1. Armement mérovingien
L'armement franc a longtemps été vu comme l'une des principales causes des succès militaires de ce peuple au haut Moyen Âge. Parallèlement, l'historiographie moderne a prêté de grandes qualités militaires à Clovis et à certains de ses successeurs qui surent plus particulièrement agrandir le royaume au détriment de leurs voisins.
En réalité, Grégoire de Tours n'a que cette phrase pour qualifier les premiers succès francs dus à ce roi : « Il fit beaucoup de guerres et remporta certaines victoires », ce qui tendrait à montrer que Clovis ne fut ni plus doué, ni plus chanceux que ses prédécesseurs moins connus.
En fait, l'armement des Francs mérovingiens, bien étudié grâce à de nombreux recoupements entre l'archéologie et les sources écrites latines, ne devait pas être très différent de celui de leurs voisins germaniques contemporains. Certains historiens pensent même qu'il était inférieur, par exemple, à celui des Wisigoths d'Alaric Ier.
Aujourd'hui, l'hypothèse qui tend à triompher explique plus leurs succès retentissants par l'influence romaine qu'ils subirent précocément, que par une quelconque supériorité technique.
Cette influence apporta notamment plus de discipline dans leurs rangs, ce qui aurait pu peser lourdement sur l'issue des combats importants. Acquise par les hommes de Clovis lors des victoires sur Syagrius, ou simplement transmise aux auxiliaires francs du temps de son père, Childéric, une conception romaine de l'armée apparaît, par exemple, dans la revue des troupes effectuée par Clovis qui donne lieu à l'épisode du vase de Soissons. Ce souci de la tenue traduit donc une rigueur dans le commandement et sans doute n'en allait-il pas autrement sur le terrain.
L’armement proprement dit, quant à lui, est varié et change peu au cours de la période mérovingienne. Ainsi, vers le VIIe siècle, il comprend la hache de combat, la lance, l’épée - soit symétrique à deux tranchants (la spatha), soit courte (la semispatha), ou encore à un seul tranchant (le sax ou scramasaxe). Dans une moindre mesure, l’arc et les flèches sont attestés dans de nombreuses tombes, ce dernier étant en forme de « D ».
2. Armement carolingien
Sous les Carolingiens, l'armement évolue vers ce qu'il sera à l'époque féodale.
Tout d'abord, avec l'importance accrue de la cavalerie, son coût augmente : si en théorie tous les hommes libres du royaume des Francs doivent le service militaire (l'ost), un système de compensations monétaires fait en sorte que seuls les plus riches partent à la guerre. Il s'agit là d'une évolution majeure vers la professionnalisation des hommes d'armes par opposition aux troupes germaniques des périodes précédentes.
De plus, l'armement en général se spécialise : l'épée carolingienne s'allonge et l'alliage dans lequel elle est forgée s'améliore grâce à une évolution constante des techniques servant à l'élaboration de l'acier. Cette épée est connue pour être la meilleure arme de son époque (plusieurs armes franques entrent dans la légende : voir noms d'épées) et des lois strictes en interdisent le commerce à l'étranger. L'arc s'améliore également, suite aux combats contre les Avars, un peuple des steppes.
En fin de période, les Vikings sèment la terreur avec leurs longues cottes de mailles et leurs épées, mais celles-ci sont copiées sur celles des Carolingiens.
3. Le temps des chevaliers
C'est à la bataille de Hastings, en 1066, qu'apparaît une nouvelle façon de tenir leur lance pour les cavaliers : presque à l'horizontale, pour charger. Ce sont là les origines du tournoi médiéval. Ce jeu emblématique du Moyen Âge, sans doute au départ un entraînement au combat, n'a toutefois rapidement plus rien à voir avec la guerre.
Signe des temps, la « chevalerie » (du nom des cavaliers français) s'impose dans tous les combats, poursuivant l'évolution amorcée sous les Carolingiens. Le code de la chevalerie chrétienne, qui se définit progressivement à partir des tentatives de l'Église pour limiter les combats au XIe siècle détermine également dans une large mesure la manière dont la guerre est abordée en occident durant la période.
Au XIVe siècle, la chevalerie française, emblématique de l'époque, se heurte néanmoins aux arcs longs anglais à la bataille de Crécy, puis à la bataille d'Azincourt. Ces derniers, par leur puissance et par leur longue portée permettent de percer une armure. De plus, une rangée d'archers coûte moins cher à former et à entretenir qu'un chevalier. L'irruption de l'arc long sur le champ de bataille annonce en cela la fin de la chevalerie qui est due en dernière analyse à la multiplication des armes à feu. Ainsi, la légende autour de la mort du chevalier Pierre du Terrail de Bayard, dit le « chevalier Bayard », survenue le 29 avril 1524, à Romagnano près de Milan, indique à quel point le traumatisme fut grand lorsque n'importe quel soldat pouvait, à l'aide d'une arme à feu, abattre le plus grand guerrier du royaume.
1. Glossaire
Voici une liste des termes utilisés pour désigner l’armement médiéval. Certains de ces termes renvoient à un article détaillé, tandis que la définition de certains autres suffit d’elle-même. Les différents termes apparaissent dans chaque classement proposé (par période, par type d’arme).
1.1. Classement par période
1.1.1. Haut Moyen Âge
- Angon : lance ou javelot franc dont le fer a la forme d’un harpon.
- Cataphracte : (terme grec) cuirasse à écailles employée par la cavalerie lourde gothique puis byzantine. Celui qui la porte est un cataphractaire.
- Contus : (terme latin d’origine grecque) longue lance de cavalier, maniée à deux mains.
- Coutelas : arme blanche semi-longue à un seul tranchant.
- Dague : arme blanche courte à double tranchant.
- Épée : arme blanche à double tranchant, sans doute d’origine celtique et copiée par les Romains et par les Germains. L’épée franque (carolingienne) est la plus renommée jusqu’à ce que les Vikings la copient et la surpassent.
- Durant cette période, l’épée est dite longue lorsqu’elle mesure de 80 cm à 1m. Elle est héritée de la spatha romaine du bas-Empire.
- Francisque : nom traditionnel de la hache de jet des Germains occidentaux, que popularisa les Francs.
- Glaive : (du latin gladius) épée courte ; arme blanche semi-longue à double tranchant.
- Javeline : arme de jet légère, semblable à une lance ou à un javelot raccourci
- Javelot : lance de jet légère
- Lance : terme générique désignant une arme offensive dôtée d’un fer emmanché sur une hampe. Par opposition au javelot, la lance est une arme d’assaut qui n’est pas destinée à être lancée. Elle est popularisée par la cavalerie gothique.
- Latte : sabre droit.
- Pavois : grand bouclier de forme verticale utilisé par les fantassins.
- Poignard : arme blanche courte à double tranchant. Un long poignard est une dague.
- Rondache : bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne.
- Sabre : arme blanche longue à un seul tranchant, populaire chez les peuples de la steppe. Le sabre peut être droit (latte, proto-sabre) ou courbe. Au cours du haut Moyen Âge, sa forme a tendance à se courber.
- Sax : nom du scramasaxe dans certaines sources latines
- Scramasaxe : nom franc du coutelas.
- Semispatha : nom latin de l’épée courte.
- Spangenhelm : terme historiographique allemand désignant le casque composite segmenté populaire chez les Germains orientaux.
- Spatha : nom latin de l’épée longue, utilisé pour désigner l’épée longue romaine tardive, l’épée des grandes invasions et l’épée mérovingienne.
- Umbo : terme latin désignant la bosse du bouclier ou le cache-poing.
1.1.2. Bas Moyen Âge
- Âme : cœur de la lame d’une épée.
- Balliste (ou pierrière)
- Bardiche : arme originaire d'Europe de l'Est, composée d'un manche en bois pouvant être long de 2m et d'un fer en forme de hache allongée.
- Brigandine
- Broigne
- Carmail
- Claymore
- Cotte d'armes
- Épée
- Espadon
- Fauchart : arme d'hast inspirée de la faux qu'utilisaient les paysans en temps de guerre. Elle apparaît au début du XIIIe siècle|
- Flamberge
- Fléau d'armes
- Gambison
- Gonfanon
- Harnois
- Haubert
- Heaume
- Mangonneau
- Marteau d'armes
- Masse d'armes
- Miséricorde
- Pavois
- Pertuisane : arme dérivée de la lance, utilisée en Italie au XVe siècle.
- Pique : longue lance de fantassin (env. 6m), utilisée pour briser la charge des cavaliers. D'origine macédonienne ?
- Salade
- Tabar
- Targe
- Trébuchet
- Vouge : arme composée d'un long coutelas au bout d'un manche, utilisée par l'infanterie (les « vougiers ») pour couper les jarrets des chevaux, du XIVe siècle au XVIe siècle.
1.2. Classement par type d'arme
Les termes peuvent apparaître plusieurs fois lorsqu’ils désignent une pièce d’armement appartenant à plusieurs types d’armes. Les termes qui désignent une partie d’une arme sont en italique.
1.2.1. armes de cavalerie
- Cataphracte : (terme grec) cuirasse à écailles employée par la cavalerie lourde gothique puis byzantine. Celui qui la porte est un cataphractaire.
- Contus : (terme latin d’origine grecque) longue lance de cavalier, maniée à deux mains.
- Lance : terme générique désignant une arme offensive dôtée d’un fer emmanché sur une hampe. Par opposition au javelot, la lance est une arme d’assaut qui n’est pas destinée à être lancée. Elle est popularisée par la cavalerie gothique.
- Spatha : nom latin de l’épée longue, utilisé pour désigner l’épée longue romaine tardive, l’épée des grandes invasions et l’épée mérovingienne.
1.2.2. Armes d'infanterie
- âme : cœur de la lame d’une épée
- Épée : arme blanche à double tranchant, sans doute d’origine celtique et copiée par les Romains et par les Germains. L’épée franque (carolingienne) est la plus renommée jusqu’à ce que les Vikings la copient et la surpassent. Durant cette période, l’épée est dite longue lorsqu’elle mesure de 80 cm à 1m. Elle est héritée de la spatha romaine du bas-Empire.
- Main et demi : épée longue pouvant être maniée à une main ou à deux mains
1.2.2.1. armes contondantes
- Fléau d’armes
- Marteau d’armes
- Masse d’armes
1.2.2.2. armes de contact
- Coutelas : arme blanche semi-longue à un seul tranchant.
- Dague : arme blanche courte à double tranchant.
- Miséricorde
- Sabre : arme blanche longue à un seul tranchant, populaire chez les peuples de la steppe. Le sabre peut être droit (latte, proto-sabre) ou courbe. Au cours du haut Moyen Âge, sa forme a tendance à se courber.
- Sax : nom du scramasaxe dans certaines sources latines
- Scramasaxe : nom franc du coutelas.
- Semispatha : nom latin de l’épée courte des grandes invasions.
1.2.2.3. armes d'estoc
1.2.2.4. armes de taille
- Cimeterre : épée d’apparât à large lame.
- Claymore : terme écossais désignant la grande épée
- Espadon : grande épée devant être maniée à deux mains
- Flamberge : grande épée dont la lame est ondulée.
- Latte : sabre droit du haut Moyen Âge (lame à un seul tranchant)
- Spatha : voir armes de cavalerie ci-dessus.
1.2.2.5. armes d'hast
- Bardiche : arme originaire d'Europe de l'Est, composée d'un manche en bois pouvant être long de 2m et d'un fer en forme de hache allongée.
- Fauchart : arme d'hast inspirée de la faux qu'utilisaient les paysans en temps de guerre. Elle apparaît au début du XIIIe siècle|
- Pertuisane : arme dérivée de la lance, utilisée en Italie au XVe siècle.
- Pique : longue lance de fantassin (env. 6m), utilisée pour briser la charge des cavaliers. D'origine macédonienne ?
- Vouge : arme composée d'un long coutelas au bout d'un manche, utilisée par l'infanterie (les « vougiers ») pour couper les jarrets des chevaux, du XIVe siècle au XVIe siècle.
1.2.3. armes à distance
1.2.3.1. armes de jet
- Angon
- Francisque : nom traditionnel de la hache de jet des Germains occidentaux, que popularisa les Francs.
- Javeline : arme de jet légère, semblable à une lance ou à un javelot raccourci
- Javelot : lance de jet légère
1.2.3.2. armes de siège
- Balliste (ou pierrière)
- Catapulte
- Mangonneau
- Trebuchet
1.2.3.3. artillerie (armes de tir)
- arc
- arbalète
1.2.3.3.1. armes à feu
- arquebuse : arme à feu inventée au XVe siècle.
1.2.4. armures
- Brigandine
- Broigne
- Carmail
- Cataphracte
- Cotte d'armes
- Cotte de mailles
- Harnois
- Haubert
- Heaume
- Salade
- Targe
- Spangenhelm
- Tabar
1.2.4.1. boucliers
- Pavois
- Rondache : bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne.
- Targe
- Umbo : terme latin désignant la bosse du bouclier ou le cache-poing.
1.3. Sources
- Armes et guerriers barbares au temps des grandes invasions : IVe au VIe siècle, Iaroslav Lebedynsky, Paris, France, 2001.
- Histoire militaire de la France, André Corvisier (Sous la direction de), Philippe Contamine (Sous la direction de), Tome 1, Paris, France, 1997.
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