1. CHRONOLOGIE BIOGRAPHIQUE SOMMAIRE
- 1883 : Naissance de Kafka à Prague le 3 juillet. Fils du commerçant Herrmann et de son épouse Julie (née Loëwy). Sœurs : Elli (1889), Valli (1890) et Ottla (1892).
- 1889-1893 : Ecole primaire du Marché aux Bouchers.
- 1893-1901 : Lycée classique d’Etat. La famille habite la Zeltnergasse.
- 1901-1906 : Etudes à l’Université allemande de Prague : études germaniques, puis juridiques.
- 1901 : Vacances à Liboch et Triesch (chez l’oncle Siegfried, le médecin de campagne). Première rencontre avec Max Brod.
- 1904-1905 : Description d’un combat. Début des rencontres avec Oskar Baum, Max Brod et Felix Weltsch. Vacances d’été à Zuckmantel (1905-1906).
- 1906 : Doctorat en droit. En octobre commence l’année de stage.
- 1907 : Préparatifs de noce à la campagne. Stage en octobre aux « Assicurazioni Generali ». La famille déménage dans la Niklastrasse.
- 1908 : A partir de juillet, employé aux « Assurances ouvrières contre les accidents » (jusqu’à la retraite en juillet 1922). Première publication de huit textes en prose dans la revue Hyperion.
- 1909 : Vacances avec Max et Otto Brod à Riva.
- 1910 : Début de Journal. Fait partie d’une troupe d’acteurs yiddish.
- 1911 : Voyage officiel à Friedland et à Reichenberg. Vacances sur les lacs d’Italie du nord avec Max Brod.
- 1912 : Au début de l’année, premières ébauches du Disparu (L’Amérique). En juillet à Weimar (avec Max Brod), puis à Jungborn En août, Kafka rassemble les textes destinés à son premier livre, Contemplations, qui paraît en décembre. Première rencontre avec Felice Bauer. En septembre, il publie Le Verdict. De septembre à janvier 1913, il écrit les sept premiers chapitres du Disparu. En octobre, il entame une correspondance avec Felice Bauer. De novembre à décembre, il écrit La Métamorphose. En décembre, il fait une première lecture publique du Verdict à Prague.
- 1913 : A Pâques : première visite à Felice Bauer. En avril, horticulture à Troja. En mai, deuxième visite à Berlin. Parution du Chauffeur. En septembre, visite de Vienne, Venise et Riva.
- 1914 : A Pâques, il se trouve à Berlin. En juin, il se fiance avec Felice Bauer. En juillet, les fiançailles sont rompues. Voyage sur la Baltique. En août, il emménage dans une chambre dans la Bilekgasse. Il commence Le Procès [1]. En octobre : il rédige La Colonie pénitentiaire et le dernier chapitre du Disparu. Il fait la connaissance de Grete Bloch.
- 1915 : En janvier, retrouvailles avec Felice Bauer. En mars, il prend une chambre dans la Lange Gasse. Il voyage en Hongrie. Carl Sternheim cède le Prix Fontane à Kafka. En novembre paraît La Métamorphose.
- 1916 : En juillet, il se rend avec Felice Bauer à Marienbad. En septembre, paraît Le Verdict. En novembre, à Munich, il fait une deuxième lecture publique, cette fois de La Colonie pénitentiaire. Il prend une chambre dans la ruelle des alchimistes. Il commence le cycle Un Médecin de campagne.
- 1917 : Il poursuit le cycle Un Médecin de campagne. En mars, il obtient une chambre au palais Schönborn. En juillet, il se fiance une seconde fois à Felice Bauer. C’est en septembre que se déclare sa tuberculose. Kafka rejoint sa sœur Ottla à Zürau. En décembre, nouvelle rupture des fiançailles. De l’automne au printemps 1918, il travaille à des Aphorismes.
- 1918 : Kafka est à Zürau, puis il passe l’été à Prague. A partir de novembre il est à Schelesen. Il rencontre Julie Wohryzek.
- 1919 : Retour à Prague au printemps. Parution de La Colonie pénitentiaire. Il se fiance à Julie Wohryzek. En novembre, à Schelesen, il rédige sa Lettre au Père.
- 1920 : Il se trouve à Merano à partir d’avril. Il correspond avec Milena Jesenska. Il se rend à Vienne. Rupture de ses fiançailles avec Julie Wohryzek. Parution de Un médecin de campagne. Il passe l’été et l’automne à Prague. Il y écrit de nombreux récits dont Poséidon, Nocturne, Du Problème des lois et La Toupie.
- 1921 : Premier Chagrin.
- 1922 : De février à septembre, il écrit Le Château. Au printemps, Un champion de jeûne. En été, Recherches d’un chien.
- 1923 : Il est à Prague, puis à sur la Baltique, à Müritz, en juillet. Il rencontre Dora Diamant. Il se rend à Berlin à partir de septembre. En octobre, il écrit Une petite Femme et, en hiver, Le Terrier.
- 1924 : Il est à Berlin. Puis se rend à Prague en mars où il écrit Joséphine la Cantatrice. Il quitte Prague au début d’avril. Il se retrouve au sanatorium de Kierling avec Dora Diamant et Robert Klopstok. Il y meurt le 3 juin. Il est enterré à Prague le 11 juin.
(D’après Klaus Wagenbach : Kafka par lui-même)
2. ÉLÉMENTS POUR UNE BIOGRAPHIE DE KAFKA
Si l’on devait, d’un mot, définir Kafka, le mot « solitaire « – ou « exilé » – conviendrait le mieux. N’a-t-il pas écrit, comme le dit Claude-Edmonde Magny, « sous différentes formes, le roman de la solitude humaine » (Cf. les figures de l’accusé dans Le Procès, du sans-travail dans Le Château et de l’étranger dans Amerika.) ?
2.1. Le milieu familial
Origine et héritage spirituel
Kafka naît à Prague dans un milieu hétérogène, à la fois Juif, Tchèque et Allemand. Sa langue maternelle est le tchèque mais l’ambition – éclairée – de son père lui fait apprendre l’allemand et fréquenter une école allemande car cette langue est celle de la minorité praguoise qui occupe les plus hauts postes. L’enfant, puis l’homme éprouve beaucoup de mal à écrire dans cette langue qui n’est pas la sienne. Cela expliquera, par ailleurs, certaines originalités linguistiques de Kafka. Peut-être cette situation a-t-elle contribué à accroître son sentiment de solitude en établissant entre lui et le monde une distance semblable à celle qu’elle imposait entre lui et sa mère. Il confie dans son Journal que « Peut-être la langue allemande est-elle ce qui l’a empêché d’aimer sa mère autant qu’elle le méritait et qu’il l’aurait pu à cause de ce que le mot « mutter » garde de froideur chrétienne, et parce que ce mot lui rendait sa mère non seulement comique, tant ce vocable lui convenait mal, mais encore étrangère. »
Juif, il ne parvient pas à « attraper au vol le dernier pan du manteau de prière juif comme les sionistes. » ; il demeure même indifférent aux chants psalmodiés. A maintes reprises, il essaiera de se forger des liens qui témoignent de son appartenance à un milieu précis : le voici qui s’initie – notamment en 1911 – à la civilisation hébraïque, qui suit assidûment les représentations d’une troupe juive, qui lit la littérature juive, et qui, beaucoup plus tard, commence à apprendre l’hébreu. Cependant, c’est bien à son origine juive qu’il semble devoir l’essentiel de son héritage spirituel, c’est-à-dire le goût traditionnel d’une réflexion très aiguë, des discussions de type talmudique (Cf. La Parabole devant la Loi in Le Procès [2]), le sens de la parole mythique (qui donnera sa forme à son œuvre), le sens du péché originel, de la culpabilité, du désespoir que suscite le cruel dieu d’Abraham ou de Moïse (qui fourniront à son œuvre le thème central de la responsabilité, de la culpabilité et de l’impossibilité de communiquer avec le divin.) Max Brod confie à propos du talmudisme de Kafka, « que cette démarche intellectuelle était préformée en lui ; il ne connut le Talmud que plus tard. » C’est donc au niveau des prédispositions – disons « semi héréditaires » - et d’une sorte de culture par osmose, par imprégnation inconsciente par le milieu) qu’il faut chercher ce que l’ascendance juive de Kafka lui a apporté. Il semble que l’influence de la lignée maternelle l’ait totalement emporté sur celle du père. Kafka a hérité de ses ancêtres son originalité : rabbins ou médecins érudits, ils étaient tous des originaux, soit des misogynes, soit des ascètes, voire des mystiques.
Mais il est des influences plus évidentes encore qui ont profondément marqué la personnalité de Kafka et son œuvre.
Les relations entre le père et le fils
En novembre 1919, Kafka écrit une Lettre à son père qu’il ne lui fera jamais parvenir. Cette lettre, véritable petit livre, pourrait s’intituler « l’histoire d’un conflit ». Qui est ce père dont Franz écrit (à trente six ans !) : « C’est de toi qu’il était question dans mes œuvres, je ne faisais qu’y laisser libre cours aux plaintes que je pouvais épancher sur ta poitrine. C’était, volontairement traîné en longueur, un congé que je prenais de toi… La conscience de ma valeur dépendait beaucoup plus de toi que de n’importe qui au monde. » Le père de Kafka est une force de la nature. Physiquement, il apparaît robuste, plein de santé, d’appétit ; sa voix tonne ; il est sanguin. Moralement, il est réaliste, entreprenant, sûr de lui. Il connaît les hommes ; il sait forcer le succès avec la sûreté même de l’instinct. Il ne se reconnaît pas en ce fils timoré qui bégaie devant lui ou, pis, demeure coi : « Devant toi, je ne pouvais ni penser ni parler. », écrit Franz dans la Lettre. Jamais ces deux êtres ne pourront communiquer. Même si l’on tient compte de la déformation que le souvenir et les conflits ultérieurs - particulièrement aigus au moment de la rédaction de cette lettre – imposent à la vérité, il est certain que l’enfant, à demi terrorisé par son père, privé du refuge maternel (sa mère est trop absorbée par son travail pour s’occuper de lui) éprouve un sentiment complexe d’infériorité (il se sent tellement faible, hésitant, insignifiant, face à ce père si sûr de lui), de culpabilité (puisqu’il ne répond pas à ce que son père attend de lui et qu’il est tout le contraire de cet enfant fort, résolu et plein d’assurance qui donnerait satisfaction à ses parents). Un sentiment d’insécurité en résulte, que la sensibilité enfantine amplifie démesurément : « Tout était si précaire pour moi que je ne possédais effectivement que ce que j’avais déjà dans les mains ou dans la bouche, ou ce qui, du moins, était en chemin d’y parvenir. » (p.24) C’est donc encore, d’une certaine manière, sous le signe de la solitude que Kafka vécut son enfance.
Il faut toutefois se rendre compte que si les problèmes de Kafka, qui sont aussi ceux de nombreux enfants et adolescents, ont eu en lui un tel retentissement, c’est qu’ils trouvaient un terrain particulièrement favorable. Kafka nous apparaît, en effet, à travers les souvenirs de ses amis, de ses œuvres et de son Journal, comme une nature délicate et hypersensible, comme un être scrupuleux à l’extrême et un introverti. C’est un sensitif qui attend toujours des autres, et d’abord de sa famille, l’approbation, la compréhension et la confiance qui confirmeront sa valeur et soutiendront son courage. Il n’est, pour s’en persuader, que de constater son émotion, démesurée, devant un geste d’attention, tout naturel, de son père : « Lorsque, pendant ma dernière maladie, tu venais sans bruit dans ma chambre, tu ne passais pas le seuil, tu avançais la tête pour me voir dans mon lit, et, par délicatesse, ne me saluais que de la main. A de tels moments, on pouvait se jeter à terre et pleurer de bonheur, et j’en pleure encore en l’écrivant. » L’emprise du père, déjà inquiétante, mais encore « normale », dans l’enfance nous paraît plus difficile à expliquer par la suite. Max Brod en voit la raison dans le fait que Kafka surestimait son père. Son amour pour lui s’accroissait de l’impossibilité où il était d’atteindre son objet, de la nécessité qu’il avait d’être refoulé et de la haine – coupable – qui semble inséparable de tout amour excessif. Max Brod évoque également d’une possible identification du père à Dieu, à l’envers de la classique identification de Dieu au père. La psychanalyse nous offre ses interprétations : il est entendu de parler de complexe d’Œdipe (refoulement d’une haine pour le père et d’une inclination érotique pour la mère compensée, dans le cas de Kafka, par un amour excessif du père.) En définitive, Kafka a souffert de cet excès de sensibilité et de lucidité qui est, le plus souvent, le lot des natures artistes. D’autre part, personne, dans sa famille, rien, dans sa vie, n’a su atténuer et lui rendre supportables les conséquence, dans la vie quotidienne, de cette nature particulière. Avec Max Brod, nous pouvons penser que son infantilisme « n’est pas une faiblesse, il n’est qu’un effort plus consciencieux et plus sérieux pour saisir les fatales constellations qui forment la trame de cette existence où nous sommes plongés, isolés les uns des autres, la méfiance dans l’âme, chacun implorant secrètement en son cœur qu’on le croit, même s’il ne peut faire ses preuves. » (p.62)
2.2. Le milieu scolaire et universitaire
Le milieu scolaire apparaît au jeune Kafka tout aussi inquiétant que l’univers « paternel ». Les personnes, pleines de prestige et de pouvoir, qui évoluent dans le milieu scolaire semblent tout naturellement au jeune Kafka comme autant de substituts de l’autorité paternelle.
Par ailleurs tout semble contribuer à le terroriser, jusqu’à cette cuisinière peu intuitive, presque… sadique, qui le conduit à l’école. « Chaque matin, c’était la même scène, elle a dû se répéter un an. En sortant de la maison, la cuisinière disait qu’elle raconterait au maître combien j’étais affreux chez nous. Je ne devais pas être bien polisson, mais enfin entêté, vilain, maussade, méchant, et le maître en eût certainement composé quelque chose d’assez bien. Je le savais et je ne prenais pas la menace à la légère (…) Au début du trajet je croyais que le chemin était très long (…) A la hauteur de la ruelle de la boucherie (…) la peur prenait le dessus. L’école était déjà un objet de terreur et voilà que la cuisinière voulait en faire un objet d’épouvante. » Suit une longue description du manège – Franz suppliant la cuisinière imperturbable, impitoyable : « Elle me traînait en me disant qu’elle ajouterait encore tout cela à son rapport. Je ne cessais de me demander : « Le dira-t-elle ? Ne le dira-t-elle pas ? Non, elle ne le disait pas ; jamais (1), mais elle pouvait toujours le dire, et le pouvait même de plus en plus selon l’apparence (…) et elle ne disait jamais qu’elle y renonçât. » (Lettre à Milena)
Au lycée, la même crainte persiste : « J’étais toujours convaincu… que plus j’avais de succès, et plus l’issue serait finalement désastreuse. Je voyais souvent en pensée (1) la terrible assemblée des professeurs (…) que je réunirais (…) pour examiner ce cas unique, révoltant, et découvrir comment j’avais pu, moi, le plus incapable et en tout cas le plus ignorant de tous, arriver jusqu’à pareille hauteur, jusqu’à cette classe qui (…) allait naturellement me vomir aussitôt, au milieu de l’allégresse de tous les justes délivrés de ce cauchemar. » (page 39, Kafka par lui-même)
Les sentiments de peur, d’insécurité et de culpabilité sont élargis à tout ce qui entoure Kafka. Le vocabulaire qu’il emploie (leur « rapport », les « justes »), tout comme les thèmes, sont déjà ceux du Procès.
Il est intéressant de noter que, dès l’enfance et l’adolescence, Kafka semble cultiver ses impressions. C’est volontairement – dans une certaine mesure que lui-même ne détermine pas – qu’il macère dans le remords, la souffrance, la crainte ou, tout simplement, l’insatisfaction.
En effet, ne dit-il pas, à propos de ses rapports avec la cuisinière : « Et plus je suppliais, plus me semblait précieux l’objet de ma supplication, plus grand le péril. » ? Kafka réagit ici comme un enfant qui sent son chagrin s’accroître de la violence de ses pleurs et qui se délecte de cette amplification.
Moins innocente, moins naturelle est, plus tard, l’ostentation de jeune homme, révélatrice de son masochisme : « A l’époque où j’étais satisfait, je voulus être insatisfait et je me jetai dans l’insatisfaction avec tous les moyens que mon époque et la tradition me rendaient accessibles. Je fus donc constamment insatisfait, et insatisfait même de mon insatisfaction. Comme il est étrange qu’en la pratiquant assez systématiquement, toute comédie puisse devenir réalité. Mon déclin spirituel a commencé par un jeu puéril mais conscient. Je m’exerçais, par exemple, à faire tressaillir artificiellement les muscles de mon visage (…) jeu puéril et répugnant, mais couronné de succès. » (Journal, p.538)
Obéissant à quelles obscures et sournoises régions de l’esprit Kafka va-t-il édifier sa vie pour en faire cette somme révélatrice ? D’aucuns pourraient voir dans ces complexes d’infériorité et de culpabilité, plus ou moins consciemment cultivés, voire dans ce masochisme latent, la compensation d’un complexe de supériorité. Une analyse plus précise de certains passages du Journal permettrait de se faire une opinion fondée.
Le Droit : signification de son choix
Lorsque, en 1907, il entre à l’université, Kafka, après avoir brièvement tâté des études de Chimie et de Lettres pendant six mois, se consacre au Droit. Comment cet esprit original, si doué et exclusivement attiré par la création littéraire, va-t-il se contenter de remâcher cette sciure de bois que, pour comble, des milliers de bouches avaient déjà mâchée pour lui. » (Préparatifs de Noces à la campagne, p.195) Ce faisant, il s’acquitte d’une dette envers ses parents : le Droit qui « mène à tout » lui permettra d’acquérir un métier rentable et sûr. En outre, comme il l’avoue, Kafka respecte trop la littérature pour faire un métier hybride comme le journalisme ou pour faire des études de Lettres. Enfin, l’on peut se demander si ce choix ne témoigne pas, lui aussi, d’un certain masochisme procédant directement du sentiment de culpabilité qu’éprouve l’auteur du Procès.
La vie extra-universitaire. Les amitiés
Nous choisissons les événements les plus marquants qui composent la vie de Kafka pendant cette période de découvertes.
Sous l’influence d’un ami, Oscar Pollak, « Kafka, élève de classe terminale, s’était abonné à la revue Kunstwart, dont Nietzsche était l’un des fondateurs (…) Son éditeur, F. Avenariu, s’était fait l’âpre défenseur de ce qu’il appelait « la spontanéité de l’innocence » et dont nature et folklore étaient obligatoirement les sources exclusives. » (Klaus Wagenbach) Le style « glissa rapidement au panégyrique de l’âme germanique » et authenticité devint bientôt synonyme de puérilité. Quant aux « profondeurs », elles devaient aux caractères gras de ne pas passer inaperçues – étrange culte du mot, revêtant d’archaïsmes les clichés les plus conventionnels et culminant dans de superbes envolées telles que : « Ah ! Tout reverdir de par le monde ! » C’est par le côté irrationnel de cette poésie « naturelle » que Kafka fut séduit (…) pendant des années, retardant d’autant l’éclosion de son propre génie. » Kafka retourne à la littérature traditionnelle en 1908.
Il subit l’influence profonde de la philosophie de Franz Brentano, laquelle renforce ses incertitudes et son goût pour l’autocritique. D’autre part, il apprend à connaître la société et, ainsi que le dit Klaus Wagenbach : « Les Allemands de Prague, précurseurs de nos modernes déracinés, fournissaient à Kafka un thème fondamental. » Ils lui fournissaient, en outre, un outil linguistique particulier : « L’allemand parlé dans l’ilôt de Prague différait profondément du haut allemand, non seulement par sa prononciation, mais par sa structure et sa morphologie. » (Wagenbach) C’est à cet état de fait que Kafka doit la simplicité de sa syntaxe, son purisme et la clarté de son expression.
Pendant ces années d’étude, Kafka découvre aussi le réel, en face duquel il est saisi d’étonnement et d’étrangeté. Il ne peut l’apprivoiser, comme tant d’autres le font, au moyen de clichés récupérateurs qui le déguiseraient. Il le découvre sans cesse directement ; il le voit nu et impossible à étreindre, radicalement étranger. N’écrira-t-il pas, quelques années plus tard, : « Tout n’est qu’imagination, encore, de près ou de loin, la femme ; mais la réalité la plus proche est seulement ceci, que tu te heurtes la tête contre le mur d’une cellule sans portes ni fenêtres. »
Kafka vu par Max Brod
En 1902, Kafka fit la connaissance de Max Brod. Une amitié de toujours naît entre eux, qui s’épanouira surtout à partir de 1907-1908. La vie les séparera parfois, mais toujours ils se retrouveront. Grâce à Max Brod et à son livre Franz Kafka, nous connaissons mieux l’auteur du Procès. Sportif, calme d’apparence, très franc et scrupuleux, manifestant un très grand sens du respect et, en même temps, de la hiérarchie humaine ; modeste ayant le goût du détail – que l’on retrouve dans son œuvre à travers ses descriptions -, tel il apparaît à tous ses amis. Qui le connaît bien découvre son émotivité qui confine à la sensiblerie ; son pessimisme profond que n’entame pas sa joie pure devant ce qui est sain ; sa désespérance contrebalancée par sa volonté de construire et son humour. C’est ainsi que pour parler de sa maladie, il dira : « mon poumon a comploté avec mon cerveau (derrière) dans mon dos ! »
« Le cœur triste et l’esprit gai », tel qu’il se définit lui-même. « Il ne prononçait jamais une parole insignifiante, nous dit Max Brod, mais c’était sans aucune recherche, en toute simplicité, que Kafka atteignait, d’emblée, à une densité sans défaillance de sa pensée (qui) ne souffrait pas de lacunes. »
Il semble qu’un charme particulier s’attachait à ses actes. Cet « esprit infiniment riche (…) ne s’abandonnait jamais à la paresse ni à la convention. » Max Brod en donne pour preuve les originaux billets d’excuses que lui envoyait son ami pour un rendez-vous manqué ou à remettre. Si les relations des deux amis s’espaceront quelque peu – songeons que pendant un certain temps ils se voyaient deux ou trois fois par jour ! – leur amitié demeurera jusqu’au dernier jour : seuls la vie et les obligations que comportaient leurs activités respectives, les éloigneront momentanément l’un de l’autre.
2.3. La vie active. Le métier
Le 18 juin 1906, kafka est promu docteur en Droit. A partir d’octobre 1907, il effectue un stage aux « Assicurazioni Generali ». En juillet 1908, il entre aux « Assurances ouvrières contre les Accidents » où il demeurera jusqu’à la fin de ses jours.
Une expérience sociale qui marquera l’œuvre
Kafka apprend à connaître la lenteur, la stagnation, le lent étouffement de la bureaucratie. Il en découvre les exigences, la rigidité de sa hiérarchie, son manque d’humanité et son injustice, même envers les êtres les plus défavorisés. Face à la misère que lui révèlent les dossiers des ouvriers accidentés au travail, Kafka sent se développer en lui, toujours plus aigu, le sens de la solidarité avec les êtres humains. Parallèlement, la révolte naît, d’une part devant la condition humaine, d’autre part devant le manque d’énergie et la résignation des hommes. Parlant des ouvriers mutilés, il confie un jour à Max Brod : « Comme ces gens-là sont humbles. Ils viennent nous solliciter. Au lieu de prendre la maison d’assaut et de tout mettre à sac, ils viennent nous solliciter. » L’horreur est là, quotidiennement présente, simple et nue, et le pouvoir de « dédramatisation » qu’offrirait sa mise en forme littéraire et sa stylisation artistique ne suffit pas à bannir toute émotion en lui, ainsi que le montre l’exemple suivant : « Sanglote en lisant le compte rendu du procès de Marie Abraham, âgée de vingt-trois ans, qui, souffrant de la misère et de la faim, étrangla son enfant de près de neuf mois avec une cravate qui lui servait de jarretière et qu’elle dénoua – schéma d’une histoire. » En fait, Kafka dépasse l’émotion par l’action. Le voici qui propose des solutions pratiques destinées à diminuer le nombre des accidents du travail, sans se faire d’illusions, toutefois, sur l’efficacité de son action. Il n’échappe pas aux tentations de l’utopie, témoin cette ébauche de réforme, ce plan d’une collectivité « Communauté ouvrière de non possédants » dont Max Brod donne le détail dans son livre sur Kafka. L’utopie n’est pas dans la nature du projet ni dans son contenu, mais dans le caractère inachevé, sans lendemain, de ce projet. Toutefois, il faut se garder de juger de la valeur de l’action sociale de Kafka. Max Brod ne découvrait-il pas, après sa mort, que Franz assistait, silencieux, aux réunions du mouvement tchèque anarchiste et révolutionnaire Mladyche, prônant un socialisme à tendance antimilitariste ? Si Kafka n’a pas milité dans une organisation politique propre à répondre à ses préoccupations d’ordre social, à son souci de procurer aux hommes un mieux être, il livre dans son œuvre un combat déterminant dont la valeur (extra littéraire) n’est pas à démontrer. Le Procès [3] n’offre-t-il pas, par antithèse, l’image « en creux » d’une société idéale débarrassée du poids de la bureaucratie, de toutes formes d’oppression et d’injustice et dans laquelle l’homme ne serait plus seul mais obtiendrait des réponses à ses questions essentielles ? Cette plongée dans la vie active, si elle va nourrir l’œuvre, ne procure à Kafka que de faibles avantages par rapport aux inconvénients qu’elle suscite chez lui.
Le conflit entre le métier et l’œuvre littéraire
« Mon emploi m’est intolérable parce qu’il contredit mon unique désir et mon unique vocation qui est la littérature ; que je ne peux et ne veux pas être autre chose ; mon emploi ne pourra jamais m’exalter, mais il pourra fort bien me détraquer complètement ; je ne suis pas loin de l’être. » Kafka constate « avec une grande frayeur que tout est prêt (en lui) pour l’œuvre poétique » et « se donner à cette œuvre serait une délivrance céleste, une véritable résurrection à la vie, alors qu’ici, au bureau, il faut, pour une misérable pièce, dérober une part de sa chair à un corps capable d’un pareil bonheur. »
Ces lignes donnent une idée de la gravité du conflit qui oppose la vocation littéraire aux exigences de la famille de Kafka. Jamais cet être de génie ne sera délivré. Son père aurait pu lui donner les moyens matériels d’échapper à l’esclavage – son refus de le faire oblige Franz à refouler, dans une certaine mesure, sa vocation : « Et plutôt éclater mille fois que de le refouler ou l’ensevelir en moi – car c’est pour cela que je suis ici. Là-dessus, je n’ai pas le moindre doute. », écrit-il le 21 juin 1912. Ce conflit se retrouve dans Le Procès [4] dont le personnage, Joseph K,,. est assailli de toute part par un travail qui le détourne de ses préoccupations essentielles.
A cette époque, Kafka, pour ne pas sombrer, s’obligeait déjà à tenir un journal qui témoigne du désir de respecter cet engagement envers lui-même : « Il s’agit seulement, aussi longtemps que cela durera, de tenir la tête assez haut pour ne pas me noyer (…) Combien ce sera difficile, quelles forces cela me demandera, cela se montre bien assez par le fait que je n’ai pas observé aujourd’hui mon nouvel emploi du temps (être à ma table de travail de huit heures à onze heures du soir) que, même en ce moment, je ne considère pas cela comme un si grand malheur et que je n’ai écrit quelques lignes hâtives que pour pouvoir aller au lit. » (VI, p.21 – 16 décembre 1910) Malgré cette résistance à l’enlisement dans la vie quotidienne, Kafka est bien près de s’abandonner lorsque sa famille tente de lui imposer un travail supplémentaire dans une fabrique qui leur fournit des revenus. Il connaît la tentation du suicide, mais il la repousse. Il confie sa détresse à Max Brod qui avertit alors Mme Kafka ; cette dernière, par tendresse maternelle, arrange la situation. Il n’empêche que le travail de Kafka lui pèsera toujours, mais il ne connaîtra plus jamais, semble-t-il, pareille crise. Il faut noter que Kafka avait eu la chance, relative, de réaliser un rêve cher qu’il avait en commun avec son ami Max Brod : trouver un travail qui lui permette de disposer de longues heures de loisir – Les Assurances ouvrières, le libérant à quatorze heures, répondent à ce désir. Sans doute ces conditions de travail particulières permirent-elles à Kafka de supporter plus facilement une vie aussi prosaïque. Ainsi rassuré, il commence à écrire.
Kafka et la création littéraire
1912 est pour lui une année fertile. Il rassemble les poèmes en prose qui composeront les Betrachtung (parution en décembre). Il écrit les premières ébauches de ce qui constituera son roman L’Amérique ou le disparu. Mais 1912 est, d’abord, l’année au cours de laquelle, une nuit de septembre, il écrit Le Verdict, cette brève nouvelle qui trouve immédiatement sa forme définitive. Il note dans son Journal « Cette tension et cette joie effrayante de voir l’histoire se dérouler devant (lui), sa fierté d’avoir été capable d’un tel effort, d’avoir réussi à exprimer l’inexprimé ou l’inexprimable. » La joie et la fierté de Kafka sont fondées : il sait, dès lors, qu’il a trouvé la forme d’expression qui lui convient, ce que l’on pourrait appeler avec Claude-Edmonde Magny « l’écriture objective de l’absurde. » En effet, si l’on trouve déjà dans les Betrachtung les thèmes kafkaïens présents dans les grandes œuvres, ce qui différencie ces écrits du Verdict, c’est le passage d’un type d’expression proche d’un lyrisme expressionniste – un peu à la manière du Rilke des Carnets de Malte – à un nouveau type d’expression que nous pourrions appeler « objectif » ou, mieux, « mythique ». Kafka peint de façon objective, par une description quasi clinique des faits, des situations et des êtres qui ont une valeur symbolique parce que le monde nous offre de vivantes images pour peu que nous sachions ouvrir les yeux ou ne pas les détourner. Voilà qui ne saurait étonner celui qui, comme Max Brod, connaît l’impuissance de Kafka à formuler ses idées de façon abstraire et la nécessité où il était de la concevoir par images.
Toute cette année-là, Kafka mène une vie de « manœuvre » dormant l’après-midi pour écrire la nuit.
Au cours des années suivantes, il écrira par intermittence, sans cesse tourmenté par des aspirations contraires. Voici, d’un côté, les exigences de la création littéraire, envahissantes, bouleversantes. Quand il écrit, Kafka connaît des états très proches des « états de voyance ». Il compare son activité, nous dit Max Brod, à un nouvel ésotérisme, une cabale ; il la nomme « mon seul désir, ma seule profession. » Sans cesse en apparaît dans son Journal, dans ses carnets, dans sa correspondance, la dimension « religieuse ». « Ecrire est une forme de la prière. » et « J’ai un mandat. », écrit-il. Tout concorde à révéler cette valeur de l’art : « Notre art consiste dans l’aveuglement par la vérité. Hormis la lumière dont s’éclaire dans sa fuite la mascarade des figures, il n’est rien de vrai. » Ainsi que le résume Max Brod, pour Kafka l’art est le reflet de la connaissance religieuse : « L’Art accouche les forces latentes et les prépare à s’accomplir selon leur nature. Etant l’épanouissement des forces créatrices octroyées par Dieu, il est égal aux autres tâches constructives dont s’acquittent les hommes. » La religion de Kafka est « une religion de la vie remplie, du travail juste qui mène la vie à un accomplissement plein de bon sens et à l’insertion dans la communauté du peuple et des hommes. »
Or, dangereusement entraîné vers la solitude par les exigences de son art, Kafka éprouve le besoin de réagir et de mener une vie normale aussi pleine sur le plan affectif que sur le plan artistique. Jamais il ne résignera vraiment à renoncer pour son art à toutes les autres possibilités d’épanouissement que propose la vie. Se voue à la souffrance l’artiste qui écrit ; « se marier, fonder une famille, accepter tous les enfants qui arrivent, les soutenir dans le monde incertain et même les guider un peu, c’est, j’en suis persuadé, la tâche la plus élevée qui puisse réussir à un homme. » Et souffrira encore plus l’artiste qui, comme Kafka, se sait incapable – physiquement même – de fournir l’énergie nécessaire pour faire face à toutes les obligations de la vie.
Voilà qui nous permet déjà d’entrevoir l’explication de l’attitude de l’auteur du Procès.
Kafka et le mariage
Contrairement à un Baudelaire ou à un Vigny qui cultivaient jalousement leur « différence » (et la souffrance qui en naissait), Kafka a toujours désiré être et faire comme les autres. Une part de lui-même l’y poussait et, s’il ne dédaignait pas les jolies filles, il recherchait avant tout la perfection dans l’amour, perfection qui n’aurait su, pour lui, s’accomplir hors du mariage.
Seul le mariage pouvait lui permettre d’atteindre à la vraie vie, de fonder une famille où seraient perpétuées les valeurs patriarcales dont son père était la vivante incarnation. Ainsi aurait-il pu ressembler un peu, sinon s’égaler à cette image idéale. Mais les impératifs de la création littéraire étaient difficilement conciliables avec les responsabilités d’un foyer, avec l’indispensable et féconde solitude. Quels curieux documents que ces « tableaux » où Kafka fait la liste des « arguments pour ou contre » son mariage avec Felice Bauer et conclut en écrivant : « Malheureux que je suis, quelle détresse ! Je suis incapable de supporter seul l’assaut de ma propre vie, l’offensive du temps et de l’âge, les timides incitations à écrire, les insomnies de la folie… » (Cf. Kafka par Max Brod, p.223) Comment ne pas songer au Mauriac qui écrivait : « A la fin, comme au commencement, il faut qu’une femme nous porte. »
Face à cette peur de la solitude, à ce désir d’être soutenu, le souhait de préserver à tout prix la solitude est aussi violent. Quelle angoisse dans ces mots : « Peur de me lier, de me perdre dans un autre être. Alors je ne serais plus jamais seul. »
Le dilemme est tellement cruel pour Franz qu’il se fiancera à deux reprises (en 1914 et en 1917) avec Felice Bauer pour rompre enfin après cinq années d’atermoiements et de tortures morales. Nous le voyons tantôt préparer une lettre de rupture destinée au père de la jeune fille, tantôt s’avouer qu’il ne peut se passer d’elle. A nouveau, la tentation du suicide l’effleure.
En 1918, Kafka se fiance de nouveau avec une jeune tchèque, Julie Wohrysek : « Il en serait sorti un mariage de raison au meilleur sens du mot. » écrira-t-il plus tard. Ce mariage qui eût pu concilier amour et raison ne se fit point : à une semaine de l’union, une série de hasards (une visite médicale retardée, un appartement qui devait être libre et ne le fut pas…) l’empêchèrent de se faire. Kafka vit dans les obstacles qui surgirent comme un signe : « L’incident fut décisif ; le délai qui m’avait été imparti était écoulé ; ce qui, jusque-là n’avait signifié qu’une lointaine menace grondait à présent jour et nuit à mes oreilles… A la fin je n’en pouvais plus et il fallut bien le dire. » (Lettre à la sœur de Julie du 26.11.1919)
Deux femmes compteront encore pour lui. L’amour pour Milena Jeseski, femme de Ernst Polak, à qui il écrira de nombreuses lettres, vient trop tard et aucun des deux protagonistes ne consent à faire des concessions : Milena est très exigeante mais, malgré les demandes réitérées de Kafka, elle se refuse à quitter son mari. Ainsi l’amour prendra-t-il un autre visage que le sien, celui de Dora Diamant. Pendant les vacances de juillet 1923, Kafka rencontre, à Müritz, sur la Baltique, une jeune fille qui travaille dans une colonie de vacances. Il est séduit par le naturel de Dora, son dévouement et sa simplicité. Désormais, ils vivent ensemble et un certain bien-être adoucit les derniers mois de Kafka.
La maladie
En août 1917, Kafka ressent les premières atteintes de la tuberculose. Le rôle du psychisme dans le déclenchement de cette maladie est aujourd’hui reconnu. Kafka lui-même comprend sa maladie comme un phénomène d’origine psychique. Il la ressent comme une fuite devant le mariage, comme un prétexte destiné à lui permettre de se libérer définitivement de ces entraves que sont le bureau, la famille et aussi le désir de fonder un foyer. C’est l’époque où, pour la première fois, il prend huit mois de congé et part à Zurich (?) retrouver une sœur particulièrement chérie, Ottla. Il trouve désormais le courage de rompre – définitivement – avec Felice Bauer.
Dans l’immédiat, il semble donc bien que sa maladie réponde à ses désirs. Cependant, elle est aussi un phénomène d’auto punition procédant logiquement de son complexe de culpabilité. De même que Le Procès est riche de significations, de même, la maladie est vécue comme un symbole du « procès » qui est fait à un homme appelé Franz Kafka, et comme un symbole de cet autre procès fait à tout être humain. La maladie étouffe Franz Kafka et le condamne tout comme la société condamne le Meursault d’Albert Camus ; elle tue cet étranger qui dénonce l’injustice sous toutes ses formes et dans tous les domaines ; elle révèle la solitude de l’homme abandonné de Dieu, son incommensurabilité avec le divin ; elle assassine la créature humaine qui ose faire résonner, pour les siècles à venir, le tocsin de sa parole prophétique.
Soigné par Dora dès 1923, ainsi que par ses amis fidèles, Franz Kafka s’éteint le 3 juin 1924 après avoir demandé à Max Brod de détruire son œuvre qu’il considérait comme un échec.
3. ŒUVRES
- 1912 : Regard
- 1913 : Le Soutier
- 1913 : Le Verdict
- 1915 : La Métamorphose
- 1919 : La Colonie pénitentiaire
- 1919 : Un médecin de campagne
- 1924 : Un champion de jeûne
- 1925 : Le Procès [5]
- 1926 : Le Château
- 1927 : Le Disparu/L’Amérique
- 1931 : Le Terrier
4. OUVRAGES CITÉS
- Franz KAFKA : Lettre à son père (manuscrit 1919, 1ère édition 1952)
- Franz KAFKA : Journal (1910-1923)
- Max BROD : Franz Kafka (Gallimard, réédité en 1991)
- Claude-Edmonde MAGNY : Les sandales d’Empédocle : Essai sur les limites de la littérature (Neuchâtel, Éd. de la Baconnière, 1945)
- Klaus WAGENBACH : Kafka, les années de jeunesse (1883-1912)
Nota Bene : Concernant Franz Kafka et Le Procès lire aussi sur Libre Savoir : Le Procès de Franz Kafka [6] et L’Appareil judiciaire dans Le Procès [7]
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Illustration :
Le jeune Kafka (d'après une photographie, LS).
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