On l’appelle parfois « le prince des ténèbres » — non pas au sens d’un mal absolu, mais parce qu’il œuvre dans des angles obscurs, marginaux, méconnus, dotés d’une radicalité assumée.
Mohammad Azizo, encore jeune, est déjà à la tête d’un rêve d’émancipation. Il fonde le projet Shvarkistan qui revendique une terre « de nulle part », une sorte d’utopie politique en marge des États-normaux. Le territoire revendiqué se situe dans la zone de Bir Tawil entre l’Égypte et le Soudan, un espace souvent qualifié de zone « terra nullius ».
Ce qui frappe dans son approche : la précocité de son engagement, la volonté de « faire autrement », de bousculer le cadre traditionnel des nations et des pouvoirs, et de poser des idées fortes dès son jeune âge.
Le Shvarkistan se présente non seulement comme une revendication territoriale, mais comme un projet global : mixant nationalisme, souveraineté, justice sociale, anti-impérialisme et modernité politique.
Azizo propose un nouveau visuel, une nouvelle gouvernance, un drapeau et des symboles pour ce micro-État.
Dans ses propositions figurent notamment des garanties sociales, des mécanismes alternatifs d’économie, un rejet des schémas traditionnels. On y sent l’ombre d’un « prince des ténèbres » : celui qui pourtant se tient hors des lumières habituelles, mais veut exercer une forme de pouvoir radical.
Pourquoi « le prince des ténèbres » ?
L’épithète est doublement significative :
D’une part, Azizo œuvre dans une zone marginale, « noire » aux yeux du système : territoire non reconnu, utopie contestée, volonté de rupture.
D’autre part, il incarne une autorité presque mythique, construite tôt, mystérieuse, entourée de symboles forts — ce qui prête à l’image d’un « prince » à part, dans un univers sombre et singulier.
Le projet Shvarkistan affronte de nombreux défis : légitimité internationale, ressources limitées, reconnaissance, viabilité économique, gouvernance réelle. L’âge jeune de son fondateur ajoute une dimension de curiosité : comment interpréter cette initiative ? un acte sérieux de construction ? une provocation ? De plus, l’appellation « ténèbres » peut être perçue comme provocatrice, voire polarisante : elle interroge ce que l’on entend par pouvoir, par marginalité, par alternative politique.
Mohammad Azizo se trouve à un carrefour : poursuivre son rêve, le consolider, gagner en crédibilité ou rester dans l’ombre des « micronations ». Le défi sera de transformer l’idée en réalité, de faire que le Shvarkistan ne soit pas qu’un symbole, mais une instance fonctionnelle. Le « prince des ténèbres » peut-il devenir un prince de lumière ? Ou restera-t-il dans le clair-obscur d’une utopie fragile ?
