Comte

Intérêt
Comte (latin comes, comitatis) est un titre qui apparaît dans les dignités romaines au IVe siècle.

À l'origine et comme l'évoque l'étymologie, les comtes sont les proches de l'empereur, ceux qui l'accompagnent. Ainsi, en 324, plusieurs haut-dignitaires reçoivent le titre honorifique de Constantin, après leur participation à la campagne contre Licinius en Orient.

Des responsabilités particulières semblent très vite être attribuées à ces compagnons par l'empereur et ce, dans tous les domaines qui exigent une confiance particulière. Ainsi, on connaît :

  1. le comes sacrarum largitionum : « comte des largesses impériales » qui devient le chef de l’administration financière ;
  2. le comes rerum privatarum : « comte des affaires privées », administrateur de la fortune privée de l’empereur ;
  3. le comes domesticorum : « comte des domestiques », chef d’une unité spéciale à disposition directe de l’empereur ;

Enfin, des comites rei militaris ou « comtes des affaires militaires » sont en fait les commandants militaires de l’empire : le « maître de la cavalerie » et le « maître de l’infanterie », nouvellement introduits dans la hiérarchie militaire impériale (voir maître de la milice), en font partie.

Vers la fin du règne de Constantin, certains comites rei militaris sont délégués par l’empereur pour s’occuper des affaires militaires d’une province : le premier connu est le comte d’Afrique (comes Africae, 320).

Le caractère géographique et militaire attaché au titre de comte est, plus que les autres, promis à un bel avenir : au Modèle:Ve siècle, deux comtes sont connus pour l’Orient (le comte d’Égypte et le comte d’Isaurie) et six pour l’Occident : le comte d’Italie, le comte d’Afrique, le « comte du territoire d’Argentorate » (Strasbourg, près de la frontière rhénane), le comte de Bretagne et enfin le « comte du littoral de la Manche » (le litus saxonicus est l’autre frontière septentrionale dont la défense est vitale pour l’empire).

Pendant la période mérovingienne, la charge de comte, bien qu’elle paraisse essentiellement honorifique, conserve ce double-sens : elle est confiée par le roi à ses proches. Si l’on excepte un comes stabuli (réminiscence du « maître de la cavalerie » du bas-empire) qui est membre du « palais mérovingien », les comtes du royaume sont détachés à la gestion d’un ou plusieurs pagi (littéralement « pays », dont le territoire correspond approximativement à une cité ecclésiastique), qui sont une circonscription administrative héritée du bas-empire. En théorie, ils assurent donc les fonctions militaires, fiscales et judiciaires du souverain par délégation.

Charlemagne, sans cesse confronté au problème du gouvernement d’un empire toujours plus vaste, s’appuie à son tour sur les comtes, qui deviennent avec lui les représentants laïcs pour l’ensemble des domaines de compétences du souverain carolingien : associé à un évêque, le comte est un des missi dominici (littéralement, « envoyés du maître ») qui doivent relayer les ordres royaux listés dans un capitulaire.

Mais cette institution embryonnaire, qui repose sur la confiance, montre rapidement ses limites, dans un contexte qui ignore la notion d'État.

Théoriquement pour remplir les obligations que leur confère leur charge, les comtes reçoivent en bénéfice la jouissance de terres du fisc (qui se confond avec le patrimoine du roi) or, comme le montre le capitulaire de Quierzy-sur-Oise – arraché à Charles le Chauve par ses vassaux en 877 – la charge comtale – et les bénéfices qui lui sont attachés – tendent à devenir héréditaires dès le IXe siècle.

Le système de la vassalité, conjugué à l'érosion du pouvoir royal des derniers Carolingiens, aboutit au Xe siècle à la constitution de véritables principautés indépendantes : les comtes se comportent comme de véritables souverains sur les terres qu'ils ont reçues et sont à la fois les participants et les bénéficiaires les plus nombreux de cette évolution.

Au Moyen Âge, « comte » est devenu un titre de noblesse détenu de père en fils par un lignage, dont les origines remontent en général à la période carolingienne. Le pouvoir du comte est théoriquement inférieur à celui du « duc » ; en réalité, certains, comme les comtes de Toulouse ou les comtes de Barcelone au XIIe siècle, rivalisent également avec les rois.


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Thème:armée romaine Thème:Moyen Âge



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