Calculs meurtriers de Barbet Schroeder

Intérêt
La carrière cinématographique de Barbet Schrœder manque d’homogénéité, mais Calculs meurtriers, thriller psychologique et social sur la frontière ténue entre le bien et le mal, est plutôt une bonne surprise.


Table des matières

1. ANALYSE


Dans une lumière de fin de jour, un long travelling avant survole une côte sauvage, déchiquetée ; puis s’approche d’une maison isolée à la pointe d’un cap ; s’introduit, par un carreau cassée, dans une pièce inhabitée où deux adolescents échangent des propos mystérieux. La séquence suivante nous montre la même maison vue de l’extérieur : un coup de feu claque dans la nuit.

Cette ouverture montre assez la tonalité du film (mystère et inquiétude), dont la scène initiale pose les enjeux. Cette relation entre deux lycéens très différents, sortes de Rimbaud/Verlaine mâtinés de Raskolnikov et fascinés par l’acte gratuit (1), est la clé de voûte du film qui n’existe et ne progresse que par les désirs des personnages. Le décor de la séquence d’ouverture (rochers inhospitaliers et maison "gothique"), au-dessus duquel plane le regard-caméra, symbolise parfaitement le mal-être des deux personnages incarnés par deux comédiens remarquables (Ryan Gosling et Michael Pitt). Une enquêtrice (Sandra Bullock), chargée d’élucider un meurtre, se débat, quant à elle, avec des souvenirs qui la hantent, qu’elle ne peut effacer de son esprit et qui perturbent ses relations avec les hommes.

Tout le talent de Barbet Shrœder est de ménager le suspens et de dérouler le fil de son histoire tout en l’éclairant à l’aide d’un double retour en arrière systématique : l’un qui concerne les deux adolescents liés par une relation trouble et qui vise à préciser leur personnalité ; l’autre qui révèle les cauchemars récurrents de la jeune femme. Les deux récits vont finir par se croiser... On peut, certes, évoquer Hitchcock puisque La Corde explore déjà, en 1950, ce thème de l’acte gratuit. Mais, surtout, parce qu’il s’agit là d’un thriller qui est prétexte à étudier l’âme humaine et les ressorts de nos actes dans une atmosphère pesante et tendue et à travers une réalisation qui multiplie les pistes d’explication mais les brouille pour proposer une fin qui éclaire le début tout en se révélant à double effet.

Un bon film bien maîtrisé et à l'atmosphère prenante.


(1) Ce thème de deux étudiants « nietzschéens » persuadés de leur supériorité intellectuelle a déjà été traité par Hitchcock dans La Corde (1948) -d’après une histoire vraie - et aussi par Richard Fleischer dans son film Le Génie du Mal (1959).


2. SYNOPSIS


A San Benito, en Californie, deux lycéens aux personnalités et aux milieux sociaux pourtant différents, mais unis par la volonté de puissance et le désir de transgression, se sont mis d’accord pour réaliser un meurtre parfait. Si Richard Haywood est l’exemple même de l’adolescent à qui tout réussit (milieu favorisé, aura certaine et séduction avérée auprès des filles), son complice Justin Pendleton est, à l’inverse, un lycéen plutôt solitaire et mis à l’index par ses camarades malgré ses brillantes qualités intellectuelles. Celui-là est attiré par l’idée de commettre le meurtre parfait, en quelque sorte par désœuvrement, quand celui-ci y voit l’occasion de mettre en pratique ses théories sur la liberté.

Ils choisissent donc une jeune fille au hasard, Olivia Lake. On la retrouve dans un fossé, emballée dans un sac plastique et étranglée ; elle porte des traces de coup et son annulaire a été sectionné. Les deux meurtriers ont accumulé des preuves destinées à faire accuser un délinquant.

Deux enquêteurs, l’Inspecteur Cassie Mayweather, criminologue réputée, et son nouveau coéquipier Sam Kennedy, découvrent des indices qui les conduisent à la même piste, mais ont des avis divergents sur l’identité du véritable criminel. En effet, Cassie est obsédée par le souvenir d’un traumatisme ancien et trouve des ressemblances troublantes avec l’une de ses précédentes enquêtes…


3. FICHE TECHNIQUE


  • Réalisation : Barbet Schrœder
  • Titre original : Murders by numbers.
  • Année : 2002.
  • Scénario : Tony Gayton.
  • Directeur de la photographie : Luciano Tovoli.
  • Musique : Clint Mansell.
  • Production : Castle Rock Entertainment.
  • Distribution : Warner Bros.
  • Durée : 118 minutes.

Distribution :

  • Cassie Mayweather : Sandra Bullock.
  • Sam Kennedy : Ben Chaplin.
  • Richard Haywood : Ryan Gosling.
  • Justin Pendleton : Michael Pitt.
  • Lisa : Agnes Bruckner.
  • Ray : Chris Penn.
  • Rod : RD Call.


4. EDITION DVD


  • Image : un dvd qui bénéficie d’une belle image précise, aux contrastes bien marqués même lors des fréquentes scènes sombres.
  • Son : la VO et la VF sont proposées en DD 5.1 et mettent en valeur une musique prenante. Quelques effets sont bien soulignés mais la bande-son s’attache surtout à créer - avec réussite - une ambiance sonore oppressante.
  • Suppléments : selon une mauvaise habitude, l’éditeur Warner, une nouvelle fois, ne sous-titre pas en français le commentaire audio qu’il propose ! Que reste-il alors ? Eh bien une bande-annonce !!! C’est d’autant plus regrettable que le film de Barbet Shroeder, de qualité, mérite bien un commentaire.



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Droits d'auteur © Henri PHILIBERT-CAILLAT


5. BANDE ANNONCE




 
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Contenu sous droits d'auteur — Dernière mise-à-jour : 2015-02-05 15:35:58




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