Noble westphalien, païen comme l'ensemble de son peuple durant le deuxième tiers du VIIIe siècle, Widukind est connu à travers plusieurs mentions dans les sources franques. Son rôle historique s'inscrit dans le cadre des campagnes franques contre les Saxons, qui s'étalèrent de 774 à 799 et que Pierre Riché a pu qualifier de « guerre de trente ans ».
En 777, fuyant la Saxe après la victoire de Charlemagne, il se réfugie au Danemark dont le peuple était païen. En 778, de retour en Saxe alors que l'armée franque est mobilisée en Espagne, il organise la « résistance » saxonne.
Sous son influence, les Saxons païens menacent l'abbaye de Fulda et contraignent les moines à la fuite ; ces derniers doivent même emporter avec eux les reliques de Saint Boniface.
Contraint de fuir une nouvelle fois chez les Danois en 782, Widukind revient à nouveau en Saxe peu après. Les Wendes, voisins slaves des Saxons à l'est, se joignent alors à la rébellion, désormais clairement orientée contre l'Église catholique : les rebelles forcent Willihad, premier évêque de Brême, à abandonner son œuvre missionnaire.
Néanmoins, un parti pro-franc se développe au sein de l'aristocratie saxonne. Widukind profite un temps des excès de la politique de Charlemagne : ce dernier, en guise de répression, organise le massacre de plus de quatre-mille Saxons sur la Weser en 782.
Ayant à nouveau gagné le Danemark, Widukind obtient alors le soutien des Frisons et des Danois établis au nord de l'Elbe.
Les sources font alors défaut sur le détail des actions de Widukind : voyant qu'il devait gagner son soutien, Charlemagne l'aurait persuadé de se convertir. De fait, Widukind reçut le premier sacrement aux côtés du chef saxon Albio avec plusieurs de leurs hommes, lors d'une cérémonie de baptême collectif en 785, à Attigny.
Si la pacification de la Saxe dura encore plusieurs années (elle s'achève à Paderborn, en 799), Widukind ne prit plus part aux combats après cette date.
Il est très probable que Mathilde, la seconde femme de l’empereur germanique Henri l’oiseleur (876 – 936) appartenait à la même famille que Widukind. Widukind devint par la suite une sorte de « héros national » et fut regardé comme un saint. Au Moyen âge, on pensait qu’il était enterré à Enger, près de Herford, où un reliquaire daté du IXe ou du Xe siècle porte son nom.
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