donatio Constantini) est un acte par lequel l’empereur Constantin Ier aurait donné au pape Silvestre la primauté sur les Église d’Orient et l’imperium (pouvoir impérial) sur l’Occident. Son caractère apocryphe a été prouvé au XVe siècle par l’humaniste Lorenzo Valla.
Table des matières

1. Contenu

Il comprend deux parties, la première (confessio) datée du quatrième consulat de Constantin (315) et la seconde (donatio) datée du consulat de Gallicanus (317).

La confessio fait état de la foi qui a été transmise à Constantin par le pape Sylvestre. Elle décrit également comment ce dernier a guéri l’empereur de la lèpre (épisode repris aux Actus Silvestri du Modèle:Ve siècle) avant qu’il ne se convertisse.

La donatio est une énumération de territoires et de privilèges que Constantin donne au pape :

  • la primauté sur les Églises d'Orient ;
  • les églises du Latran, de Saint-Pierre et de Saint-Paul-hors-les-Murs ;
  • des biens dans diverses provinces de l'Empire ;
  • le palais du Latran ;
  • les insignes impériaux, et les insignes sénatoriaux à l'entourage du pape ;
  • Rome, l'Italie et de manière générale l'Occident.

Elle se conclut par une déclaration de retrait de l’Empereur vers l’Orient, laissant ainsi l’Occident au pouvoir temporel (la potestas) du pape.

2. Histoire du texte

L’existence du texte n’est pas attestée avant le milieu du IXe siècle. Il est intégré aux Décrétales pseuso-isidoriennes et se répand dans la Gaule carolingienne. À Rome même, sa vogue est plus tardive. La donation est citée pour la première fois dans un acte pontifical en 979. Elle n’est pas utilisé comme argument par l’Église avant 1053, dans un texte du cardinal Humbert de Silva Candida. Elle est ensuite intégrée au Decretum de Gratien.

Dès le XIIe siècle, les critiques se font jour. En Orient, la Donation est traduite en grec et critiquée par le théologien Jean Kinnamos. L’argumentation est juridique : selon ce dernier, Constantin a donné l’imperium au pape, lequel l’a donné à Charlemagne, considéré comme un imposteur. Or, pour Kinnamos, le pape n’avait pas le droit de se défaire de son pouvoir. Un peu plus tard, cette thèse est reprise par Théodore Balsamon, protégé de l’empereur oriental Isaac II Ange. Dans une lettre adressée à Innocent III, Balsamon explique que le transfert du siège impérial de Rome à Constantinople signe la déchéance de la première capitale.

En Occident, Arnaud de Brescia voit dans la Donation la main de l'Antéchrist, thème que reprendra Luther par la suite : selon lui, seuls les laïcs peuvent posséder des biens. Il remet donc en cause la Donation en même temps qu'il remet en cause la légitimité de toute possession ecclésiastique. Au XIVe siècle, Marsile de Padoue renverse le sens du texte : si l'Empereur a accordé au pape des pouvoirs temporels, cela prouve bien la supériorité du premier sur le second. Guillaume d'Occam met quant à lui en doute l'authenticité du texte.

En 1440, l'humaniste Lorenzo Valla entreprend un travail de critique textuelle du document. D'abord destiné au concile de Florence, son texte est imprimé en 1506. Il prouve le caractère apocryphe du document, dont il estime la rédaction au Modèle:VIIIe siècle. Cependant, il ne remet pas en cause le contenu de la Donation, ce qui permet à la polémique protestante de l'attaquer violemment pendant la Réforme.

L'Église catholique ne reconnaît le caractère apocryphe du texte (et des Décrétales pseudo-isidoriennes) qu'au XIXe siècle.

3. Interprétation

L'origine exacte de la Donation est sujette à controverse.

La distorsion évidente entre la publicité du texte en Gaule carolingienne et l'obcurité de son statut à Rome peut plaider en faveur d'un faux carolingien. De fait, les rois, puis les empereurs francs se voient volontiers en « nouveau Constantin » quand ils accordent ou confirment des privilèges à la papauté :

  • donation de Pépin (754).
  • pactum ludovicianum, conclu par Louis le Pieux (817).
  • pactum ottavianum, conclu par Othon Ier (962).
  • actes d'Henri II (1020).
  • actes d'Henri V (1111).
  • actes d'Otton IV (1201).
  • actes d'Henri VII (1301).
  • actes de Sigismond (1433).

Cependant, le ton, le vocabulaire et l'objectif du texte renvoient plutôt à la papauté du Modèle:VIIIe siècle : la Donation entend alimenter la revendication de l'évêque de Rome au moment où il construit un pouvoir pontifical destiné à supplanter les autres patriarcats.

4. Sources

  • éditions du texte :
    • H. Fuhrmann, Das Constitutum Contantini, MGH, Fontes juris, 10, Hanovre, 1968 ;
    • K. Zeumer, Der älteste Text des Constitutum Constantini. Festgabe für R. von Gneist, 1888 ;
  • L. Valla, De falso credita et ementita Constantini Donatione, éd. W. Setz, MGH, Quellen zur Geistesgeschichte des Mittelalters, 10, Weimar, 1976.

5. Voir aussi

5.1. Bibliographie

  • O. Guyotjeannin, q.v., Dictionnaire historique de la papauté, ouvrage collectif s. dir. Philippe Levillain, Fayard, Paris, 2003 (ISBN 2-213-618577) ;
  • N. Huyghebaert, « Une légende de fondation : le Constitutum Constantini », Le Moyen Âge, 85 (1979).

5.2. Articles connexes

  • Donation de Pépin ;
  • Querelle des Investitures.


Important !
Ce document contient des informations provenant à l'origine de l'encyclopédie collaborative Wikipédia. Même s'il a fait l'objet d'une validation rapide et s'il a pu être corrigé depuis, toutes les informations qu'il contient n'ont pu être vérifiées, aussi nous vous recommandons la consultation d'autres sources avant de l'utiliser.

Copyright (c) les auteurs sur Libre Savoir.


Thème:Papauté Thème:Droit canonique Thème:Histoire de l'Italie Thème:Moyen Âge Thème:Histoire byzantine



Sujets Licence GFDL
Évaluation 50.00 %
Contenu sous droits d'auteur — Dernière mise-à-jour : 2010-06-03 14:41:25




Découvrez nos contenus

par catégories

par mots-clés

par dates d'ajout et de modification

Index alphabétique

Partagez vos connaissances !
Pour publier durablement et librement sur Internet, contactez-nous.





/a>